Comice agricole à Peyrehorade

L'élevage domestique est un des trois piliers de la polyculture aquitaine traditionnelle, avec la culture des céréales (blé, maïs essentiellement) et la viticulture. Il présente plusieurs intérêts pour l'agriculteur : remplacement des animaux de trait, fourniture d'argent frais par la vente du lait et des élèves (veaux, porcelets), nourriture pour la famille (porcs, volailles) dans un souci de s'approcher d'un idéal de vie en autarcie, et ce dans le cadre de l'exploitation familiale où la main-d'œuvre ne manque pas. Dans les exploitations les plus étendues, tenues par les notables ruraux, dès le XIXe siècle, le souci d'améliorer les espèces a été constant : l'institution des concours agricoles ou comices a permis une saine émulation entre les éleveurs et la circulation des informations.

Le comice agricole de Peyrehorade, tenu en octobre 1963, regroupe, au niveau interdépartemental, les gagnants des comices cantonaux, et présente donc les meilleurs produits de la région. Assez significativement, et conformément aux habitudes des actualités télévisées de l'époque, ce sont les autorités qui occupent la première place, élus et fonctionnaires, costumés et cravatés, reléguant au second plan les éleveurs, en tenue plus ordinaire, qui n'apparaissent guère que comme conducteurs des animaux ou masse de spectateurs, des hommes et quelques enfants, sans aucune présence féminine, même si la fermière joue un rôle important dans la pratique de l'élevage, et pas seulement de la volaille.

L'accent est mis sur les bovins avec les races bazadaise et frisonne pie noire, animaux plus "nobles" que les porcins ou les ovins, en l'absence d'élevage du cheval dans le département. Cette réunion est le témoin, le dernier témoin serait-on tenté de dire, d'un monde qui est en train de subir de notables bouleversements à cause de l'irruption de la mécanisation qui oblige à commercialiser une bonne partie de la production agricole et pastorale. La concurrence, au niveau national, de producteurs beaucoup mieux armés et produisant à moindre coût, a été alors fatale aux plus petites exploitations familiales qui n'ont pas la taille optimum pour rentabiliser l'achat des tracteurs et autres outils. Bientôt, la polyculture va laisser la place dans une bonne partie du département à la grande culture céréalière (maïs), dans le cadre d'exploitations nettement plus étendues. Une certaine polyculture a pu se maintenir, cependant, notamment dans le sud du département grâce à l'apport de productions de qualité (vin, volailles, bovins pour la viande), mais avec une population agricole nettement diminuée.