Voyage à Roanne
Notice
Discours du général de Gaulle à Roanne lors d'un voyage en province. Le Général est accueilli par une foule enthousiaste et prononce un discours en forme d'hommage à la solidarité des Français et à la grandeur de la France dans le monde. Une partie du discours est consacrée à l'Algérie. Il clôt son intervention en chantant "La Marseillaise" reprise en choeur par la foule.
- Amérique du Nord
- Europe > France > Rhône-Alpes > Loire > Roanne
- URSS
Éclairage
De février 1959 à juin 1965, le général de Gaulle réalise un gigantesque tour de France qui le conduit d'un bout à l'autre de la métropole, dans toutes les provinces, dans toutes les régions. C'est pour lui l'occasion de créer un contact direct avec les Français, de "récolter des moissons d'impressions et de précisions pratiques" sur les grandes questions de l'heure. Après le Sud-ouest, le Centre, le Berry et la Touraine, le quatrième voyage officiel se déroule dans le pays minier du Massif central, une région qui n'est pas acquise (certains maires - élus ou réélus trois mois plus tôt - ont annoncé qu'ils ne se déplaceraient pas).
Le 7 juin 1959, après avoir visité le Puy-de-Dôme, le Général arrive dans la Loire. Sortant de l'Hôtel de Ville de Roanne, de Gaulle prend la parole, entouré d'un cortège d'officiels parmi lesquels on reconnaît Pierre Lefranc, le maire centriste Paul Pillet, Pierre Chatenet (le ministre de l'Intérieur) ou Max Fléchet (le secrétaire d'État aux Affaires économiques).
Le Général, comme à son habitude, commence par remercier les Roannais pour l'accueil magnifique que la ville lui fait. Il évoque ensuite le redressement économique et social de la France, auquel son gouvernement oeuvre en métropole (tentative de stabilisation du franc, IIIe Plan intérimaire) comme en Algérie (Plan de Constantine), et qui doit permettre d'ouvrir grand les portes d'un avenir fécond et prospère. Il appelle ensuite à la nécessaire union nationale qui doit se former tout autour de lui, ("je vous vois, bonnes Françaises, bons Français, pour un instant réunis, réunis dans l'âme") et autour de sa politique algérienne (le "coup de tonnerre" de l'autodétermination ne se produira que 2 mois plus tard, en septembre). Sans cela, de Gaulle prophétise un bien sombre avenir ("des dominations extérieures viendraient s'abattre sur nous"). De la solution du conflit algérien dépend la grandeur de la France dans le monde, et tout d'abord, de son indépendance vis-à-vis des deux blocs qui s'affrontent. Dès le lendemain, 8 juin 1959, le gouvernement annoncera d'ailleurs le refus de stockage d'armes atomiques américaines sur le territoire français et l'OTAN décidera du retrait de ses chasseurs-bombardiers. Ainsi évoque-t-il l'idée d'une Europe "de l'Atlantique à l'Oural" qui condamne la politique des blocs et encourage l'émergence d'une troisième voie.
Le président rappelle ensuite la vocation naturelle de la France et de l'oeuvre humaine qu'elle est appelée à accomplir, notamment avec les pays sous-développés (quelques jours plus tôt, une loi ouvrait la voie à l'indépendance des États africains sans toutefois les obliger à quitter la Communauté). Très acclamé, le général de Gaulle quitte la tribune pour prendre un de ces étranges bains de foule avec lesquels les Français commencent à se familiariser.
Ce document, diffusé au journal télévisé du soir, donne à voir et à ressentir la communion et l'unité entre les Français et leur président : "Au total, il se produit autour de moi, d'un bout à l'autre du territoire, une éclatante démonstration du sentiment national qui [. . .] apparaît ensuite partout grâce à la télévision." (Mémoires d'Espoir - Le Renouveau).