Danse dans un bain d'huile
Notice
Loin de ses grandes fresques scéniques, l'artiste flamand Jan Fabre affectionne le solo, où il célèbre souvent le corps féminin. En 2004, il met en scène Lisbeth Gruwez dans Quando l'uomo è una donna, enduite d'huile d'olive.
Éclairage
« L'art tel que je le perçois est un moyen de défense de la vulnérabilité de notre état d'humain, de défense de la vulnérabilité de la Beauté », déclarait Jan Fabre au micro de France Culture, le 11 avril 2008. Metteur en scène, chorégraphe et plasticien, l'artiste flamand est essentiellement connu pour d'imposantes productions scéniques qui suscitent souvent la polémique, comme lors du Festival d'Avignon 2005, dont il fut l'artiste associé, et où deux de ses spectacles, Je suis sang et L'Histoire des larmes, furent présentés dans la Cour d'honneur du Palais des Papes, provoquant l'ire de certains spectateurs et d'une partie de la critique. Loin de ces grandes fresques, Jan Fabre affectionne tout particulièrement le solo, qu'il conçoit comme une forme privilégiée où il peut créer à partir du corps et de la personnalité de son interprète. A l'exception de Wim Vandekeybus, pour qui il créa le mémorable Body, little body on the wall (1997), c'est essentiellement le corps de la femme qui inspire le théâtre de chair de Jan Fabre. Après Renée Copraij (Vier temperamenten, 1997), Erna Omarsdottir (My movements are alone like streetdogs, 2000), Els Deceukelier (Elle était et elle est, même/Etant donnés, 2004), il met en scène la danseuse Lisbeth Gruwez dans Quando l'uomo principale è una donna, en 2004. Présenté cette même année à la Biennale de danse de Lyon, le spectacle fait l'objet d'un reportage pour le journal de France 2. La nudité sur scène ne fait pas partie du tout-venant des journaux télévisés... Et comme le dit le présentateur pour introduire cette « chorégraphie originale » : « tous les sens sont en éveil ! »
Dans Quando l'uomo principale è una donna, La danseuse Lisbeth Gruwez évolue sous un ciel de bouteilles d'huile d'olive, qui tombe d'abord goutte à goutte, puis à flots, pour finalement transformer la scène en un bain luisant. Alternant des métamorphoses d'homme en femme, d'être humain en animal, Lisbeth Gruwez déploie toute sa puissance suggestive dans un solo qui n'était sans évoquer, pour Jan Fabre, l'action painting du peintre Yves Klein.