Yona Friedman à propos de la machine à inventer les appartements

23 septembre 1969
03m 04s
Réf. 00061

Notice

Résumé :

Yona Friedman, architecte d'origine hongroise, explique un projet conçu pour l'exposition d'Osaka en 1970. Les visiteurs de cette exposition auront la possibilité de choisir les plans de leur appartement et son emplacement, construisant ainsi eux-mêmes leur ville, dont la visualisation se fera sur un écran au fur et à mesure.

Type de média :
Date de diffusion :
23 septembre 1969
Source :
ORTF (Collection: Eurêka )
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Éclairage

Architecte utopiste et théoricien hongrois, Yona Friedman publiera plus qu'il ne construira. Il participe à la réalisation des premières colonies résidentielles israéliennes avant de développer à travers ses dessins enfantins, une "utopie réalisable" dont la réussite dépend de la volonté des individus. En réponse à la problématique du déplacement urbain, thème central du Xe congrès des CIAM, il propose de mettre en place une "architecture mobile", composée d'habitacles autonomes flexibles capables d'opérer des transformations continues afin d'assurer la mobilité sociale. Ces cellules s'accrochent librement en n'importe quel point d'une méga-structure surélevée de 35 mètres au dessus du territoire, portée par des pylônes supports des circulations verticales et garantissant les connections de fluides nécessaires.

La "ville spatiale" concilie production de masse et "habitat décidé par l'habitant" tout en prônant "l'auto-planification", laissant libre court à l'improvisation des usagers. Cette trame, après avoir défini une "ville continent" puis une "ville privée", deviendra la "ville du troisième millénaire", à l'impact minimum dans le paysage naturel, utilisant les matériaux disponibles sur place, libérant le sol afin de l'exploiter. Ville saisonnière aux habitants migrateurs, elle économise l'énergie tout en offrant un cadre de vie idéal. A 95 ans, Friedman projette une série de ponts sur le Yangzi Jiang, superstructures entrelacées qui abritent les populations déplacées par la montée des eaux.

Marion Michaut

Transcription

Interviewer
Monsieur Friedman, voulez-vous nous parler de cette machine à inventer les appartements ?
Yona Friedman
Voilà, moi j'appelle cette machine à choisir. Pratiquement, mettons qu'il y a énormément de possibilités d'appartements. On peut faire des millions et des millions. Et si j'aurai fait un répertoire, j'appelle ça une carte de menus de ces machines, toutes les possibilités sont représentées, desquelles n'importe qui peut choisir n'importe quoi, ce qu'il veut. Ça aurait été un énorme bouquin, seulement plein, avec des petits plans. Au lieu de ça, j'ai fait quelque chose comme une machine à écrire. Ça veut dire qu'au lieu d'un bouquin, j'ai fait l'outil qui imprime le bouquin. Et dans cette machine, il y a un clavier qui représente les différentes configurations, les différentes formes, les différentes positions de cuisine, de salles de bain, de toilettes, Et chacun peut en manipulant différentes touches de ce clavier, imprimer pour soi-même l'appartement qu'il préfère. Je ferai la première expérience pour l'exposition en 1970 à Osaka, où cette machine n'aurait pas plus de cinquante-trois touches. Avec cinquante-trois touches, on peut aller pour trois à cinq millions différents appartements. Et chaque visiteur de cette exposition bien entendu imprimera pour soi-même son appartement. Après ça, il arrive à une deuxième machine. La deuxième machine est une machine à choix par laquelle chacun choisit l'emplacement de son appartement dans la ville. Ça veut dire tel et tel îlot, tel et tel étage. Et de nouveau dans cette infrastructure, nous l'appelons comme ça, il imprime son choix. Si le choix est déjà pris, alors la machine allume une petite ampoule qui dit : « choisissez de nouveau ». Si le choix est libre, la machine enregistre le choix et enregistre son petit plan d'appartement. La machine en même temps, fait un contrôle si le choix d'une personne ne bloque pas l'accès pour une autre personne pour son appartement. Et ne bloque pas la lumière et la ventilation. Et ainsi dans cette exposition, les dix millions de visiteurs de cette exposition imprimeront, construiront une ville de dix millions d'habitants, Qui au fur et à mesure se visualise sur un écran de télévision, devant les personnes qui construisent la ville.