Ouverture de l'Opéra Bastille avec Les Troyens d'Hector Berlioz

Après son inauguration le 13 juillet 1989, l'Opéra-Bastille tout juste achevé reste fermé huit mois encore avant d'être ouvert officiellement au public. Sous la présidence de Pierre Bergé, et l'administration générale de Georges-François Hirsch, le spectacle inaugural, le 17 mars 1990, dirigé par le directeur musical de l'Opéra, Myung-Whun Chung, est un choix symbolique, et une réparation historique. En effet, non seulement Hector Berlioz ne vit jamais de son vivant la représentation intégrale des Troyens à Paris ou ailleurs (elle ne fut donnée pour la première fois qu'à Karlsruhe en 1890, 21 ans après sa mort), mais Paris ne vit cette première intégrale qu'en cette occasion inaugurale. En effet, l'œuvre a toujours été donnée de façon fragmentaire auparavant à l'Opéra-Garnier, depuis son entrée au répertoire en 1921, malgré des distributions exceptionnelles (Georges Thill, Germaine Lubin, Régine Crespin...) capables d'en rendre la splendeur autant que la durée. Mépris d'une œuvre réputée trop longue, et d'un compositeur trop longtemps délaissé au profit d'autres, en particulier de Wagner, dont certaines œuvres ne sont pas moins longues.

Les huit représentations des Troyens (quatre en une seule soirée, quatre réparties sur deux soirées) sont suivies d'une reprise de Katya Kabanova de Janacek, en mai 1990, tandis que la saison de l'Opéra-Garnier se concentre sur la danse, et la véritable première saison de l'Opéra-Bastille commence effectivement le 13 novembre 1990 avec Otello de Verdi. Une nouvelle production des Troyens est mise au programme par Gérard Mortier en 2006, dans la production du Festival de Salzbourg signée Herbert Wernicke, et dirigée par Sylvain Cambreling.

Entretemps, le Châtelet a fait l'évènement en 2004 en confiant à Yannis Kokkos et à John Eliot Gardiner une production qui fait date par ses qualités musicales novatrices.

Grace Bumbry, la célèbre « Vénus noire » de Bayreuth, qui chante le rôle de Cassandre, et alterne avec Shirley Verret dans celui de Didon, est une familière de l'Opéra de Paris, où elle a débuté en 1960 en Eboli dans Don Carlos et en 1962 en Carmen. Sous l'administration Liebermann, elle  interprète le rôle titre d'Ariane et Barbe-Bleue de Paul Dukas en 1975 et Abigaïl dans Nabucco de Verdi en 1979. Elle revient encore en 1987 chanter Eboli.