Wladyslav Znorko

19 juillet 1993
02m 57s
Réf. 00988

Notice

Résumé :

A mi-chemin entre peinture et théâtre, Wladislav Znorko crée - par le jeu de la scénographie, de la lumière et de la gestuelle décalée des acteurs - des images scéniques à l'effet de réel saisissant pour donner vie à ce brave soldat Schweig.

Date de diffusion :
19 juillet 1993
Source :
Fiche CNT :

Éclairage

Né à Roubaix au printemps 58, Wladyslaw Znorko se met à inventer très tôt des histoires. Son père, polonais de la région de Vilnius, soldat de l'armée du Général Wladyslaw Anders, gardien du piano de Chopin et voyageur malgré lui, lui en raconte de belles en montrant ses photos de jeunesse maculées de neige des steppes et d'errances jusqu'aux déserts d'Egypte.

Enfant, il observe des wagons sur la voie ferrée voisine. Les rails le transportent à la découverte de l'univers (d'où le nom de sa compagnie, Cosmos Kolej, "l'univers" en polonais) et l'usine à rêves produit ses premières curiosités.

Il investit la rue et détourne l'ordinaire des lieux en y installant l'insolite. Figé des heures durant, il peut jouer aux échecs avec un coq empaillé au pied d'un cadavre et sous un graffiti "il ne se passe rien" ou bien s'immiscer dans la vitrine d'une librairie et même dans un sac postal accroché à une boîte aux lettres.

En 1981 entre Saône et Rhône, il fonde le Cosmos Kolej. Des petits vélos fleurissent sur les murs de la ville. On les retrouvera plus tard dans les livres d'art sur Lyon. Parmi ses objets-fétiches, roues de bicyclettes un peu faussées, ampoules de récupération, robes de baptême ou de communion un peu fanées, il échafaude des performances perpétrées dans les gares et autres lieux d'errance urbaine.

Depuis, ses songes ont demandé l'asile des théâtres. Ses rêveries l'ont peu à peu déporté de l'est vers l'ouest. Pendant 7 ans, il vit en Irlande, à Dunquin, village le plus à l'ouest de notre continent. Pour reformer ses valises, il s'installe à Saint-Antoine au lieu-dit la Gare Franche.

Znorko a ainsi réalisé une quinzaine de créations depuis 1987 pour la rue ou le théâtre. On peut citer entre autres La Cité cornue en 90, Le Traité des mannequins en 97, Alpenstock en 98, Boucherie chevaline en 2008 jusqu'à sa dernière création Le Passage du cap Horn créé à Marseille en 2011. En 2005 il réalise son premier film, Le Vietnam dans mon jardin.

Son univers entre réel et imaginaire prend forme autour d'images scéniques qui souvent font revivre ses images d'enfants : les trains, l'armée, la guerre, l'exode, l'errance, le pouvoir... Znorko peintre, metteur en scène, chorégraphe, et probablement tout à la fois, aura marqué le monde des Arts du geste et de l'image d'une empreinte durable. Devant ces spectacles qui ne laissent jamais indifférent, il suffit de se laisser porter par la poétique de l'instant. On ne peut s'empêcher de penser aux spectacles de Tadeusz Kantor. Peut-être une certaine Pologne a-t-elle nourri ces deux créateurs ?

Claire Heggen et Yves Marc

Transcription

(Silence)
(Musique)
Journaliste
Chaque soir, dans une de ces arrière-cours dont Avignon regorge, ici, celle de la salle Benoît XII, Znorko, metteur en scène atypique, concocte la potion délirante qu’il va servir aux spectateurs. Prêchant toujours, malgré les substantiels moyens du festival In, pour un théâtre de bouts de ficelle de ses rêves d’enfant.
Wladyslaw Znorko
Ensuite, il y a une chicane, des batteries déjà - ennemies - placées et on va arriver à Moscou.
Journaliste
Vous êtes sûrement le seul metteur en scène du In qui met la main à la pâte directement ?
Wladyslaw Znorko
Vous savez que c’est beaucoup plus difficile de fréquenter un cocktail ou de faire des ronds de jambe que de se laisser aller à des barbouillages puérils quoi ! On ne peut pas non plus prôner la fragilité et ne pas l’assumer tous les jours ; mais c’est aussi par jubilation, je vous l’avoue.
Journaliste
Machiniste et cantinière si besoin est, Znorko est un formidable créateur d’images.
Wladyslaw Znorko
Une bande d’idiots monte dans un train poussé par quelques officiers, on va vers le front russe et voilà. C’est le grand voyage du brave soldat Schweyk qui commence.
Comédien 1
[Inaudible]
(Bruit)
Journaliste
Et vous êtes qui, vous, dans la pièce ?
Intervenant 1
Moi, dans la pièce ?
Journaliste
Oui.
Intervenant 1
Otto Katz !
Journaliste
C'est-à-dire… ?
Intervenant 1
Un officier fatigué, désespéré et rond.
Wladyslaw Znorko
Ce qui est important, c’est que je ne voulais, en aucun cas, m’adresser au mental des spectateurs. Je ne voulais pas que le spectateur ralentisse son temps, son imagination en essayant de comprendre une syntaxe.
(Bruit)
Comédien 2
[Inaudible]
Wladyslaw Znorko
C’est pour ça que les acteurs parlent, je ne sais pas, dans ce spectacle en catalan, en russe, quelques mots de polonais et surtout, une langue que j’aime beaucoup, c’est une langue imaginaire.
(Bruit)
Comédien 3
[Inaudible]
Journaliste
Inspiré du roman inachevé du Tchèque Hasek, ce voyage de folie nous entraîne dans une Europe forcément en feu. Le train, éternel véhicule du destin des hommes, la saisissante bande-son et le travail d’éclairage restituent à eux seuls le fracas de l’effondrement de l’empire austro-hongrois.
(Bruit)