Jean-Pierre Ponnelle au Festival de Salzbourg
Notice
Reportage sur le Festival de Salzbourg 1981, centré sur la personnalité du metteur en scène français Jean-Pierre Ponnelle, et de deux de ses productions, Les Contes d'Hoffmann d'Offenbach et La Flûte enchantée de Mozart.
- Carl (de) Nys - Auteur
- Jean-Pierre Ponnelle - Mise en scène
- Wolfgang Amadeus Mozart - Compositeur(trice)
- Jacques Offenbach - Compositeur(trice)
- Alfred Brendel - Musicien(ne)
- Placido Domingo - Chanteur(se)
- Alfred Brendel - Chanteur(se)
- Jocelyne Taillon - Chanteur(se)
- James Levine - Direction musicale
Éclairage
Jean-Pierre Ponnelle, né en 1932 à Paris, et mort en 1988 à Munich, reste comme l'un des metteurs en scène d'opéra les plus importants du XXe siècle. Comme nombre de créateurs français, il fait carrière essentiellement à l'étranger, et en particulier Outre-Rhin, où il a débuté comme décorateur - participant entre autres aux créations du Roi Cerf et de Boulevard Solitude de Hans Werner Henze à Berlin - puis comme metteur en scène (Tristan et Isolde de Wagner en 1962 à Düsseldorf). Vite remarqué grâce à une production de La Clémence de Titus de Mozart à Cologne avec le chef Istvan Kertész - spectacle emblématique repris plus tard à Londres, Munich, Salzbourg - il est invité partout... Mais très rarement en France, où seul l'Opéra de Strasbourg lui offre sa scène de façon récurrente à partir de 1965, en particulier pour des cycles Mozart et Puccini qui ont fait date. Jean-Pierre Ponnelle ne réalise qu'une seule mise en scène à l'Opéra de Paris, Cosi fan tutte de Mozart, de 1974 à 1980, et sa production de la Cenerentola de Rossini, conçue pour La Scala de Milan, n'y est invitée, à titre posthume, qu'en 2011, soit 23 ans après son décès ! Le Théâtre des Champs Elysées produit pour lui et pour Daniel Barenboïm un cycle Mozart Da Ponte à partir de 1982.
Parmi les productions emblématiques du metteur en scène, il faut citer son Tristan de Bayreuth de 1981 à 1987 avec Barenboïm, son Hollandais volant de Wagner à San Francisco, son Ring de Wagner à Stuttgart, son Pelléas et Mélisande de Debussy et son Lear d'Aribert Reimann, écrit pour Dietrich Fischer-Dieskau, tous deux à Munich, un autre de ses ports d'attaches réguliers. Citons également Zurich, où son cycle Monteverdi avec Nikolaus Harnoncourt fit l'Histoire à la fin des années 70, comme ses productions des opéras seria de Mozart (Lucio Silla, Mitridate ...) avec le même chef dans les années 80.
C'est en 1968 que le Festival de Salzbourg l'invite à monter Le Barbier de Séville de Rossini avec Claudio Abbado : le succès est immense, et Ponnelle devient l'un des piliers du Festival. Suivent Cosi fan tutte en 1969 avec Seiji Ozawa, Les Noces de Figaro de Mozart en 1972 avec Herbert von Karajan (production reprise jusqu'en 1988), La Clémence de Titus en 1976 avec James Levine, Don Giovanni de Mozart avec Böhm (et des décors pour le Sant'Alessio de Landi mis en scène par August Everding) en 1977, La Flûte enchantée en 1978 (reprise jusqu'en 1987), Les Contes d'Hoffmann d'Offenbach en 1980, Idomenée de Mozart en 1984, Moïse et Aaron de Schönberg en 1987, toutes ces dernières productions avec Levine.
Attentif à mettre en scène la musique d'abord et à faire ressortir les vertus dramatiques des partitions, créant ses décors pour assurer l'unité d'un propos scénique d'une grande liberté sans pour autant bousculer les partitions, Ponnelle est l'un des maîtres qui ont assuré le renouveau de la tradition opératique dans ce qu'elle a de plus abouti, dans les années 1960-1980. Captivé par les techniques audiovisuelles, il laisse plusieurs films de ses productions, en particulier Le Barbier de Séville, Les Noces de Figaro, La Clémence de Titus, Rigoletto, Mme Butterfly, La Cenerentola, Carmina Burana de Orff, en sus des nombreuses captations de ses spectacles en scène.
Le reportage, qui donne une rapide image économique et artistique du Salzbourg festivalier permet, au delà des commentaires lucides d'Alain Schneider et de Carl de Nys et d'une trop brève interview de Jean-Pierre Ponnelle, de voir quelques courts instants de deux de ses productions : Les Contes d'Hoffmann avec Placido Domingo et Edda Moser, à laquelle participe également la mezzo française Jocelyne Taillon, et La Flûte enchantée, avec le Papageno de Christian Boesch et la Pamina de Lucia Popp. Quelques instants du Jedermann annuel de Hugo von Hofmannsthal, et d'un concert du pianiste Alfred Brendel complètent le tableau de la diversité artistique du festival le plus considérable du monde.