Théâtre du Fust, Castelets en jardins
Notice
A l'occasion de la programmation par le festival d'Avignon, en 1995, du spectacle de marionnettes à gaine lyonnaise Castelets en jardins, joué en extérieur et composé d'une suite de saynètes enlevées, Émilie Valantin, metteur en scène et comédienne manipulatrice, évoque le choix de cette technique pour son insolence et son énergie. Deux des interprètes, Jean Sclavis et Jacques Bourdat, parlent avec précision de la manipulation et de l'humilité du marionnettiste.
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Éclairage
Le Théâtre du Fust, créé en 1975 et devenu Compagnie Émilie Valantin du nom de sa directrice artistique en 2009, est l'une des troupes de marionnettistes français les plus reconnues. Ses spectacles ont été coproduits par des institutions ou des festivals prestigieux, dont celui d'Avignon, et Émilie Valantin (née en 1940) a reçu une commande de la Comédie-Française pour mettre en scène et en marionnettes Vie du grand Dom Quichotte et du gros Sancho Pança, parodie de Don Quichotte, d'Antonio José da Silva, signant ainsi l'entrée des marionnettes à la salle Richelieu en 2008 avec une reprise en 2009.
Grâce à l'alternance de petites formes populaires comme Castelets en Jardins en 1995, Castelets d'hiver l'année suivante, ou Les Embiernes commencent (pour le bicentaire de Guignol en 2008) et de spectacles pour grands plateaux comme Raillerie, satire, ironie et signification profonde de Christian Dietrich Grabbe en 1998 ou Les Fourberies de Scapin d'après Molière en 2006, la Compagnie Émilie Valantin rencontre des publics très divers et fait découvrir des techniques traditionnelles (marionnettes à gaine, à tringle ou à fils), croisées avec des matériaux nouveaux, au service de textes incisifs, affirmant que « en l'état actuel des choses, l'urgent n'est pas de faire “rêver” mais de faire réfléchir» et « la marionnette est d'essence métaphysique. Elle exprime a priori, l'état piteux et/ou jubilatoire de l'homme (ou de l'animal) confronté au réel ».
Les auteurs des saynètes de Castelets en jardins s'appellent Tabarin, Jean de La Fontaine, Heiner Müller, Vassilis Alexakis, Mikhaïl Zotchenko, Daniil Harms, ils sont plus de vingt et le programme varie selon les jours. D'étranges créatures à tête d'œufs, aux yeux cernés, figuratives et difformes, hantent les méandres d'un monde sans pitié, que traversent aussi des diables rouges, des squelettes et de belles dames à la tête de mort. Pour montrer parfois l'espièglerie mais surtout la cruauté de l'existence humaine, Émilie Valantin utilise la marionnette à gaine dont elle dit : « contrairement aux idées reçues, cette marionnette n'est pas pour les enfants, qu'il s'agisse de s'adresser à eux comme acteurs ou comme spectateurs. Difficile à bien manipuler, elle soulève des problèmes de latéralisation et de situation dans l'espace mal compensés par l'illusion de spontanéité et de libération qu'elle peut offrir ». Depuis la création mémorable d'Un Cid – pour le cinquantenaire du festival d'Avignon en 1996 – interprétée par des marionnettes de glace, qui se liquéfiaient au cours de la représentation, les spectateurs s'attendent toujours en effet à trouver la virtuosité et le souci du détail aux côtés de l'intelligence dans les spectacles de cette compagnie.