Mathilde Monnier au travail
Notice
La chorégraphe Mathilde Monnier confie au journaliste Philippe Lefait, dans le cadre de son émission Les mots de minuit, quelques-uns des grands axes de son travail. Ces commentaires sont illustrés par des extraits de différentes pièces dont Signé, Signés, Pour Antigone. Des images de Merce Cunningham soulignent aussi le trajet de cette figure forte de la danse contemporaine.
- Bruit blanc (Mathilde Monnier - Chorégraphe)
- Beach birds for camera (Merce Cunningham - Chorégraphe / Elliot Caplan - Réalisation)
- Les Lieux de là (Heiner Goebbels - Compositeur(trice) / Mathilde Monnier - Chorégraphe)
- Signé, Signés ( Erikm - Compositeur(trice) / Annie Tolleter - Scénographe / Mathilde Monnier - Chorégraphe)
- Arrêtez, arrêtons, arrête (Christine Angot - Auteur / Mathilde Monnier - Chorégraphe)
- Chinoiserie (Louis Sclavis - Musicien(ne) / Mathilde Monnier - Chorégraphe)
- Pour Antigone (Mathilde Monnier - Chorégraphe)
Éclairage
Au micro de Philippe Lefait, Mathilde Monnier livre des réflexions sur le travail du danseur, son rapport au maître américain Merce Cunningham. Directrice du Centre chorégraphique national de Montpellier depuis 1993, Mathilde Monnier (née en 1959) a suivi l'enseignement de la danseuse américaine Viola Farber, interprète de Cunningham, au Centre national de danse contemporaine d'Angers. En 1983, elle collabore avec François Verret, Alain Rigout. Mais c'est avec Jean-François Duroure qu'elle commence à faire parler d'elle. Ensemble, ils conçoivent Pudique Acide/Extasis à New-York, en 1984. De retour en France, ils font un tabac. Leur route se sépare après le spectacle Mort de rire (1987). Seule désormais, Mathilde Monnier impose son style et son écriture, son tempérament aussi de défricheuse. Avec des spectacles comme Je ne vois pas la femme cachée dans la forêt (1998), A la Renverse (1989), Face Nord (1991), elle transforme le plateau en zone conflictuelle que sa danse offensive aux angles nets attaque et découpe.
En 1993, elle part au Burkina-Faso y découvrir les danses traditionnelles africaines. Elle y rencontre Salia Sanou et Seydou Boro qui interpréteront Pour Antigone. Trois ans plus tard, elle travaille, au gré d'ateliers menés en hôpital psychiatrique, avec une jeune femme autiste, Marie-France, et met en scène dans la foulée le spectacle L'Atelier en pièces. Toujours férue d'échanges et d'expériences, elle collabore avec l'écrivain Christine Angot pour Arrêtez, Arrêtons, Arrête (1997), puis interprète avec elle en duo La place du singe ( 2005), entre texte et danse. Avec le philosophe Jean-Luc Nancy, elle croise le fer pour Allitérations (2002). Sur un mode plus ludique, elle accompagne le chanteur Philippe Katerine pour un show pop et décalé intitulé 2008 Vallée, présenté au festival d'Avignon en 2008. Avec la chorégraphe espagnole Maria Ribot, elle dissèque sa veine comique dans un pas de deux burlesque intitulé Gustavia (2008). C'est le plasticien Dominique Figarella qui souffle une énorme sculpture de mousse sur le plateau de Soapéra (2010).
Du Centre chorégraphique national de Montpellier, où elle a remplacé Dominique Bagouet en 1994, Mathilde Monnier a fait un carrefour de rencontres et de réflexions. Parmi ses actions d'éclats, Potlatch, dérives (2000) rassemblait dans l'enceinte du CCN des dizaines d'artistes, chorégraphes, penseurs, sur le thème du don et de la dette, de l'échange des savoirs. Parallèlement à son travail personnel, elle a mis en place depuis 1998 un outil de formation pour les jeunes artistes intitulé ex.e.r.ce qui prépare en deux ans à un "master études chorégraphiques".
En 2011, elle décide pour la première fois de recréer son premier spectacle chorégraphié et dansé avec Jean-François Duroure Pudique acide/Extasis (1984). Succès immédiat dans un contexte où les œuvres des années 80 reprennent du poil de la bête et suscitent l'adhésion des programmateurs et du public. Pour la première fois, elle accepte de se retourner sur son passé et son œuvre et d'en transmettre quelques-uns des secrets à deux interprètes. Mathilde Monnier a chorégraphié une vingtaine de pièces. En 2004, la réalisatrice Claire Denis lui a consacré un film, Vers Mathilde.