Merce Cunningham et John Cage à l'Opéra Garnier

06 novembre 1973
02m 16s
Réf. 00936

Notice

Résumé :

A l'occasion de la création Un jour ou deux de Merce Cunningham pour les danseurs de l'Opéra Garnier, ce reportage télescope quelques mots de Cunningham et de John Cage, des danseurs étoiles de la troupe parisienne Michaël Denard et Jean Guizerix, ainsi que des images de la pièce.        

Date de diffusion :
06 novembre 1973
Source :
ORTF (Collection: JT 20H )

Éclairage

C'était en 1973. Le chorégraphe américain Merce Cunningham et son complice le compositeur John Cage (1912-1992) réglaient Un jour ou deux pour une brochette de 26 danseurs du Ballet de l'Opéra de Paris. Autant dire une révolution. Au début des années 70, l'écriture abstraite de Cunningham ne passe pas encore la rampe. En France, invité par les chorégraphes Françoise et Dominique Dupuy en 1964 au théâtre de l'Est parisien, à Paris, Cunningham reçoit des tomates. En 1972, soutenu par Michel Guy (1927-1990), directeur du festival d'Automne, il est régulièrement programmé au Théâtre de la Ville en dépit d'un déficit de succès public au départ. Qu'il se risque à mettre en scène un ballet classique est non seulement une gageure mais un formidable exercice de liberté. Le résultat fut à la hauteur de cet incroyable pari. Des étoiles comme Jean Guizerix et Wilfride Piollet furent transportés et définitivement influencés par sa recherche.

Il faut dire que le chorégraphe connaît ses classiques dans tous les sens du terme. Né Mercier Cunningham à Centralia (Etat de Washington) le 16 avril 1919, de père avocat, mère enseignante, Cunningham commence à suivre des cours de danse dès l'âge de 12 ans. Il apprend les claquettes et joue dans des vaudeville avec son professeur Maude Barrett, une amie de ses parents. En 1937, il désire se tourner vers la théâtre et intègre la Cornish School for the Arts, de Seattle. C'est là qu'il croise John Cage qui accompagnait les cours de danse au piano. A 20 ans, Cunningham devient soliste dans la compagnie de Martha Graham. En 1944, il fait ses débuts officiels de chorégraphe avec un programme de solos accompagnés par Cage. Il fondera sa compagnie la Merce Cunningham Dance Company, basée à New-York, en 1953 avec John Cage comme directeur musical et le plasticien Robert Rauschenberg comme directeur artistique. Jusqu'à sa mort en 2009, à 90 ans, Merce Cunningham reste un phénomène de la danse. A sa mort, il épate encore son monde avec son testament, véritable plan de bataille pour la survie de son travail. Tout y est prévu pendant trois ans jusqu'à la fin précise de la troupe, lors d'une grande soirée de réveillon, le 31 décembre 2011.

Rosita Boisseau

Transcription

Merce Cunningham
Pour moi, le mouvement est la raison d’être dans une danse et ce n’est pas sans musique mais c’est une idée de la danse et la musique. Les deux choses sont séparées mais on existe en même temps.
Michaël Denard
Ça représente d’abord beaucoup de travail, un travail assez différent de ce qu’on fait d’habitude et très déroutant au départ, très déroutant. Je dois dire, on a travaillé pendant près de 6 semaines maintenant et je dois dire personnellement, depuis une semaine, je commence à retrouver mes pieds.
Journaliste
Comment comprenez-vous la musique par rapport à la danse ?
John Cage
La musique, comme Monsieur Cunningham vient de dire, prend place au même temps que la danse et dans le même endroit.
Journaliste
Une musique curieuse, mi-écrite, mi-improvisée à l’aide d’une bande magnétique, de caisses de cartons et d’une vingtaine de musiciens qui n’arrêtent pas de circuler sous la direction de trois chefs d’orchestre intitulés coordinateurs.
(Bruit)
Jean Guizerix
Je crois que ce qui compte, c’est que Merce fasse son art et que nous, on soit heureux dans notre façon de travailler et le public y trouvera quand même sa part de bonheur, c’est un grand mot mais je crois que c’est….
Intervenante
J’espère !
Journaliste
Un bonheur certain que le public doit lui-même improviser à chaque spectacle.
(Musique)