Ouverture de la Comédie de Caen

18 mars 1969
05m 07s
Réf. 00153

Notice

Résumé :

Jo Tréhard inaugure une salle paroissiale transformée en théâtre pour accueillir la Comédie de Caen. Pour la semaine d'ouverture, plusieurs artistes de la chanson se produiront : Catherine Sauvage, Atahualpa Yupanqui, les frères Jacques, Claude Nougaro. Jo Tréhard présente ensuite la programmation théâtrale de la Comédie de Caen et ses projets à long terme.

Date de diffusion :
18 mars 1969
Source :

Éclairage

Jo Tréhard (1922-1972) arrive en 1945 dans une ville de Caen en grande partie détruite. Du théâtre il ne reste que des ruines. Il s'installe alors dans un ancien hangar de surplus américain qu'il transforme en théâtre provisoire de 620 places. Il y accueille notamment Charles Dullin avec L'Avare de Molière en 1949 et plus tard Jean Vilar et le TNP avec Le Cid de Corneille. En mai 1954, Jo Tréhard est associé à la démarche de reconstruction de l'ancien théâtre municipal. Il modifie le projet initial, et devance les futures Maisons de la Culture d'André Malraux en proposant une Maison des arts et de la culture, qui doit être un lieu polyvalent et ouvert sur la ville. Il rédige aussi plusieurs propositions architecturales. En avril 1963, le nouveau théâtre est inauguré sous le nom de Théâtre-Maison de la Culture (TMC). L'aventure dure cinq ans, avec succès, avant qu'en 1968 le nouveau maire décide de récupérer son théâtre pour en faire à nouveau un théâtre municipal, mettant fin au contrat Etat-Ville qui finançait le TMC. Jo Tréhard n'abandonne pas pour autant et investit une salle paroissiale, au 32 rue des Cordes, qu'il réaménage à nouveau en salle de théâtre de 436 places. La salle, alors nommée « 32 rue des Cordes », est encore appelée Théâtre des Cordes aujourd'hui.

Il inaugure cette salle avec un festival de chansons, et poursuit une programmation exigeante. Avec la troupe de la Comédie de Caen, il continue par ailleurs de créer des pièces, qui tournent dans la région et un peu partout en France et à l'étranger. En 1972, la Comédie de Caen obtient le statut de Centre Dramatique National et c'est Michel Dubois qui remplace Jo Tréhard, mort brutalement à l'âge de 50 ans. En 1987, le maire d'Hérouville-Saint-Clair, commune voisine de Caen, décide de construire un théâtre qu'il confie à la Comédie de Caen. La conception est confiée à l'architecte Eugène Leseney qui inclut en plus d'une grande salle, une salle modulable, un atelier de fabrication de décors et costumes, ainsi qu'un espace d'exposition confié au Centre d'Art contemporain.

En 1997, Eric Lacascade (1959-) est nommé directeur de la Comédie de Caen. Il y reste jusqu'en 2006. Depuis cette date, c'est Jean-Lambert Wild (1972-), metteur en scène, acteur et auteur qui dirige le théâtre.

Sidonie Han

Transcription

(Musique)
Journaliste
Viens voir les comédiens comme dit la chanson. Ceux de la comédie de Caen viennent de monter leurs tréteaux et ont tendu leur toile. L’instant des trois coups approche, et la bande à Tréhard met les bouchées doubles pour être prête ce soir.
(Musique)
Journaliste
C’est Jo Tréhard lui-même qui dit quels sont leurs sentiments au moment de sa première.
(Musique)
Jo Tréhard
Et c’est pour nous une grande joie d’avoir pu trouver quand même un local où nous allons pouvoir revivre et survivre jusqu’à l’édification d’un centre aussi important que celui que nous avons projeté ; et qui verra le jour hélas dans quelques deux ans. Mais, pour l’instant nous sommes là, installés en toute indépendance dans des murs un peu exigus. Nous avons modifié de fond en comble une salle paroissiale pour en faire un théâtre que bien des théâtres parisiens pourraient nous envier. Et nous offrons 436 places au public cannais, qui viendra j’en suis sûr nombreux comme il nous a suivi jusqu’alors. La première semaine de notre programmation, de notre petite programmation de 69, est une semaine basée sur la chanson, et placée sous le signe si vous voulez de l’amitié. Puisque mon ami Serge Reggiani, mon amie Catherine Sauvage, mes amis les frères Jacques, Atahualpa Yupanqui et Claude Nougaro sont venus là spontanément se mettre à notre service ; pour venir chaque soir servir en quelque sorte de fusée de lancement et nous mettre sur satellite.
Journaliste
Retenons quelques noms si vous le voulez bien. Catherine Sauvage, l'affiche est intéressante, Claude Nougaro et puis retenons aussi ce guitariste brésilien moins connu peut-être mais de très grand talent, Atahualpa Yupanqui. La sobriété de son jeu, la pureté du style en font une des valeurs authentiques de la guitare contemporaine.
(Musique)
Journaliste
C’est ce que vous appelez le petit programme 69 ?
Jo Tréhard
Oui, c’est le début du petit programme car ce n’est que la semaine d’ouverture. Puisque immédiatement après, nous ouvrons le théâtre pour six représentations de la pièce d’Alain Decaux Les Rosenberg ne doivent pas mourir que jouera Sylvia Monfort, et Bernard Rousselet dans une mise en scène de Jean-Marie Serreau. Et puis alors, en avril nous partons en tournée internationale, nous partons en Espagne avec la compagnie et…
Journaliste
Pendant les vacances de pâques alors ?
Jo Tréhard
C’est cela oui, c’est cela. Et pendant notre absence, nous aurons une expérience très importante... très importante de théâtre pour enfant. Et en mai, alors nous avons un programme très, très dense, qui va de la comédie musicale, qui se joue actuellement au théâtre de la Renaissance à Paris, le Lundi monsieur vous serez riche à Hamlet. En passant par Arc-en-ciel pour un Occident chrétien, qu’a monté Serreau, une création quasi mondiale, enfin de Depestre qui a été quand même créée à Milan, il faut le dire, mais en français création mondiale. Euh... le mime Marceau, Félix Leclair et [Sebastien de Maroto]. Et puis la venue en France de la célèbre troupe américaine de New-York, The Bread and Puppet. Et puis alors, le Hamlet que jouera le Grenier de Toulouse. Et tous ces spectacles sont joués, au moins 4, 5 ou 6 jours de suite pour permettre à un public très vaste de pouvoir venir le soir de son choix.
Journaliste
Et quels sont vos projets à plus long terme si on peut dire ?
Jo Tréhard
Alors comme vous l’avez remarqué, c’est contradictoire. On ouvre la salle de la Comédie de Caen, et la Comédie de Caen ne se produit pas. C’est évident, évidemment c’est là, quelque chose qui choque, qui nous choque nous profondément, et qui doit choquer notre public. Nous sommes centre de création on devait être là par une de nos créations. Malheureusement, nos esprits, nos énergies et disons, surtout notre argent ont été mobilisés à la modification, à la construction de ce petit théâtre. Et nous avons dû enfin reporter à la saison prochaine, nos créations maison. Mais dès la saison prochaine, alors il y aura une série de créations très importantes ; il y aura certainement un Shakespeare et deux créations alors, modernes.
Journaliste
Ce sera en quelque sorte votre second souffle !
Jo Tréhard
C’est ça, c’est ça, c'est ça, c'est ça. On attend de le perdre.