Danse à Aix dans les rues
Notice
Cette balade dans les rues d'Aix-en-Provence offre une synthèse de l'esprit de la manifestation Danse à Aix. Tourné vers l'extérieur, le festival a investi tous les lieux de la ville.
Éclairage
Le festival Danse à Aix, créé en 1977, à Aix-en-Provence, a le visage tourné vers le soleil. Autour de personnalités comme celles des chorégraphes Odile Duboc ou Susan Buirge, cette manifestation militante et originale a su prendre de l'ampleur sans perdre son caractère discrètement inventif. C'est en 1977 que le festival, l'un des premiers à voir le jour dans le contexte de la nouvelle danse française, fait parler de lui. La liste des artistes d'une opération jugée insolvable au départ est un régal : Odile Duboc, Georges Appaix, le groupe Dunes, Daniel Larrieu, Josette Baïz... Inconnus à l'époque, en pleine gestation de leur œuvre future, ces jeunes – Odile Duboc bâtira sa reputation sur ses danses dans les rues d'Aix - chorégraphes foncent à l'instinct sans se poser davantage de questions sur leur avenir. Et ça marchera ! Et Danse à Aix maintiendra la pression jusqu'en 2005.
Sous la houlette inspirée de Ginette Escoffier-Carrère, le festival a vu défiler les plus fameux chorégraphes français et internationaux. Lors de la première édition, cette femme doucement déterminée se souvenait des vrais débuts de la manifestation. "La municipalité voulait fermer le cours Mirabeau à la circulation", confiait-elle. "Les commerçants avaient protesté et en tant que membre du Comité des fêtes de la mairie, j'avais proposé des animations". Ni une, ni deux, une parade de 500 interprètes de musiques militaires, des centaines de lanceurs de drapeaux italiens, avaient débarqué à Aix. Succès oblige, Ginette Escoffier-Carrère a pensé à inviter des danseurs dans la rue. L'identité de la manifestation était trouvée et avec elle, tout un pan de recherche chorégraphique en plein air trouvait un terrain d'expérimentation. Transformant la zone piétonne d'Aix en académie provisoire de danse, Ginette Escoffier-Carrère donne au passage un joli coup de folie à une ville plutôt tournée vers la tradition et la musique lyrique.
Pendant près de trente ans, il y aura de la danse partout, sur les places, les marchés, dans les fontaines, au milieu des arbres.... On y verra Alvin Nikolais, Carolyn Carlson, Susan Buirge, Dominique Bagouet, Anne Teresa de Keersmaeker... Tous sont partants pour frotter leur danse au mouvement incertain de la rue et des passants, pour la hisser sur des podiums ouverts à tous les vents. Ces moments magiques se verront bientôt encadrés par des cours de danse ouverts à tous, des répétitions publiques de spectacles, histoire de donner les clefs d'un art à ceux qui n'ont pas les moyens de se l'offrir. L'ouverture esthétique du festival contribue aussi à son succès : tous les styles sont convoqués, du contemporain au classique en passant par le hip-hop et le flamenco. "Ni médiatique, ni prestigieux, Danse à Aix se voulait d'abord un moment convivial. Ginette Escoffier-Carrère prendra sa retraite en 2001. Elle sera remplacé par Patrice Poyet jusqu'en 2005, date à laquelle le festival mettra la clé sous la paillasson".