Voyage en URSS

30 juin 1966
01m 49s
Réf. 00357

Notice

Résumé :

Lors de son voyage officiel en URSS, le Président de la République française s'adresse au peuple russe dans une allocution diffusée par la radio et la télévision soviétiques.

Type de média :
Date de diffusion :
30 juin 1966
Lieux :

Éclairage

Du 20 juin au 1er juillet 1966, le général de Gaulle effectue un voyage officiel en Union soviétique. C'est pour lui une nouvelle occasion d'affirmer l'indépendance de la politique étrangère de la France et son refus de voir les Etats-Unis monopoliser les relations avec l'URSS. Il est reçu avec d'autant plus de sympathie que quelques mois plus tôt en février 1966, le Général a annoncé le retrait de toutes les forces françaises du commandement intégré de l'OTAN et exigé l'évacuation de toutes les bases étrangères placées sur le territoire français ou leur contrôle par les autorités françaises. Au cours de ce voyage, il rencontre les principaux dirigeants soviétique, est reçu au Kremlin, à l'Hôtel de ville de Moscou, à l'Université, visite Novossibirsk en Sibérie, Léningrad, Kiev, Volgograd (l'ancien Stalingrad). De retour à Moscou, il y prononce le 30 juin, veille de son départ, une allocution à la radiodiffusion et à la télévision soviétiques.

Ce discours se veut avant tout un discours d'amitié de " la France de toujours à la Russie de toujours " signifiant par là qu'au-delà des aléas de l'histoire et des différences de régime qui les opposent l'âme des peuples demeure intangible à ses yeux et que, derrière sa dénomination officielle d'URSS, la Russie reste ce qu'elle était au cours des siècles. Or le Général se plaît à rappeler que la France et la " Russie " ont une longue histoire commune marquée par une considération réciproque. Allant plus loin il dresse un parallèle (audacieux) entre la révolution française et la révolution d'octobre, les destructions subies par les deux pays lors des guerres mondiales, l'effort comparable de reconstruction et de rénovation entrepris de part et d'autre, fût-ce avec des moyens différents.

Or, affirme de Gaulle, ce passé doit être gage de l'avenir. Et il exalte au moment de son départ les résultats engrangés par cette visite, évoquant la possibilité de multiplier les échanges dans tous les domaines (allusion aux accords commerciaux, économiques techniques et scientifiques signés lors de son voyage ainsi que la création d'une commission mixte permanente pour en surveiller l'application) et une action commune en faveur de la détente et de la coopération en Europe (et de Gaulle songe évidemment à l'installation d'une ligne téléphonique directe, un " téléphone rouge " entre Paris et Moscou, analogue à celui qui existe entre Moscou et Washington et qui fait de la France un partenaire à part entière dans le dialogue avec les pays de l'Est).

Serge Berstein

Transcription

Charles de Gaulle
Dans le monde et à l'époque où nous vivons, nos deux peuples ont à faire, ensemble, beaucoup de choses de premier ordre. Or ces choses-là sont non pas du tout destructrices et menaçantes mais constructives et pacifiques. Il s'agit, tout d'abord, de faire avancer notre développement respectif en multipliant nos échanges. En effet, si la France et l'Union soviétique, chacune de son côté, ont ce qu'il leur faut pour vivre, il est clair qu'en se mettant ensemble, en s'aidant l'une l'autre, elles ont à gagner beaucoup. Nous avons aussi à mettre en oeuvre successivement la détente, l'entente et la coopération dans notre Europe toute entière afin qu'elle se donne, à elle-même, sa propre sécurité après tant de combats, de ruine et de déchirements. Il s'agit, par-là, de faire en sorte que notre ancien continent, réuni et non plus divisé, reprenne le rôle capital qui lui revient pour l'équilibre, le progrès et la paix de l'univers.