Centre d'hébergement nord-africain à Marseille et à Lille
Notice
La Sécurité sociale a dépensé depuis 1952 près de 2 milliards et demi à Marseille et Lille pour permettre aux immigrés nord africains, que le gouvernement fait venir en masse en France, de quitter les bidonvilles qu'ils occupent pour se loger dans des centres d'hébergement, au confort modeste mais décent. Vingt-trois autres centres de ce genre sont en cours de réalisation.
Éclairage
Les bidonvilles posent notamment la question de l'articulation entre prospérité économique et flux migratoires et sont un indicateur des processus de discrimination. De ce point de vue, le cas de la France est caractéristique d'une situation non anticipée. En effet, dans les années cinquante, la reconstruction entraîna le recrutement massif de travailleurs immigrés. Or, ces derniers furent confrontés à des problèmes de logement qui, par ailleurs, dépassaient leur seule condition. Aussi n'eurent-ils souvent pas d'autres solutions que de rejoindre des habitats de fortune à la périphérie des villes.
Si le problème posé par les bidonvilles fut reconnu dans les années cinquante, il ne fit l'objet d'une réelle prise en compte que bien plus tardivement, c'est-à-dire au cours de la décennie suivante, et après. Quant aux régions les plus touchées par ces difficultés, ce sont Paris et sa banlieue, la Provence, le Nord. Enfin, parmi les communes les plus concernées, on trouve Paris et sa banlieue, Lille et Marseille.
Si les pouvoirs publics tardèrent à se pencher sur les causes et problèmes engendrés par l'existence de bidonvilles, des médias, en revanche, lui consacrèrent des papiers ou reportages. Ainsi le 29 octobre 1957, le quotidien France Soir dresse une cartographie des bidonvilles de la région parisienne, mais en stigmatisant ces lieux et leur population. De ce point de vue, le titre de l'article en question est symptomatique : « Une ceinture de bidonvilles entoure Paris : À Nanterre : "Nous n'osons plus sortir le soir disent les habitants des pavillons". À Argenteuil : une cité du taudis dans les ruines du château de Mirabeau ».
La séquence des Actualités françaises diffusée quelques mois plus tôt (le 22 mai 1957) se distingue de cette interprétation tout en donnant une vision très partielle de la réalité. Déjà, c'est d'une population spécifique dont le commentateur parle, celle que représentent les Algériens. Or, ces derniers ne constituent que 10 % de l'ensemble de la population de ces lieux.
Pour autant, crise algérienne oblige, l'attention des pouvoirs publics s'est effectivement attachée à ces groupes dont on craint qu'ils ne soient le foyer des nationalistes. De plus, les conditions insalubres de vie dans ces bidonvilles constituaient un sévère démenti à l'affirmation selon laquelle les populations d'Afrique du nord bénéficiaient des mêmes droits que ceux des métropolitains.
En donnant à voir une politique volontariste d'intégration via la création de logements sociaux par la Sécurité sociale, cette séquence coupe donc court – du moins métaphoriquement – aux critiques pouvant mettre à mal l'idée de « paix sociale ».