Français à part entière
Notice
Ce film est un appel aux musulmans à aller voter "Oui" au référendum constitutionnel proposé par le général de Gaulle en 1958.
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Éclairage
Une fois installé au pouvoir, le général de Gaulle met en place très rapidement le référendum du 28 septembre 1958 : « Approuvez-vous la Constitution qui vous est proposée par le Gouvernement de la République ? » (voir le document Les résultats du référendum du 28 septembre 1958). En Algérie, cela passe par le vote pour la première fois de les tous les électeurs d'Algérie (« musulmans » et « européens », donc), sur le modèle « 1 homme, 1 voix ». Ce n'est pourtant pas de Gaulle qui a instauré le collège unique, puisqu'il a été créé par la loi du 5 février 1958 – par contre il a instauré le droit de vote des femmes en Algérie en août 1958. L'inégalité électorale prévalait jusqu'alors, la création d'une nouvelle Assemblée algérienne en 1947 n'ayant pas été jugée suffisante par les indépendantistes (1 voix d'Européen équivalent à 10 voix de « musulmans »), et les élections de 1948 ayant été truquées pour empêcher leur accession à la représentation électorale. Le FLN interdit logiquement aux Algériens de participer au scrutin de septembre 1958 afin de continuer à porter la logique de l'indépendance. Pourtant, le référendum a été ratifié par 75% des inscrits en Algérie. Pour de Gaulle, répondre « oui », « dans les circonstances présentes, cela voudra dire, tout au moins, que l'on veut se comporter comme un Français à part entière et que l'on croit que l'évolution nécessaire de l'Algérie doit s'accomplir dans un cadre français ». Dans les faits, il s'est surtout agi de la première fois où les Algérien(ne)s ont pu voter de manière égalitaire.
Ce film date du 21 août 1958 ; tiré à 500 copies et diffusé dans la plupart des zones et secteurs, il est clairement fait pour inciter les « musulmans » à aller voter au référendum que de Gaulle a organisé en septembre. Il s'agit d'un film de propagande dédié aux « musulmans », auxquels il s'adresse directement par le vouvoiement (une figure de style qui est très rare) ; il est cependant écrit dans un style particulier, très répétitif, qui ne fait pas grand cas de l'intelligence du public visé, insistant sur la parole donnée du « chef » : « Charles de Gaulle est un grand général, qui incarne la France véritable, pure et droite, et qui tient ce qu'elle promet ». Le film insiste à la fois sur la figure tutélaire de de Gaulle (« Il est la France ») et sur la nouveauté démocratique : « En venant voter au référendum, vous déciderez du destin de vos enfants ». La construction de maisons et l'éducation des enfants sont rappelées : « le général de Gaulle vous demande de venir voter au référendum pour que vos enfants puissent devenir des hommes sains et forts ». Le travail pour tous est également promis. « Il faut participer en masse au référendum ; que tous y participent, ceux des villes, ceux des douars, des plaines et des djebels, et même ceux là qui ont cru devoir mener sur ce sol un combat cruel et fratricide ». Le film préfigure déjà la « paix des braves » à travers la « réconciliation » annoncée avec les anciens rebelles. « Avec tout cela, les destructions inutiles prendront fin », et il y aura une « moisson de fraternité ». Le film se termine sur le logo de la croix de Lorraine et la photo du général sur une musique militaire, les termes « rénovation » et « fraternité » étant mis en avant.