Le 26, un sketch de Georges Courteline
Notice
La promotion 1973 du Conservatoire d'Art Dramatique donne une soirée à l'occasion de la réouverture de la salle en proposant des séries de saynètes. L'extrait présente ici Daniel Russo et Jérôme Deschamps dans une courte pièce de Courteline.
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Éclairage
Courteline est passé maître dans les courtes pièces et contrairement aux vaudevillistes tels que Feydeau ou Labiche, il met volontiers en scène non pas des bourgeois, mais des quidams et des situations du quotidien et s'amuse à tirer parti des ambigüités du langage de tous les jours. La saynète Le 26, interprétée par Deschamps et Russo montre bien que Courteline travaille sur un principe comique d'une grande simplicité mais cependant d'une grande efficacité : omission de l'information, répétition des questions, difficile accouchement de la parole, reprises et variations, parenthèses pour retarder la solution. Cette phrase de Courteline, extraite de La Philosophie, un recueil de maximes, illustre assez bien le duel verbal dans lequel sont pris les deux protagonistes : « Il est indispensable, dans toute discussion, de se placer au point de vue où se place l'adversaire ; il faut le battre avec ses propres armes, sur son propre terrain, chez lui ! Ainsi seulement (et encore !...) on approchera (et pas beaucoup !...) de ce qu'on est convenu d'appeler un petit rien du tout de tantinet de vague commencement de vérité. » [1]
Sous couvert de minimalisme, il y a pourtant beaucoup de spiritualité dans cette saynète du 26 et autour de cette conversation de comptoir : le bon sens et le pragmatisme linguistique qui ressortent du dialogue en deviennent déroutants et font déjà penser, bien avant l'heure, au théâtre d'Ionesco, par exemple, où le défaut de communication fait pencher la situation dramatique vers l'absurde.
[1] Courteline, La Philosophie, Flammarion, 1922, p. 12.