La Damnation de Faust de Berlioz mise en scène par Maurice Béjart
Notice
Georges Auric, directeur de l'Opéra de Paris, présente la production de La Damnation de Faust d'Hector Berlioz mise en scène et chorégraphiée par Maurice Béjart en 1964, dont on voit un fragment de la Marche hongroise.
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Éclairage
C'est le 6 décembre 1846, à l'Opéra-Comique, devant le Duc et la Duchesse de Montpensier, mais dans une salle par ailleurs vide, qu'est créée La damnation de Faust, sous la direction d'Hector Berlioz lui-même, qu'un second concert quelques jours plus tard, à ses frais, achève de ruiner. Il faut attendre 1877 pour que l'œuvre entre - le même soir ! - au répertoire des concerts Pasdeloup et Colonne, et 1897 à celui de l'Opéra de Paris. On a pris l'habitude de mettre en scène cette « Légende dramatique » prévue seulement pour le concert depuis que Raoul Gunsbourg l'a portée à la scène de l'Opéra de Monte-Carlo en 1893, pour en montrer les évidentes qualités scéniques. Et c'est en 1910 que l'Opéra de Paris en présente une première version scénique, remplacée en 1924 par une deuxième production, signée de son directeur Jacques Rouché.
Chef-d'œuvre du romantisme français, La damnation requiert inventivité et sens du grandiose, plus qu'illustration naïve et naturaliste du mythe goethéen. Et c'est ce qu'a su proposer Maurice Béjart, le 13 mars 1964, avec une mise en scène chorégraphiée débarrassée du kitsch néo-romantique usuel, pour inscrire interprètes et danseurs - jouant les doubles des chanteurs - dans les décors et costumes de Germinal Casado, d'une intemporalité bien venue, et d'une force d'expression toute nouvelle à Paris. Igor Markevitch est au pupitre, et dirige Guy Chauvet, Jacques Mars et Denise Monteil, et leurs doubles danseurs Jean-Pierre Bonnefous, Cyril Atanassoff et Christiane Vlassi. Comme le souligne Georges Auric, l'administrateur de l'Opéra de 1962 à 1968, la production est un événement considérable, et l'un des points forts de sa politique de rénovation du répertoire de la RTLN.
La production, reprise régulièrement jusqu'en 1969 au Palais Garnier, est présentée 10 jours de suite au Palais des sports en 1970, avec Jane Rhodes en Marguerite, mais malgré son grand succès ne connaît malheureusement pas les honneurs d'une captation vidéo.
Deux autres productions ont depuis remplacé ce monument, mais à l'Opéra Bastille : celle de Luca Ronconi en 1995, et celle de Robert Lepage en 2001, dirigée par Seiji Ozawa.