Les Mammames de Jean-Claude Gallotta
Notice
Invité au Festival d'Avignon en 1986, le chorégraphe grenoblois Jean-Claude Gallotta y présente son spectacle désormais emblématique Mammame.
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Éclairage
Mammame, chorégraphié en 1985 par Jean-Claude Gallotta, appartient au catalogue des pièces mythiques du chorégraphe grenoblois. Il y lance comme une horde sa tribu en shorts, débardeurs kakis et chaussettes. Ils vont, battant la jambe, gambadant à qui mieux mieux, et se coursant comme des gamins excités. Le regard bleu papillotant derrière ses lunettes, toujours émerveillé de se voir si dansant, si vivant, Gallotta caracolait en tête de peloton et imposait sa silhouette de grand dadais tombé du nid. Et toujours ces gestes qui échappent, ces petits cris, ses onomatopées, qui énervent la danse à moins que ce ne soit le contraire. Enfance, animalité, spontanéité, le corps de la danse gallottienne a tout d'une bombe d'humeurs.
Sous influence de l'américain Merce Cunningham (1919-2009), dont il suivit l'enseignement à New-York au début des années 80, Gallotta travaille l'espace au gré de contrepoints, jeux de lignes, de cercles, se croisant et décroisant selon les élans fantaisistes des huit interprètes. Avec Mammame, Gallotta faisait un sort à la narration en ne comptant que sur la danse pour explorer les couches et sous-couches des sentiments des personnages.
Le processus de création de Mammame se révèle aussi original que toutes les vies que la pièce a ensuite connues. En 1895, le premier acte intitulé Le désert d'Arkadine voit le jour. Un an après, l'acte 2 Les enfants qui toussent est créé. Puis en 1987, Mammame-Montréal fait suite. Cette version retricote les séquences du spectacle sans les conserver toutes. Gallotta soustrait par exemple, celle facétieuse, de la fille qui saisit un garcon par le sexe en hurlant "le prince charmant! le prince charmant". La re-création en 1998, puis en 2002 du spectacle, suivi de L'Enfance de Mammame la même année, ressuscitent avec bonheur cette saga surexcitée de boys-scouts heureux de vivre et d'aimer.
Mammame a aussi inspiré un film subtilement décalé et hypnotique réalisé par le cinéaste Raoul Ruiz. Au bord d'une falaise, assis autour d'une table sur laquelle sont posés des citrons bien jaunes, la tribu Mammame s'ébroue avec la vigueur de ceux à qui la vie file un vertige majeur.