NoBody de Sasha Waltz à Avignon
Notice
La chorégraphe allemande Sasha Waltz investit la Cour d'honneur du Palais des Papes pour le Festival d'Avignon avec NoBody. Commentaires de la chorégraphe et de quelques interprètes.
Éclairage
En 2002, noBody, chorégraphié par Sasha Waltz, se pose sur le plateau de la Cour d'honneur du Palais des Papes avec un atout de poids : une immense structure gonflable blanche qui va soudain dégringoler sur scène en déployant ses voiles. Ce coup d'éclat signe la singularité de l'artiste allemande. Fille d'architecte, Sasha Waltz aime confronter sa danse à des espaces monumentaux pour y apporter des réponses plastiques puissantes. Son sens du groupe lui permet aussi de prendre d'assaut des places fortes comme celle du Palais des papes. Elle travaille le mouvement dans la masse, faisant surgir des images charnelles ou dressant sur le plateau des sculptures de corps. Elle sait aussi balayer le plateau à grands renforts de courses vives et de mouvements de foule sans cesse happés par des vents contraires.
NoBody appartient à une trilogie autour du corps chorégraphiée par Sasha Waltz entre 2000 et 2002. Körper mettait en scène des corps enchevêtrés derrière des vitres et évoquait la Shoah ; S. se risquait sur le terrain de la sexualité, noBody posait la question de la disparition, de la mort et de l'au-delà. Dans tous les cas, Sasha Waltz pousse toujours les corps aux limites d'eux-mêmes pour se rapprocher au plus juste des thèmes difficiles qu'elle veut mettre en scène.
On sait combien la Cour d'honneur est un défi pour les chorégraphes et les metteurs en scène. Sasha Waltz a su relever le challenge et inscrire son talent aux côtés de tous ceux qui l'ont précédée. C'est Maurice Béjart en 1966 qui grimpe sur le plateau pour la première fois dix-neuf ans après la création du festival d'Avignon par Jean Vilar. Vilar trouvait l'espace de la Cour d'honneur « trop informe » : Béjart lui fila la chair de poule avec son Boléro orgasmique. Lui succèderont la plupart des grands noms de la danse, depuis Roland Petit en 1972 à Jan Fabre en 2001 en passant par Twyla Tharp (1979), Martha Graham 1987), Jerome Robbins (1994), Angelin Preljocaj (1999)... et bien d'autres. Devant 2000 spectateurs, le lieu emblématique d'Avignon est une épreuve initiatique.