Théâtre de cuisine, Théâtre de cuisine

30 novembre 1983
01m 28s
Réf. 00846

Notice

Résumé :

Accroupi sous une petite table de camping, Christian Carrignon (également metteur en scène) interprète Théâtre de cuisine, spectacle intimiste fait d'objets détournés, implantable partout, qui porte le même nom que celui de la compagnie, et s'inscrit dans les prémices d'une forme appelée théâtre d'objets, à la fin des années 70.

Date de diffusion :
30 novembre 1983
Source :
Artistes et personnalités :
Lieux :
Fiche PAM :

Éclairage

A la création du spectacle Théâtre de cuisine, en 1979, Christian Carrignon (né en 1948) vient juste de fonder la troupe Théâtre de Cuisine avec Katy Deville (né en 1956). Ils désirent tous deux pratiquer un théâtre libéré de la toute puissance du texte littéraire et débarrassé des contraintes imposées par les conventions de la marionnette, en bricolant des hypothèses d'histoires, des reconstitutions de fragments de mémoire, à partir d'objets manufacturés et reconnaissables par tous.

Dans ce tout premier spectacle, Christian Carrignon parle en grommelot, vocifère et actionne manettes ou cordons pour orchestrer au dessus de sa tête, sur une table de camping, les tranches de vies de bouchons de champagne, personnages d'une cité miniature dont boîtes de biscuits, bouteille de vin ou moulin à café composent l'architecture. Il semble jouer comme un enfant ; le public est tout proche, autour de la table, impressionné non par le contenu facilement compréhensible mais par l'humour sous-jacent à ce dispositif judicieux.

Pour définir le point commun entre quelques artistes pratiquant comme eux deux, à la même époque, une forme proche et difficilement classable (notamment Jacques Templeraud du Théâtre Manarf, Charlot Lemoine et Tania Castaing du Vélo Théâtre), Katy Deville invente l'expression « théâtre d'objet ». Il y aura vite autant de conception du théâtre d'objet que de metteurs en scène mais il est vrai que ceux-là vont plutôt puiser leur inspiration dans le quotidien et le vécu individuel.

Le Théâtre de cuisine, que ce soit dans les spectacles de Christian Carrignon ou ceux de Katy Deville (seul Opéra Bouffe, en 1981, construit à l'aide de fruits et de légumes frais, ainsi que d'ustensiles disposés sur une table et manipulés à vue par « un chef toqué » est signé par les deux artistes), glane son savoir-faire dans le cinéma, les arts plastiques, la danse, le théâtre, les marionnettes, dans une filiation avouée à Marcel Duchamp. Christian Carrignon déclare : « Duchamp reprend le détournement, vieux comme le jeu, et le fait entrer dans le domaine de l'art. Sa grande invention est de mettre un nom sur ce déplacement, le « ready made ». Jouer avec des « ready made », voilà une perspective qui nous resitue dans l'histoire. »

Très vite les objets choisis par Christian Carrignon le transforment en comédien-conteur soliste, au centre d'un espace de jeu qu'il circonscrit d'un simple trait au sol, d'un tapis, d'une table, s'adressant directement au public dans un registre dont le regard et le ton départagent difficilement la fiction de la réalité. S'y ajoute un entremêlement entre le récit lui-même et un discours sur le mécanisme à l'œuvre pour la fabrication du spectacle. Les objets très simples, sans autre prétention que celle de porter une mémoire collective, semblent chez lui libérer la parole, comme s'ils l'autorisaient à ne pas jouer à l'artiste, et à confier ainsi ses étonnements, ses découvertes, ses souvenirs au public... Naturellement, après une trentaine d'années de créations, Christian Carrignon réunit son auditoire, en 2008, pour lui proposer une Anthologie du théâtre d'objet, véritable déclaration d'amour au spectaculaire et au théâtral.

Evelyne Lecucq

Transcription

Christian Carrignon
[Inaudible] Entrez ! Bring ! [Inaudible] ding dong, [Inaudible], deux francs dix, ding dong [Inaudible]. Et ça c’est un petit spectacle qu’on a crée pour la rue, et puis pour les lieux un petit peu insolites comme un bistrot, comme une rue piétonne. On a même joué sous la scène d’un théâtre une fois.
Journaliste
Sous la scène ?
Christian Carrignon
Oui, on devait jouer sur la scène et la scène était complètement inadaptée. Alors, on a été voir le directeur, on lui a dit : Il nous faut vraiment un petit lieu le plus sombre possible, est-ce qu’on peut jouer sous la scène, dans le trou du souffleur. On pouvait mettre 50 personnes, on a joué là, il y avait des toiles d’araignée et c’était formidable !
(Bruit)
Journaliste
Théâtre du quotidien, c’est l’un des spectacles proposés dans le cadre de cette semaine. D’autres lieux sont animés, les écoles, les centres culturels. Exemple, la MJC de Guéret où la Compagnie de l’Échelle expose ses marionnettes.
(Bruit)