Le cirque à l'ancienne selon Alexis Gruss
Notice
Le Cirque à l'ancienne, lors de sa première tournée présente à Toulon un spectacle, essentiellement équestre. Parmi des extraits notons le numéro de La Poste réalisé par Martine Gruss. Alexis Gruss interviewé précise quelques points de son engagement en tant que directeur de troupe.
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Éclairage
Depuis plusieurs générations, la famille Gruss se distingue dans le domaine équestre, dans leur pratique des arts forains ou du cirque. Notons entre autres, qu'en 1949, Alexis Gruss Senior et Louis Jeannet, associés pour constituer le Grand Cirque de France, sont choisis par Jean Coupan et Louis Merlin pour fournir l'ossature du Radio-Circus ; en 1967, ils présentent le Circorama d'Achille Zavatta ; en 1972, ils accueillent « La Piste d'or » de Roger Lanzac [1].
La rencontre, en 1974, avec la comédienne Sylvia Monfort, qui invite Alexis Gruss à installer son chapiteau dans la cour de l'Hôtel Salé, est à l'origine de la création du Cirque à l'ancienne. C'est pour l'équipe l'occasion de se poser en un lieu fixe et d'avoir du temps, afin de « réfléchir », se « documenter », « discuter davantage » [2] et s'engager dans la création de spectacles originaux. Pour Ronan Desforges, leur travail s'inscrit « dans l'axe d'une étrange modernité, en rompant [...] avec l'esthétique voyante et tapageuse commune alors aux établissements traditionnels » [3]. Les consignes qu'A. Gruss fournit à son créateur de costumes Jean Eden sont significatives : « [...] pas trop de rouge, ni de paillettes, ni de strass - pas d'estomac à l'air - non plus. Du noir, du brun, du beige : le style anglais, vous voyez, la classe » [4]. A. Gruss propose des tableaux qui cadrent avec son projet et avec une certaine idée du cirque qu'il cherche à retrouver (celle du début du XIXe siècle, lorsqu'il offrait des spectacles équestres entrecoupés de prestations de clowns, de jongleurs ou d'acrobates afin de créer de la variété). Leur enchaînement produit un programme homogène, ils sont autant d'écrins pour les numéros dont la permanence est conservée, de « scènes qui construisent un acte dans une pièce de théâtre » [5]. Ainsi, est reconnu et mis en valeur le travail de chaque artiste. R. Desforges voit dans ce projet davantage « une restauration » qu'« une rénovation, mais la qualité de la production est telle qu'elle s'assimile désormais à une véritable création » [6].
A. Gruss contribue à la sauvegarde du patrimoine circassien en retravaillant des classiques tels Le Courrier de Saint-Pétersbourg [7], Le Double jockey et l'augmente de créations originales tel Le Triple jockey [8]. Il réintègre l'écuyère à panneau et compose des poses équestres. Exceptionnellement, La Poste sera présentée par une femme, Martine Gruss, et ce, avec neuf chevaux, en 1981. Le numéro présenté par Stephan Gruss, revendiqué comme une spécialité de la famille, du jonglage sur cheval, permet d'obtenir le Grand Prix National du Cirque en 1995.
En 1984, le Ministère de la Culture propose de lier le Cirque à l'ancienne par un contrat, en fondant l'association Le Cirque national français, présidée par Dominique Mauclair. En 1987, des mesures prises par François Léotard, Ministre de la Culture et de la Communication, limitent les portées de cette labellisation.
[1] Données fournies par Adrian, « Le Label Gruss », dans Jean-Pierre Vivier (dir), Alexis Gruss, Cirque National à l'Ancienne, Pont L'abbé, Couleur Cirque, 1996, p. 15.
[2] Alexis Gruss et Joëlle Chabert, Rêver les yeux ouverts, Paris, Desclée de Brouwer, 2002, p. 84.
[3] Ronan Desforges, « Alexis Gruss, une tradition revisitée », Paris, Arts de la piste, n° 20, HorsLesMurs, juillet 2001, p. 36.
[4] Jean Eden, « Du Gradin à la piste, ou les souvenirs inspirés d'un pantre devenu "pro"... », dans Jean-Pierre Vivier, Op. cit. , p. 27.
[5] Alexis Gruss et Joëlle Chabert, Op. cit., p. 120.
[6] Ronan Desforges, Op. cit., p. 36.
[7] Autrement dénommé Le postillon de Longjumeau, La fuite du Pacha ou La poste. L'écuyer est debout sur deux chevaux et les maintient suffisamment éloignés l'un de l'autre pour laisser le passage à d'autres chevaux dont il doit saisir les rênes de façon à constituer un attelage.
[8] Numéro créé par la famille Gruss, qui présente trois cavaliers côte à côte, sautant sur le dos d'un cheval tournant dans la piste.