Les Troyens au Festival Berlioz de Lyon

18 septembre 1987
03m 01s
Réf. 01008

Notice

Résumé :

Représentés pour la première fois en 1987 dans leur intégralité en France au Festival Berlioz à l'Auditorium de Lyon, sous la direction de Serge Baudo et dans une mise en scène de Patrice Caurier et Moshe Leiser, Les Troyens sont ici présentés par le chef d'orchestre et les deux metteurs en scène, tandis que trois extraits, dont un avec la mezzo Nadine Denise dans le rôle de Didon, illustrent la production.

Date de diffusion :
18 septembre 1987
Source :

Éclairage

Hector Berlioz, le musicien français romantique par excellence, est resté trop longtemps dans l'ombre, que ce soit pendant son existence - où il eut les plus grandes difficultés à faire jouer ses œuvres, trop étrangères au goût du jour - qu'après sa mort, où son rang reste toujours discuté particulièrement en France, où on le classe derrière les grands représentants du postromantisme bourgeois comme Gounod, alors qu'il est depuis longtemps reconnu partout ailleurs comme un des grands musiciens du XIXe siècle, et pas seulement réduit à sa Symphonie fantastique et à La damnation de Faust. Ses opéras, Benvenuto Cellini, Béatrice et Benedict et Les Troyens restent encore peu joués en France.

L'idée de créer un Festival Berlioz – qui lui-même dès les années 1830 a organisé ce genre de manifestation musicale tout neuf à l'époque - pour participer à la valorisation de son image et de son legs vient donc à Serge Baudo. Il l'organise de 1979 à 1989 sous forme d'une biennale, installée à Lyon, seule ville d'importance située à proximité de la ville natale du compositeur, La Côte-Saint-André, et disposant des infrastructures permanentes permettant d'œuvrer en ce sens. L'initiative de Serge Baudo, alors directeur musical de l'Orchestre National de Lyon, permet d'installer cette œuvre dans la permanence, et de monter les opéras de Berlioz encore trop négligés, en profitant de l'Auditorium de Lyon. Ainsi Les Troyens, qui furent montés en 1987, voient-ils enfin leur première exécution intégrale en France, alors qu'en Grande-Bretagne, sous la houlette de chefs comme Sir Thomas Beecham, Rafaël Kubelik ou Colin Davis, l'œuvre est parmi toutes ses autres œuvres lyriques la plus régulièrement fêtée.

Le Festival s'arrête en 1989, et est repris sous la forme d'un nouveau Festival annuel à La Côte-Saint-André, en 1994. La ville a irrégulièrement fêté son enfant dès les années trente, sans pouvoir donner jour à une manifestation de grand renom, faute d'un lieu adéquat. Sous les directions successives d'Alain Picard, Bernard Merlino et Bruno Messina, les équipements nécessaires au caractère résolument symphonique du festival, qui ne programme pas les opéras du compositeur, seront réalisés en créant en 2003 une salle en plein air dans la Cour du Château Louis XI. Depuis 2009, le Festival Berlioz est devenu partenaire du Palazetto Bru Zane (Centre de musique romantique française à Venise), dont la vocation est la remise en valeur du patrimoine musical français du XIXe siècle.

La production des Troyens de 1987 est confiée aux jeunes metteurs en scène Caurier et Leiser, qui loin d'une reconstitution à l'antique cherchent à faire ressortir tout le romantisme de l'œuvre. La distribution comporte la mezzo française Nadine Denise dans le rôle de Didon.

Pierre Flinois

Transcription

(Bruit)
Moshe Leiser
Arrangez-vous pour que vers la fin de la musique, Gloire à Didon, Gloire à Didon, Gloire à Didon, que tout le monde soit pratiquement partis sur les derniers accords. Donc, si vous voyez qu’il y en a encore trop en scène, accélérez un tout petit peu le mouvement, ok ?
Journaliste
Depuis deux mois, plus de 500 personnes choristes, danseurs, chanteurs, musiciens répètent d’arrache-pied. Il faut dire que le plateau est recouvert de tonnes de brisures de riz, sous la houlette de deux véritables jumeaux de mise en scène, bien décidés à montrer que Berlioz au prénom grec était non seulement un grand musicien mais aussi un grand dramaturge. Finalement, vous n’étiez pas trop deux pour cette mise en scène ?
Patrice Caurier
Sûrement pas, non !
(Musique)
Journaliste
Dans le décor unique d’un portant de théâtre chancelant et à travers le drame de la Reine Didon, abandonnée par le chef Troyen Énée, c’est tout le déclin d’une civilisation qui est en jeu.
Serge Baudo
Je crois que c’est un rêve d’ailleurs pour tout chef d’orchestre passionné de Berlioz et de cet opéra ; parce que il n’est pas facile de le monter dans des conditions, je dirais, presque idéales.
Moshe Leiser
Il y aura avant Septembre 87 et après Septembre 87 ; parce que la distribution et la qualité musicale que nous avons ici, l’engagement de tous les chanteurs, le sérieux du travail qui a été fait permet enfin pour la première fois en France de présenter cette œuvre qui est sans doute, l’une des plus capitales du répertoire lyrique français - de la présenter vraiment telle que Berlioz l’avait voulu. Et tous les on dit, tous les préjugés ne viennent que d’une chose, de l’ignorance ; puisque personne en France n’a vu l’œuvre dans son intégralité.
(Musique)
Journaliste
Est-ce que le festival pourra survivre ?
Serge Baudo
Mais il survit magnifiquement. Déjà les programmes de 89 et 91 sont déjà faits alors, je peux ne pas vous dire plus. C’est bon signe non ? Alors, vous voyez, tout va bien. Je suis maintenant très optimiste.
(Musique)
(Silence)