Le CIRCA, concours des écoles de cirque à Auch

31 octobre 1990
02m 26s
Réf. 00580

Notice

Résumé :

Les écoles de cirque de loisir et professionnelles répondent à un désir de cirque, jusque-là réservé aux enfants de la balle. Durant, les années 1980, leur nombre grandissant amène les professionnels à se regrouper (FNEC). Le Festival d'Auch les réunit, chaque automne, en faisant une place à l'international. Interviews de Bernard Turin (CNAC) et Jan Rock Achard (directeur de l'école de Montréal).

Date de diffusion :
31 octobre 1990

Éclairage

En 1975, l'Abbé de Lavenère-Lussan ouvre un atelier cirque dans le grenier du Collège Sainte-Marie à Auch (32), dans lequel il enseigne. Rapidement, il établit des contacts avec des professionnels, notamment avec Achille Zavatta qui installe son chapiteau dans la commune durant un hiver. En 1979, le Pop Circus devient une association loi 1901 et, l'année suivante s'installe dans un local rue Amiral Bugard. Le principe initial, « celui qui sait apprend au novice » est confirmé par le retour d'anciens élèves, issus du CNAC [1], tel Rémy Balagué qui, en 1990, devient directeur des enseignements et responsable des spectacles. Les Poppy's (6 à 9 ans) et les Weeky's (9 à 12 ans) finissent leur formation en rejoignant la Troupe du Pop.

Les pratiques circassiennes, tout en conservant un caractère ludique, offrent / imposent un travail corporel intense et exigeant une grande rigueur et sont porteuses d'une charge artistique qui leur confère une certaine noblesse.

Pour répondre à l'engouement des amateurs partagé sur l'ensemble de la France, en 1988, se tient, à Avignon, du 8 au 10 juillet, la Rencontre des écoles de cirque qui jette les bases de la structuration de l'enseignement de cette discipline. Nous sommes au début de la construction pyramidale de la formation : écoles de loisir, écoles préparatoires et écoles supérieures. Conscients de leur responsabilité, certains directeurs d'écoles décident de se regrouper au sein d'une structure indépendante et autonome. Le 12 décembre, est instituée la Fédération Nationale des Ecoles de Cirque (FNEC). Bernard Turin en est le Président, jusqu'en 1994. Date à laquelle Patrick Fodella le remplace et la Fédération est renommée Fédération Française des Ecoles de Cirque (FFEC). Au cours de ses restructurations, la Fédération voit ses missions évoluer pour se concentrer sur les objectifs principaux liés à la transmission, puisqu'elle doit « favoriser la mise en place de formations en direction des Arts du Cirque » et « procéder à leur évaluation ».

Egalement en 1988, à Auch, la présence conjointe de Pop Circus et du cirque Zavatta [2] incite la Jeune Chambre Economique, soutenue par la ville, à instaurer le «Concours International du Rayonnement du Cirque d'Avenir » (CIRCA), avec l'objectif de créer un lieu de rencontre des écoles de cirque. Le CNAC, l'école de Rosny (aujourd'hui ENACR, Ecole Nationale des Arts du Cirque de Rosny) et la FNEC sont des partenaires institutionnels qui vont jouer un rôle important dans ce qui est en passe de devenir un festival qui, abandonnant le concours, centre ses missions sur les problématiques de la pédagogie.

Une reconnaissance internationale et un travail de production et de diffusion réalisé toute l'année en direction des nouvelles formes spectaculaire permettent au CIRCA, en 2001, de devenir Circuits, scène conventionnée pour les arts du cirque, dirigée par Marc Fouillant [3], simultanément à sa fusion avec la structure programmant la vie culturelle de la ville. Ainsi, il fait partie des dix pôles régionaux, identifiés en 2001 (Année des arts du cirque). Ce n'est qu'en 2011 que cette institution reprend le nom de CIRCa, pôle national arts du cirque, et s'installe en centre ville. Elle mène des actions d'accueil d'élèves et de rencontres avec des artistes, avec Le Lido et organise avec celui-ci et La Grainerie « Midi-Pyrénées fait son cirque en Avignon », dans le cadre du festival off d'Avignon.

La programmation du festival du cirque actuel, qui se déroule au début de l'automne, invite des compagnies contemporaines et fait une place importante aux artistes des écoles et, en relation avec la Fédération Européenne des Ecoles de Cirque (FEDEC), dirigée par Tom Roberts, offre une ouverture sur la création internationale.

[1] Vingt-six élèves de cette école ont débuté au Pop Circus, Vincent de Lavenère et Rémy Balagué furent les premiers.

[2] A partir de 1986 et pendant sept ans, le Cirque Zavatta installe ses quartiers d'hiver à Auch.

[3] Depuis 1997, Marc Fouillant est directeur du théâtre et des affaires culturelles d'Auch.

Martine Maleval

Transcription

Présentateur
Alors que le cirque ne va pas bien, les écoles du cirque connaissent une remarquable vitalité, on peut le constater actuellement à Auch à l’occasion du Troisième Circa, le concours de la Fédération des écoles du cirque. Une invitée de marque cette année, l’école de Montréal. Nicole Zimmerman, Gérard [inaudible].
(Musique)
Journaliste
Enfant de la balle ? Non, élève d’une des 70 écoles de cirque françaises.
Bernard Turin
Dans le temps, il n’y avait pas d’école dans la mesure où tout s’apprenait sur le tas et qu’il fallait faire partie d’une famille de cirque pour faire du cirque.
Journaliste
Même numéro que le père ou le grand-père, dans le même costume, avec la même musique dans le cercle de famille, les arts du cirque ont cessé d’évoluer. Ce qui explique peut-être ou au moins en partie la crise du cirque et la paradoxale vitalité des écoles.
Bernard Turin
On ne peut pas tellement l’expliquer, c’est un phénomène assez étonnant. C’est vrai que la France qui est un pays où le cirque n’est pas en très très bonne santé, est également le pays où il y a le plus d’écoles de cirque et c’est le seul pays du monde où il y a une fédération.
(Musique)
Journaliste
Sang neuf pour vieille famille, le concours des écoles de cirque d’Auch apporte la preuve que scénographiquement ou musicalement, les numéros de cirque peuvent se renouveler et redevenir créatifs.
Jan-Rock Achard
On est des bébés dans les arts du cirque au Québec et au Canada. Considérez que le Cirque du soleil, il a cinq ans et l’école en a onze. Si vous regardez ce qui se passe dans votre pays, j’ai l’impression qu’on est encore à la pré-maternelle chez nous. Mais cet état de chose, cet état de situation nous permet peut-être de prendre des risques qu’on ne prend plus ici, ou qu’on prend plus difficilement ici.
(Musique)
Journaliste
Le poids de l’histoire peut aussi devenir un choc, en habillant de neuf ou de rétro, de vieilles techniques de cirque quasiment tombées en désuétude comme l’anneau aérien ou le cadre fixe, certaines écoles font des numéros gagnants.