La catastrophe de Mourepiane
Notice
Un attentat du FLN contre le dépôt d'hydrocarbures de Mourepiane à côté de Marseille a provoqué un gigantesque incendie. Un dispositif de surveillance a dû être mis en place - avec surveillance des égouts - pour éviter toute propagation du sinistre. On décompte 17 blessés et disparus.
Éclairage
Dans la nuit du 25 août 1958, à Mourepiane, près de Marseille, explosait un dépôt d'hydrocarbures. Pour assurer la réussite de cette explosion et de ses effets sur l'opinion, une stratégie de diversion avait été imaginée par le FLN : elle consistait en une série d'incendies déclenchés un peu plus tôt dans les forêts de l'Estérel. L'explosion de la nuit (3 h 15) fut suivie d'une autre le matin (8 h 45) et d'une autre encore le soir (20 h 20). Un pompier Jean Péri, y trouva la mort, tandis qu'on dénombrait dix-neuf blessés dont le maire de Marseille, Gaston Defferre, légèrement blessé au pied lors de sa visite sur les lieux.
Perpétré par les groupes de choc de l'Organisation spéciale (OS), une branche armée du FLN, cet attentat marqua fortement les esprits d'autant qu'au cours de cette même nuit et des semaines suivantes, de nombreux autres coups d'éclat eurent pour effet de transposer sur le territoire métropolitain la matérialité de la guerre.
C'est à la Fédération de France du FLN – créée en métropole en 1955 – que l'on doit ces gestes spectaculaires qui devaient aussi faire en sorte qu'un lien soit maintenu avec les nombreux Algériens vivant en métropole. S'inscrivant dans l'ouverture d'un deuxième front, ils résultaient techniquement et stratégiquement d'un quadrillage de la métropole en sept régions administratives (wilaya), l'ensemble devant donner un autre souffle au combat pour l'indépendance.
Justement, c'est précisément le 22 août que les principaux responsables de cette organisation se retrouvèrent à Sceaux pour y décider des actions à mener et concrétiser ce front envisagé deux ans auparavant...
Le 3 septembre 1958, lorsque les Actualités françaises traitent de « La catastrophe de Mourepiane », l'état de choc consécutif à celle-ci s'est un peu atténué, quand bien même les actions du FLN n'ont pas cessé en métropole. Ainsi le commentateur peut-il présenter une situation relativement maîtrisée et laisser entendre que celle-ci est sous contrôle « grâce à l'action ininterrompue des marins-pompiers ».
À une musique aux accents catastrophistes sont donc associés des images et un propos rassurants. À noter une comptabilité des victimes fautive : dix-neuf blessés et disparus sont annoncés. Or, l'accident n'a pas fait de disparus. En revanche, dix-neuf personnes ont effectivement été blessées mais un pompier est également décédé.