Le Cri du caméléon, un spectacle emblématique

13 janvier 1996
02m 05s
Réf. 00549

Notice

Résumé :

Le Cri du caméléon, présenté sous l'espace chapiteaux du Parc de la Villette. Des extraits de la répétition du spectacle alternent avec des entretiens de Bernard Turin, Directeur du Centre National des Arts du Cirque (CNAC), de Joseph Nadj, chorégraphe et metteur en piste et d'élèves de la 7ème promotion.

Date de diffusion :
13 janvier 1996
Source :
FR3 (Collection: 19/20 )
Thèmes :

Éclairage

Initialement, le pôle de formation du Centre National des Arts du Cirque, l'Ecole Supérieure des Arts du Cirque (ESAC), ouvert en 1985, dispense une formation en quatre ans. Depuis 1991, elle s'articule en deux cursus. Le premier, dispensé à l'Ecole Nationale des Arts du Cirque de Rosny-sous-Bois (ENACR), dirigée par Anny Goyer depuis 1994, conduit au Brevet Artistique des Techniques du Cirque ; le second à l'Ecole Supérieure des Arts du Cirque de Châlons-en-Champagne prépare au Diplôme des Métiers des Arts du Cirque (DMAC).

Les seize étudiants par promotion accueillis à l'ESAC reçoivent un enseignement théorique et pratique pluridisciplinaire réparti sur deux ans. A l'équipe d'enseignants titulaires sont associés des intervenants extérieurs et des artistes invités.

Engagés dans un processus de création individuel, puisque les élèves travaillent autour de leur spécialité des numéros autonomes, ils le sont également collectivement dans le cadre du spectacle de fin d'études, instauré dès 1989, année de sortie de la première promotion. Si la prise de fonction de Bernard Turin a été déterminante pour le développement de l'école, elle l'est aussi pour son rayonnement en relation avec cette initiative. En effet, il confie sa réalisation à des artistes metteurs en scène ou chorégraphes reconnus professionnellement, afin que les étudiants porteurs de leur propre projet soient investis dans une entité cohérente. Ces réalisations acquièrent une notoriété certaine depuis que Josef Nadj, en 1995, conçoit celui de la 7ème promotion, Le Cri du caméléon, qui de par la force de proposition du chorégraphe et l'efficacité de la rencontre avec le groupe [1] confèrent un statut d'œuvre à un spectacle d'école de cirque. Josef Nadj, après une période de formation et d'échange avec les élèves, estime devoir avancer sur deux fronts : « Je connaissais dès le départ le compromis que j'allais devoir gérer : il fallait utiliser tous leurs numéros – car c'est un spectacle de diplôme de fin d'études, c'était la figure imposée – et en même temps, il fallait que j'essaie de les ouvrir, de leur injecter de nouvelles matières » [2]. Ce spectacle s'inspire de l'univers fantastique et absurde d'Alfred Jarry, tout particulièrement de son roman Le Surmâle. Comme dans nombre des chorégraphies de Josef Nadj l'espace scénique, frontal, est chargé d'objets. Si le corps des danseurs explore l'intervalle, en se glissant dans les interstices, celui des artistes de cirque se confrontent à l'objet, y prennent leurs appuis pour un nouvel élan. Ainsi, immergées dans un nouvel environnement, les techniques de cirque sont chahutées, détournées, et affirment leur droit à la parole. Le cirque fait une nouvelle fois la preuve qu'il peut sortir de l'univers du divertissement et accéder au statut d'œuvre. Cette réalité présente dans les spectacles des compagnies fondatrices du genre Archaos, Plume ou Baroque prend une dimension toute particulière lorsqu'elle est réalisée par les élèves de l'école nationale dont s'est dotée l'Etat qui prouve ainsi la pertinence de son engagement. De plus, programmé à la Grande Halle de la Villette, Le Cri du caméléon reçoit l'ovation de la presse.

Les spectacles du CNAC conservent ce rendez-vous annuel, pour lequel ils sont attendus comme un des événements majeurs qui rythme la vie du cirque en France. Le Cri du caméléon appartient dorénavant au patrimoine culturel du nouveau cirque ; il est devenu emblématique.

[1] Les élèves de cette promotion (rejoints par le fascinant trampolineur Mathurin Bolze, de la promotion suivante) se constituent d'emblée en une compagnie qui prend pour nom Anomalie. Celle-ci crée, collectivement, en 1998, 33 tours de piste, un «concert lyrique», sorte de cabaret dans lequel alternent des exhibitions de danse et de cirque.

[2] Josef Nadj, « Josef Nadj », propos recueillis par Marc Moreigne, dans Le Cirque contemporain, la piste et la scène, Op. cit.  p. 129.

Martine Maleval

Transcription

Présentateur
Spectacle, l’école du cirque apporte du sang neuf. Les élèves du centre national des arts du cirque de Châlons-sur-Marne, mélangent la danse, la voltige et le théâtre. Le cri du caméléon est présenté à la Villette, Marie de La Chaume et Stephane Taponnier ont assisté aux dernières répétitions.
Journaliste
Dix garçons dans le vent de la création artistique, ils ont entre 20 et 25 ans et forment la promotion 95 du centre national des arts du cirque. L’école enseigne des disciplines aussi variées que la musique, la danse, les arts plastiques, ou la scénographie. Un enseignement hors du commun dont le but est la formation d’artistes polyvalents.
(Musique)
Bernard Turin
Nous sommes une école d’art, et je crois que comme toutes écoles d’art, nous devons être tournés vers l’avenir et nous devons permettre aux jeunes qui entrent dans cette école d’être les créateurs du cirque de demain.
Journaliste
Et le cirque de demain, c’est peut être ce spectacle. Le cri du caméléon, adaptation du roman d’Alfred Jarry, mise au point par les élèves et le chorégraphe hongrois, Josef Nadj.
Josef Nadj
Bien sûr, de rencontrer cette jeunesse, cette énergie là qu’ils ont, c’est très positif, ça me pousse, ça nous pousse ensemble à explorer pratiquement les limites du corps.
Martin Zimmermann
Et nous aussi, on a amené notre matière. Donc, la technique du cirque, ça se mélangeait, et forcément, c’est devenu un échange entre deux personnes, ou entre nous et Josef.
Journaliste
Le centre national des arts du cirque est un précieux vivier pour les nouvelles compagnies comme Zingaro ou Archaos. Quant à ces étudiants là, ils veulent voler de leurs propres ailes.
Etienne Arlettaz
Nous sommes la troupe Anomalie, nous jouons au parce de la Villette du 12 au 21 janvier et après on tournera en France et ailleurs. On espère vous voir très nombreux.