Don Carlos de Verdi à l'Opéra de Paris en 1964
Notice
Retour au répertoire à l'Opéra Garnier du Don Carlos de Giuseppe Verdi, créé à l'Opéra de Paris en 1867, dans une nouvelle production signée Margarita Wallmann. Ce spectacle restera comme une des réussites de l'époque, témoignant du renouveau de l'institution sous la direction de Georges Auric et Emmanuel Bondeville.
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Éclairage
Grand Opéra à la française, commande de l'Opéra de Paris - que Verdi avait surnommé "la grande boutique", tant il était exaspéré par la lourdeur de l'institution -, Don Carlos fut créé, Salle Le Peletier, le 11 mars 1867. Il est plus généralement connu dans sa version italienne définitive, Don Carlo, que reprend en mars 1963 le Palais Garnier, faute de pouvoir y présenter une distribution capable de l'interpréter dans la langue et la partition originales.
Cette nouvelle production, due à l'initiative de George Auric, qui invite Margarita Wallmann à en assurer une somptueuse mise en scène, dans les décors impressionnistes de Jacques Dupont, a marqué son époque, car elle offrait à l'Opéra un spectacle de haut niveau scénique, ce dont il manquait alors cruellement, avec un répertoire encombré de productions anciennes, vieillottes ou même totalement dépassées.
Lors de la reprise de juin 1964, dont rend compte le présent reportage, la distribution est largement internationale, puisqu'on y croise l'immense Philippe II du bulgare Nicolas Ghiaurov, l'Infant rayonnant de l'italien Franco Corelli, le Rodrigue du canadien Louis Quilico, mais aussi deux des cantatrices de langue française les plus fêtées alors à l'étranger, l'Elisabeth de Valois de Suzanne Sarroca, et la Princesse Eboli de Rita Gorr.
La soprano française Rita Gorr, membre de la troupe dès 1952 - elle y débute dans Les Indes galantes dues à Maurice Lehmann - a connu son premier triomphe en remplaçant en 1958 au pied levé et en pleine représentation une Aïda défaillante. Elle renouvelle ce succès avec une interprétation de Quinquin du Chevalier à la rose qui la hisse au rang de vedette qu'on invite à New York, Londres ou Vienne. Elle devient ainsi avec Régine Crespin l'une des rares sopranos ambassadrices du chant français d'alors. La mezzo belge Régine Crespin, également en troupe à l'Opéra depuis 1952, est alors au faîte d'une carrière qui la mène de Bayreuth à Milan, de Londres à New York. Mais toutes deux restent fidèles à la maison de leurs premiers grands succès.
Le court extrait filmé ici permet de retrouver ces deux cantatrices dans la fameuse scène de l'acte IV qui oppose la Reine et la Princesse, quand cette dernière avoue spontanément être la maîtresse du Roi. La direction musicale est assurée par Pierre Dervaux, chef permanent à l'Opéra de 1956 à 1970, célèbre pour la précision de sa battue, et passé maître dans la recherche de la couleur - en particulier dans le répertoire français. Il résume ici avec humour les qualités de l'ouvrage le plus français de style de Verdi.
La production sera reprise jusqu'en 1975. La production suivante, en 1986, reviendra enfin à l'original français de la partition, tout comme le fera le Théâtre du Châtelet en 1996, avant que l'Opéra-Bastille ne revienne une fois de plus à la version italienne en 1998.