Conférence de presse du 11 avril 1961

11 avril 1961
01m 50s
Réf. 00218

Notice

Résumé :

Le 11 avril 1961, le général de Gaulle réunit les journalistes au palais de l'Elysée et fait le point sur sa politique en cours. Il évoque dans cet extrait la question du devenir de l'Algérie.

Type de média :
Date de diffusion :
12 avril 1961
Date d'événement :
11 avril 1961
Type de parole :

Éclairage

Ramené au pouvoir en juin 1958 par l'impuissance de la IVème République à résoudre la guerre d'Algérie, le général de Gaulle sait que la solution du conflit constitue une attente prioritaire pour les Français. Après avoir en vain proposé aux combattants du FLN de déposer les armes, il prend conscience que la paix en Algérie ne saurait résulter de la seule action militaire, même assortie d'un développement économique proposé par le " Plan de Constantine ". Aussi a-t-il dans son discours du 16 septembre 1959 proposé aux Algériens l'autodétermination, c'est-à-dire le droit de choisir leur destin, leur offrant trois options, la sécession, la francisation ou l'association.

Plus d'un an après le discours de septembre 1959 sur l'autodétermination, la solution de la question algérienne paraît toujours aussi lointaine. Aussi dans son allocution du 4 novembre 1960 a-t-il franchi une étape supplémentaire, en évoquant, au grand dam des partisans de l'Algérie française une " République algérienne ", laissant entendre qu'il est prêt à surmonter de possibles oppositions par le recours au référendum. De fait, consultés par référendum le 8 janvier 1961 les Français ont approuvé à 75% la politique d'autodétermination en Algérie. A la suite de quoi, le général de Gaulle a rencontré à Rambouillet le président de la République tunisienne Habib Bourguiba pour évoquer avec lui de possibles conversations avec le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA). Annoncée le 30 mars par la France et le GPRA, l'ouverture de négociations à Evian, a été annulée le lendemain par le GPRA après la déclaration de Louis Joxe, ministre d'Etat chargé des Affaires algériennes annonçant son intention de négocier non seulement avec le FLN, mais aussi avec le MNA (Mouvement national algérien) de Messali Hadj, rival du premier.

Dans cette période d'incertitude, le général de Gaulle réunit une conférence de presse à l'Elysée le 11 avril 1961 au cours de laquelle, il accorde une large place à la politique algérienne de son gouvernement, abordée dans tous ses détails. Dans le bref extrait de celle-ci retenu ici, c'est l'enjeu des négociations sur le destin futur de l'Algérie qu'il rappelle. Au cas où celle-ci choisirait une indépendance sans association avec la France, cette dernière se retirerait, laissant l'Algérie sombrer dans le chaos, la misère et le communisme. A l'inverse, la France poursuivrait son aide qui permettrait de conduire le pays vers le progrès si le choix était celui attendu par de Gaulle.

Serge Berstein

Transcription

Commentateur
Et c'est dans ce climat que le Général de Gaulle a voulu exprimer sa pensée, devant 600 journalistes venus du monde entier.
Charles de Gaulle
Dans le monde actuel et à l'époque où nous sommes, la France n'a aucun intérêt à maintenir sous sa loi et sous sa dépendance, une Algérie qui choisit un autre destin. Et la France n'aurait pas intérêt à porter à bout de bras l'existence des populations dans une Algérie qui serait devenue maîtresse d'elle-même et qui n'offrirait rien en échange de ce qu'elle aurait à demander. Alors on dit, mais ces territoires dont la France se retirerait, ils tomberont aussitôt dans la misère et le chaos, en attendant le communisme. C'est en effet, sans doute, ce qui leur arriverait, mais alors, nous n'aurions plus aucun devoir à leur égard sinon de les plaindre. Pour le moment, la France continue à ramener l'ordre public, à accomplir son oeuvre de progrès, à aider l'Algérie à devenir algérienne dans sa structure. Après quoi, si ce n'est pas en vain, le coeur et la raison de la France se porteront sans nul doute vers l'aide et vers l'amitié.