Les Boulingrin de Georges Courteline
Notice
Les premières minutes de la pièce de Courteline, filmée par André Teisseire en 1970.
Éclairage
Les Boulingrin, vaudeville en un acte, a été créé en 1898 au Théâtre du Grand-Guignol (Paris) avec notamment Ellen Andrée dans le rôle de Mme Boulingrin [1]. Des Rillettes entreprend de s'immiscer chez les Boulingrin et de vivre en parfait parasite chez eux. Mais les Boulingrin ne sont pas un couple ordinaire... et Des Rillettes devient rapidement l'objet de toutes les attentions des Boulingrin et un prétexte de chamaillerie supplémentaire jusqu'à devenir, malgré lui, l'arbitre de ces querelles domestiques.
Dans Les Boulingrin la scène de ménage, qui est un des poncifs du vaudeville et de la farce, est portée à son paroxysme par Courteline, qui touche déjà à l'étrangeté de l'absurde : très vite, on brise le mobilier de salon, les coups de revolver, les insultes et les cris fusent de toute part et le tout se clôture dans un incendie. La gradation des effets est telle que l'intérieur bourgeois prend les allures d'une maison de fous. Des Rillettes, pris dans cette violence et ce dérèglement incompréhensible du quotidien devient le double du spectateur, qui a de quoi rester pantois devant cette révolution de l'intérieur bourgeois.
Parmi les mises en scène les plus intéressantes de la pièce, notons celle de 1943, à la Comédie-Française, avec Pierre Dux et Jacques Charon en alternance ainsi que Jean Meyer et, plus récemment, celle de Jérôme Deschamps, sur une musique de Georges Aperghis, à l'Opéra-Comique, en 2010. Pour compléter cette rapide revue, signalons le film Scènes de ménage, réalisé par André Berthomieu en 1954, un montage à partir de trois pièces de Courteline (La peur des coups, La paix chez soi et Les Boulingrin), avec notamment en vedette Louis de Funès, Sophie Desmarets, Bernard Blier, François Perrier, Marthe Mercadier et Jean Richard ; et le téléfilm d'une trentaine de minutes de Paul Vecchiali (1995, collection « Les levers de rideau »), avec des acteurs de la Comédie-Française. Le document vidéo présenté ici est un bon exemple de la façon dont on filme le théâtre dans les années 1970 : décor construit, travellings, gros plans... ; on peut aussi, pour la comparaison, voir la réalisation de Jeannette Hubert, en 1974, avec Jacqueline Maillan, Jacques Charon et Claude Piéplu ou encore, pour la série « Au théâtre ce soir » du 31 août 1973, la réalisation de Georges Folgoas réunissant Jean Richard et Jean Meyer.
[1] Ellen Andrée, une figure féminine important du début du XXe siècle, qui a notamment été modèle pour les impressionnistes (Degas, Renoir, Manet), mime aux Folies Bergères, et comédienne chez Guitry. Elle a joué dans deux autres pièces de Courteline : Les Gaietés de l'escadron en 1899 et Le Commissaire est bon enfant, en 1900, au Théâtre Antoine.