Le Conservatoire National des Arts du Cirque et du Mime
Notice
Sur des extraits du spectacle du Cirque à l'ancienne, entretiens d'Alexis Gruss et de Sylvia Monfort qui s'expriment sur l'importance du cirque et de l'école dans le cadre de la reconnaissance du cirque par le Ministère de la Culture et de la Communication. Exposition du Musée en Herbe consacrée au cirque.
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Éclairage
Le Conservatoire National des Arts du Cirque et du Mime est né de la rencontre, autour d'un projet commun, de Sylvia Monfort et d'Alexis Grüss Junior, en 1974.
En 1972, la comédienne S. Monfort ouvre un centre culturel, dans le Marais à Paris, Le Carré Thorigny, qui programme du théâtre (contemporain et classique), de la musique, de la danse. En 1973, pour commémorer le deux centième anniversaire de l'installation de Philippe Astley à Paris, S. Monfort organise une exposition sur le cirque et projette Le Cirque de Calder (film de Carlos Vilardebo, 1961). Elle y associe la programmation d'un spectacle : un cirque familial français, encore en activité. Le Cirque Gruss qui revient de tournée endetté, est invité à planter son chapiteau dans la cour de l'Hôtel Salé (Musée Picasso, depuis 1985) situé à proximité du Carré. Il devient Le Cirque à l'ancienne, pour renouer avec la forme initiée à la fin du XVIIIe siècle, essentiellement équestre. Cette initiative a certainement contribué à la reconnaissance du cirque, jugé encore comme un art mineur et sans avenir.
Le Carré emménage à la Gaîté-Lyrique, se dote d'une salle de travail pour les arts du cirque et s'adjoint un chapiteau. L'école regroupe trois disciplines, la danse, le mime et le cirque. A. Grüss est Directeur général de l'école (jusqu'en 1984) et responsable des enseignements relatifs au cirque ; les autres sections sont respectivement confiées à Christiane Casanova et Gérard Lebreton. Le centre ouvre ses portes le 15 octobre 1974 (obtient l'agrément du Secrétariat d'Etat à la Jeunesse et aux sports, en 1977). L'école répond à un réel besoin ; en effet, suite au marasme qui touche le secteur, le nombre de grandes enseignes a diminué et de moins en moins d'artistes français y sont présentés. Il devient essentiel de former de nouvelles générations. L'affluence des gadjé, aux portes de l'école, témoigne, au-delà de l'attrait du genre spectaculaire, d'un intérêt pour les techniques de cirque qui permettent une exploration des limites du corps, pas nécessairement en liaison avec un projet professionnel. Ainsi de la « secrétaire ministérielle au professeur de dessin, une seule passion les unissait : le cirque. Mais, s'il y eut beaucoup d'appelés, il y a aujourd'hui peu d'élus. » [1]. En effet, pour Alexis Grüss, il ne s'agissait pas d'ouvrir une "école de loisirs". Il décrit ainsi son programme :
« Nous prenons les élèves de toutes les nationalités [nombre d'étrangers limité à 30% de l'effectif total] à partir de 16 ans pour les former à temps complet. L'enseignement se fait en deux ans : la première année est une année de préparation, où les élèves reçoivent une formation fondée sur l'acrobatie au sol (4 heures par semaine) et la danse classique (6 heures). Ensuite viennent les cours de spécialisation : trapèze volant, trapèze Washington, jeux icariens, bambou aérien... [...] Quand, au terme de ses études, un élève est en mesure d'exécuter un numéro, je le lui monte. » [2].
Dès 1979, des numéros exécutés exclusivement par des élèves sont à l'affiche. « Avec ces numéros là, après une saison ici, ils pourront partir dans n'importe quel cirque », Ainsi, formation et expérience professionnelle se réalisent lors de l'intégration des élèves au spectacle, en tant que garçons de piste ou d'ouvreuses, en participant à la parade ou présentant un numéro. Pour A. Grüss, cette étape fait partie intégrante de la formation puisqu'ils apprennent aussi « en nous regardant travailler » [3].
Cette école ferme ses portes en juillet 1986.
[1] Jean-Charles Duquesne, « Le cirque, ça se vit, le cirque ça s'apprend », Paris, Télérama, 2 octobre 1976, p. 20-21.
[2] Alexis Grüss est cité dans « Le cirque sera poétique ou ne sera pas... », dans « Cirque », Culture et Communication, n°13, 1979, p. 30.
[3] Alexis Grüss et Joëlle Chabert, Rêver les yeux ouverts, Paris, Desclée de Brouwer, 2002, p. 84.