Le pays d'Orthe
Notice
Découverte du patrimoine architectural du pays d'Orthe : le château d'Aspremont, le château de Montréal, ancienne résidence des vicomtes d'Orthe datant du XVIe siècle, l'abbaye de Sorde, l'abbaye d'Arthous fondée au XIIe siècle par l'évêque de Dax et enfin le village d'Hastingues, son château et son église romane.
Éclairage
Ce petit pays relevant, dans l'Antiquité, de la cité romaine des Tarbelli garde secrète son origine. Et ce ne sont pas les mentions des cartulaires de Sorde et de Dax évoquant le vescomte d'Aorte et la paroisse Sanctus Petrus de Avorte Bile qui aident à y voir plus clair.
Rassemblant jadis les paroisses d'Igaas (aujourd'hui disparue), Bélus, Peyrehorade, Port-de-Lanne, Saint-Étienne-d'Orthe, Orist, Saint-Lon-les-Mines, Pey, Siest, Cagnotte et Cazorditte et, bien sûr, Orthevielle [1], ce riche terroir baigné par l'Adour et les Gaves réunis, en aval de la confluence des gaves de Pau et d'Oloron, est marqué depuis longtemps par la domination de la famille d'Aspremont qui fonde une vicomté.
Le berceau de cette vicomté se trouve certainement à Orthevielle, plus précisément à la caverie ou "cavarerieé" [2] de Montgaillard. Et ce n'est que vers le XIe siècle que, pour des raisons militaires, les vicomtes érigent une forteresse sur la colline éponyme d'Aspremont, "mont redoutable, inaccessible", qui domine les gaves.
Un point stratégique donc, comme tout le pays d'Orthe qui se trouve déjà, au Moyen Âge, à la croisée de grandes voies de communication, aux confins de plusieurs cultures, partagé entre les influences basque et gasconne, du côté du Béarn et du pays de Dax. Cette fonction de carrefour se retrouve d'ailleurs aujourd'hui dans l'important réseau d'infrastructures de communications qui le traverse : autoroute A64 reliant Toulouse à Bayonne, RD 817 anciennement RN 117, quasiment parallèle à l'A 64, RD 33 reliant l'A 64 au noeud autoroutier de St Geours-de-Maremne (RN10, A63 et RD824).
De ce riche passé, le pays d'Orthe conserve de nombreux vestiges qui se traduisent sur le terrain par une nébuleuse d'édifices religieux majeurs, mis en valeur à la fin des années 1960 par différents plans d'aménagement territoriaux : les nombreuses églises et abbayes qui servent d'étapes aux pèlerins de Compostelle avant la traversée des Pyrénées [3] mais aussi un patrimoine civil fait de châteaux [4] et d'anciennes caveries sans oublier la bastide de Hastingues bâtie en 1281 sur les terres de l'abbaye de Prémontrés d'Arthous, à la suite d'un paréage entre l'abbé et le sénéchal de Hastings, représentant d'Édouard Ier d'Angleterre.
Des atouts majeurs donc pour un territoire qui sait aussi valoriser son héritage naturel. Au pays de François Baco (1865-1947) [5], la campagne tournée vers l'agriculture traditionnelle et l'élevage innove, au milieu des années 1960, en introduisant la culture du kiwi sur une idée d'Henri Pédelucq (1926-1995) tandis que l'univers si particulier des barthes [6] redevient l'objet de soins constants, favorisant le retour à la biodiversité et aux équilibres anciens.
Toujours porté en avant par la dynamique inhérente à sa situation géographique, le pays d'Orthe participe aujourd'hui à l'ambitieux projet de l'aménagement, sur près de 60 hectares, d'une zone d'activités économiques à proximité de l'échangeur de l'A64 ; une "intégration réfléchie dans l'environnement initial du site", disent ses concepteurs.
[1] On peut y inclure Cauneille et Oeyregave, anciennes baronnies possédées par les vicomtes d'Orthe.
[2] Issus du bas latin caballus, "cheval", le gascon cavararia désigne un fief qui devait au suzerain un service à cheval, en plus de l'hommage. C'est une seigneurie dont les revenus sont essentiellement composés de cens et taxes prélevés sur un certain nombre de maisons qui en dépendent.
[3] L'abbaye Saint-Jean de Sorde fondée au XVIIe siècle, inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO, l'abbaye d'Arthous, dont les bâtiments conventuels datent des XVIIe-XVIIIe siècles et qui accueille désormais le centre départemental du Patrimoine, l'église de Cagnotte, construite au XIe siècle qui abrite la sépulture des vicomtes d'Orthe.
[4] Le château d'Aspremont, à Peyrehorade, construit à partir du XIe siècle, simple donjon sur une motte de terre aménagé par la suite en vraie forteresse qui devient la résidence des vicomtes d'Orthe du XVe au XVIe siècle. À Peyrehorade, le château de Montréal, du XVIe siècle, primitivement résidence des vicomtes d'Orthe, puis hôpital militaire, couvent, collège technique et, aujourd'hui, Hôtel de Ville.
[5] Instituteur originaire de Peyrehorade, en poste à Bélus, qui réhabilite le vignoble local à la fin du XIXe siècle.
[6] Prairies marécageuses qui abritent une flore et une faune liées à ces milieux amphibies.
Bibliographie :
- BAVOILLOT, Richard, " Note préliminaire à l'étude du Château d'Aspremont. La Motte et le Donjon central ", Bulletin de la Société de Borda, 1981, pp. 475-492.
- BLANC, Charles, " Les seigneurs "caviers" de la vicomte d'Orthe ", Bulletin de la Société de Borda, 1962, pp. 357-366.
- DELMAS-MARSALET, Cyril, Recherches sur le peuplement et l'occupation du sol en Pays d'Orthe des origines à la fin du Moyen Age, Bordeaux, 1990.