Portrait de Josef Nadj

21 décembre 1997
07m 06s
Réf. 00253

Notice

Résumé :

Portrait de Josef Nadj qui présente des extraits de plusieurs de ses chorégraphies interprétées par sa troupe et du spectacle Le Cri du caméléon sur lequel il a travaillé avec la compagnie Anomalie. Commentaires du chorégraphe qui parle de l'influence de son père charpentier sur les thématiques de ses créations (le bois, la table) et de son rapport à la matière.

Type de média :
Date de diffusion :
21 décembre 1997
Source :

Éclairage

Josef Nadj est un chorégraphe, plasticien et photographe né en 1957 en ex-Yougoslavie. Très jeune, il pratique le dessin et envisage une carrière de peintre. C'est au cours d'études d'histoire de l'art et de musique à Budapest qu'il s'initie à l'expression corporelle et au théâtre. En 1980, il part à Paris et prolonge sa formation auprès de Marcel Marceau, Etienne Ducroux et Jacques Lecoq. Il prend également des cours de danse contemporaine, de taï chi, de butô, de danse contact. Il devient interprète dans des créations chorégraphiques de Sidonie Rochon, Catherine Diverrès, François Verret, Mark Tompkins. En 1986, il fonde sa compagnie et son premier spectacle, Canard pékinois, est présenté en 1987 au Théâtre de la Bastille, puis au Théâtre de la Ville à Paris.

Depuis, Josef Nadj a créé une vingtaine de spectacles riches de sa formation éclectique et de ses origines slaves, entre théâtre et danse, réel et onirique, drôle et sombre. Son parcours est jalonné d'influences littéraires et d'hommages aux auteurs : Beckett (Le Vent dans le sac, 1997), Kafka (Les Veilleurs, 1999), Büchner (Woyzeck, 1994) ou Michaux (Asobu, 2006). Depuis 1996, il expose régulièrement ses oeuvres plastiques et photographiques. En 1995, il est nommé directeur du Centre chorégraphique national d'Orléans.

Claire Libbra

Transcription

(Musique)
Présentateur
Des Balkans, il a emmené quelques amis, une vision du monde, noire et lumineuse à la fois, tout un vocabulaire enfin. Josef Nadj est né en Yougoslavie, sur une parcelle de territoire de culture hongroise. Dans sa recherche d'un art total, plastique, théâtral, chorégraphique, son enfance campagnarde ne cesse de lui fournir les outils d'un langage d'homme de bois.
Josef Nadj
[Incompris] [Incompris]
(Musique)
Josef Nadj
Le bois, comme une matière très très propre, très chaude et élémentaire, je dirais, est mon compagnon depuis très longtemps. Mon père était charpentier. Dans ma jeunesse, je travaillais beaucoup avec lui. Donc le premier contact était à travers un travail physique. Ça c'est quotidien et j'ai appris à aimer cette matière-là. Aujourd'hui, je le vois autrement évidemment. Donc ça prend une dimension symbolique le bois. Donc, j'évoquais à plusieurs reprises, dans plusieurs lieux, l'arbre de la connaissance, l'arbre du péché originel, qui se transforme, qui crée d'autres espaces, des fois inquiétants, des fois plus pesants, des fois plus tendres.
(Musique)
Josef Nadj
Donc la table, c'est je dirais le premier motif qui est le plus cher de tous, qui était aussi une expérience de mon enfance, c'est la table de mon grand-père, où il stockait ses livres, sur la table. Et moi, comme enfant, je venais régulièrement chez lui et je découvrais toujours sur la table un livre différent avec lequel je partais en voyage. Donc pour moi, c'est devenu le centre même de mes réflexions, le point de départ de mon voyage, de mon imagination.
(Musique)
Josef Nadj
Mais la première fois, quand j'essayais de transformer le monde, mes visions, c'est venu avec le papier, avec le dessin et, puis quelquefois, j'ai continué dans mes pièces, toujours d'approfondir cet aspect visuel de mes idées, de mes motifs. Donc après quinze ans, c'est plus qu'une nécessité de retrouver ce rapport avec la matière, cet apport intime, et d'approfondir quelques formes, quelques idées à travers un espace figé.
(Silence)
Josef Nadj
Le corps humain m'intéresse dans toutes ses expressions, donc les limites du corps. Avec eux, je gagnais un peu plus quelques espaces que ce que nous avec les danseurs, les acteurs, on n'exploite pas vraiment. Les espaces aériens, les sauts, les jonglages aussi. Donc, c'est un espace mort.
Présentateur
C'est avec la troupe Anomalie, issue de l'Ecole Nationale du Cirque que Nadj aura ouvert pour la première fois la chorégraphie à l'art de la piste.
Josef Nadj
Regard, on dit que ce que... on a dit absurde, que je porte sur le monde, que je peux porter sur le monde à travers mes pièces. Elle est portée mieux avec un bouffon, avec le coeur d'un bouffon, d'un clown. Parce que le bouffon est de rire de n'importe quel sujet, de le détourner en dérision, de la capacité à le détourner et de revenir. C'est cette profondeur-là qui m'intéresse.
(Musique)
Présentateur
De Josef Nadj, Caroline Carlson a dit qu'il est le génie de ces dernières années.
Josef Nadj
Je n'essaie jamais d'analyser ou de faire une évaluation de qu'est-ce que ça peut représenter, le travail. On le prend au sérieux ce qu'on fait et quotidiennement on vit avec et le reste, ça ne nous intéresse pas.