Herbert von Karajan à Salzbourg
Notice
Lors des répétitions de Boris Godounov de Moussorgski au Festival de Salzbourg 1966, dont on entrevoit quelques scènes, Herbert von Karajan évoque dans un entretien avec Bernard Gavoty, l'origine de sa vocation de chef d'orchestre, de son travail de metteur en scène et la genèse du Festival de Pâques qu'il a fondé en 1967 dans sa ville natale.
Éclairage
Salzbourg est bien sûr le berceau de Wolfgang Amadeus Mozart, mais aussi celui de Herbert von Karajan, qui y est né le 15 avril 1908, et qui a rendu son nom indissociable du Festival créé en 1920 par Max Reinhardt, Hugo von Hofmannsthal, Richard Strauss, Franz Schalk et Alfred Roller.
C'est très tôt dans sa carrière que le jeune chef d'orchestre dirige dans sa ville natale : son premier opéra, Fidelio de Beethoven au Landestheater dès 1927, son premier concert au Mozarteum en 1929, puis la musique de scène du Faust de Goethe au Festival en 1933. Sa carrière l'entraîne ensuite dans des postes à Aix-la-Chapelle, Vienne et Berlin, jusqu'à ce qu'il soit interdit de direction pendant 2 ans suite à ses implications dans le nazisme. L'été 1948, il dirige Les Noces de Figaro et l'Orphée de Gluck au Festival, mais n'y est pas réinvité du fait de son antagonisme avec Wilhelm Furtwängler. Il faudra la mort de celui-ci, fin 1954, pour qu'il soit aussitôt nommé directeur à vie du Philharmonique de Berlin - dont il fait le premier orchestre du monde en matière de renom, et pour lequel il suscite la construction de la Philharmonie par Hans Scharoun.
Suit en 1956 la direction artistique du Festival de Salzbourg, poste qu'il occupe jusqu'en 1960. Il y dirige Fidelio, Falstaff, Don Carlos, Orphée, et en 1960 Le Chevalier à la rose et Don Giovanni au nouveau Grosses Festspielhaus dont il est à l'origine de la construction. Membre du directoire du Festival à partir de 1964, il en est en fait le véritable maître jusqu'à sa mort en 1988, modelant à sa façon, très autocratique, le destin de la manifestation et la vie culturelle de la ville de Mozart. Il y dirige chaque été deux concerts avec le Philharmonique de Berlin, et nombre de productions lyriques dont il est aussi le metteur en scène : Carmen, Boris Godounov - dont on suit ici quelques instants de répétitions avec Sena Jurinac en Marina - , Otello, Salomé, Don Carlos, Aïda ... toujours avec le Philharmonique de Vienne dans la fosse.
En 1967, il fonde le Festival de Pâques, afin de diriger à nouveau les opéras de Wagner qu'il ne peut plus réaliser selon ses idées depuis sa rupture avec l'Opéra de Vienne en 1964, dont il assure en parallèle à Salzbourg la direction artistique depuis 1957. Au programme de chaque Festival, un opéra joué 2 ou 3 soirs, très rarement deux, et six concerts symphoniques ou de musique sacrée, tous avec le Philharmonique de Berlin. Après La Walkyrie inaugurale, il y dirige L'Anneau du Nibelung en entier, puis le reste des opéras de Wagner - sauf Tannhäuser - puis quelques opéras du grand répertoire comme Falstaff, Tosca, Turandot, Don Giovanni... jusqu'à sa mort. Il fonde en parallèle le Festival de Pentecôte, consacré à des concerts symphoniques.