La foire agricole de printemps de Labouheyre

18 mars 1972
06m 18s
Réf. 00149

Notice

Résumé :

La foire de printemps de Labouheyre perpétue la tradition des foires agricoles du village dont les origines remontent aux années 1880. La vente de matériels agricoles y est plus discrète ; les attractions foraines et les stands de vêtements ayant plus de succès. Ce lieu de rencontre apprécié des Bouheyrotes affiche cependant une baisse de la fréquentation.

Date de diffusion :
18 mars 1972

Éclairage

Les foires ont connu leur apogée au XIXe siècle au moment même où les campagnes connaissaient leur maximum de population. Celles de Labouheyre, gros bourg à demi rural du nord des Landes, ont été créées plus tardivement, dans les années 1880 : au nombre de quatre, elles se sont perpétuées au long du XXe siècle comme en témoigne ce document daté de 1972 qui, après avoir présenté le bourg, entre dans le vif du sujet, la foire agricole de printemps, une réunion qui n'est pas que cela et qui, à ce moment-là, ne l'est plus guère, car il est loin le temps où les mules, animaux de trait traditionnels de la Haute Lande, animaient ces manifestations. Quelques tracteurs les ont remplacées, mais les agriculteurs ne sont pas bien nombreux, les exploitations de la commune atteignant cinq ou six cents hectares.

Cette foire est donc un objet mixte, ce qu'elle était déjà d'ailleurs : un lieu de rencontre, où l'on se retrouve d'une année, ou d'une foire, à l'autre, une fonction qui perdure, malgré les facilités des communications. Un lieu de divertissement ensuite : une fête foraine, en quelque sorte, animée, en outre, par les bateleurs tâchant d'attirer et d'appâter le chaland. Un lieu de commerce, enfin, ce qui est la fonction de toute foire, mais on n'y trouve rien de bien rare ; c'est un commerce de proximité qui vient à vous, une sorte de galerie marchande temporaire, en plein air. Et il faut être bien optimiste, comme l'adjoint au maire, pour croire au maintien de ces foires en l'état. Les supermarchés et la généralisation de la voiture dans les campagnes ne vont pas tarder à sonner le glas de celles qui avaient perduré, du moins en gardant ces mêmes fonctions.

Elles peuvent résister en se transformant, comme d'autres se sont transformées auparavant. Il est assez extraordinaire qu'à Labouheyre, les foires aient remplacé la fête votive, alors que partout ailleurs, d'anciennes foires, dont les fonctions commerciales sont tombées en désuétude, se sont transformées en ferias (c'est le même mot) en privilégiant une des fonctions de la foire : le divertissement, la fête. Quand les foires duraient plusieurs jours, il fallait que ceux qui s'y rendaient trouvent sur place tout ce qu'il fallait pour occuper au mieux cette parenthèse dans une vie quotidienne monotone vouée au labeur. Avant d'être les fêtes que l'on sait, la San Fermín de Pampelune a été, depuis le Moyen Âge, une foire franche comme l'a été pendant des siècles la Madeleine de Mont-de-Marsan...

Francis Brumont

Transcription

(Musique)
Journaliste
Labouheyre, dans le département des Landes à 25 km de Mimizan, 2 800 habitants, les Bouheyrots. Le clocher est en pierre de Landes, son toit est plat car c’était il y a quelques dizaines d’années, un relais du télégraphe par signaux entre Bordeaux et Bayonne.
(Musique)
Journaliste
Un CEG tout neuf, ouvert à la rentrée 71, il n’est pas encore terminé. Il accueille 400 élèves.
(Musique)
Journaliste
Le monument du village, une colonne du haut de laquelle le buste de Brémontier veille impassible sur le passage à niveau. Monsieur Brémontier était l’ingénieur qui a fixé les dunes par des semis de pins. Labouheyre, vocation industrielle et artisanale. Usines de transformation du bois. L'agriculture c’est surtout le bois et aussi le maïs. Les petites exploitations sont remplacées par de plus grandes, 500, 600 ha. Les artisans sont ceux du bâtiment et ceux des métiers du cuir. Le fabricant de licol de mule est maintenant tout seul à faire ce métier.
(Bruit)
Journaliste
Il y a au village une foire traditionnelle depuis les années 1880. Au début, c’était une foire aux mules. Les acheteurs venaient en brosse, en chariot d’assez loin, se fixaient aux alentours et campaient pendant 4 jours.
(Bruit)
Journaliste
Les choses ont bien changé. Il y a maintenant 4 foires trimestrielles, mars, juin, septembre la plus importante et décembre. La fête locale et paroissiale est remplacée par les 4 foires commerciales doublées d’une fête foraine. La foire aux mules est devenue une foire d’affaires.
(Bruit)
Marcel Folliguet
C’est un lieu de rencontre, un grand lieu de rencontre surtout les foires de Labouheyre. Les gens des environs, de très loin viennent, n’est-ce pas ? Vous avez entendu tout à l’heure. Ils se retrouvent, ils ne se sont pas vus depuis l’an dernier. Et ils sont très, très heureux de se retrouver à Labouheyre.
(Bruit)
Journaliste
Après la Seconde Guerre mondiale, les GMC américains ont remplacé les mules. Et peu à peu, la foire agricole a perdu de sa tradition. Stocks américains, vêtements, chaussures, bibelots, tout ce qui est commercial n’intéresse plus tellement les jeunes.
(Bruit)
Inconnu
Ça partira encore avec, ce n’est pas terminé. Tiens, vous l’avez eu une fois, on vous le donnera deux fois messieurs, dames. Les 16 fondants de Lorraine. Et comme ceci, une des meilleurs des marques françaises internationales, ça part encore avec. Allez, tenez, on ne risque rien aujourd’hui hein. [Incompris] Vous l’avez eu une fois, vous l’aurez deux. Tenez, vous voulez ce sac madame ? J'ai bien dit, celui-là, c’est pour le monsieur. Tenez, on va vous servir. Regardez bien madame.
(Bruit)
Inconnu
Pour le moment, moi et mes copains, ça ne m’intéresse pas, ça ne nous intéresse pas. Il vaut mieux une foire à attractions pour nous. Ça, c'est plutôt pour les personnes âgées, plus âgées.
(Bruit)
Journaliste
En revanche, c’est encore l’occasion de se rencontrer, d’acheter, de discuter à propos du matériel agricole qui existe quand même sur la foire. Les vendeurs arrivent même à se disputer avec le garde champêtre pour obtenir un emplacement qui leur convienne.
(Bruit)
Inconnu
La prochaine fois, je voudrais être mieux que ça hein. J’aurai voulu dans le milieu-là hein. Ce sera pas possible ? Les voitures, on va les mettre dans le milieu. Les voitures ne passent pas là. Les voitures et puis quoi ? Les avions aussi hein. Et puis vous savez, si vous n’êtes pas content, on va maintenant dans la Mairie. [Incompris]
Marcel Folliguet
Une foire agricole pourquoi ? Parce que dans la région, quoiqu’on en dise, il y a encore des agriculteurs. Et vous en jugez par vous-même que sur cette foire, on voit encore du matériel agricole.
Journaliste
Pas beaucoup quand même.
Marcel Folliguet
Bien sûr, bien sûr. Il n’y a plus beaucoup de matériel agricole. Ça commence à s’amenuiser si vous voulez. Mais enfin, ici, le plus gros matériel est présenté, des tracteurs. Vous allez voir quand même des machines à ramasser le maïs, des machines importantes. Vous trouverez aussi un rayon à machines agricoles. Nous disons un peu pour le bricoleur, pour le petit… le petit ménage encore.
Journaliste
Marcel Folliguet, adjoint au maire, nous a aussi montré les acheteurs des cloches de vache, très pointilleux sur la sonorité qui convient à leur troupeau.
(Bruit)
Journaliste
Qu’est-ce que vous en pensez de la foire ?
Inconnue
C’est une foire comme une… un peu, très foire de mois de mars, pas beaucoup de monde et pas beaucoup d’argent surtout.
(Bruit)
Journaliste
À mi-chemin entre la tradition de la foire agricole et la nouvelle foire d’affaires, le sabotier, il ne se plaint pas.
(Bruit)
Journaliste
Est-ce qu’une foire agricole vous rapporte de l’argent ? Est-ce que ça vaut la peine de venir ?
Intervenant
Oh, bien naturellement, il faut vendre quelque part. Qu’est-ce que vous voulez ? On est obligé de vendre sur les marchés, les foires. Autrement, on ne vendrait pas hein. Ça… Vous êtes à la maison, si vous, vous fabriquez si vous ne pouvez pas, si vous ne faites rien pour liquider votre marchandise, il va rester là. Il faut faire quelque chose.
Journaliste
Donc, ça vaut la peine de venir dans une foire agricole ?
Intervenant
Oh, bien naturellement, naturellement.
Journaliste
Voilà esquissé le croquis de la foire de printemps de Labouheyre. Est-ce décevant ? Est-ce le signe d’une désaffection progressive pour ce genre de rencontre ? Marcel Folliguet n’est pas de cet avis. Il est optimiste.
(Bruit)
Marcel Folliguet
Les foires de Labouheyre ne sont pas prêtes de s’éteindre. Vous le savez nous avons 4 foires. Ce n’est pas peut-être 4 grandes foires mais il y en a 2 qui sont toujours très importantes. Et je crois que la tradition voudra que les fêtes de Labouheyre durent encore très longtemps.