Le Latécoère 631 : premiers essais à Biscarrosse

30 mars 1945
01m 27s
Réf. 00264

Notice

Résumé :

Fleuron de l'industrie aéronautique française, l'hydravion Latécoère 631, assurera les courriers transatlantiques sans escale, avec à son bord cinquante passagers et six mille kilos de fret. Démonté et caché sous l'Occupation, il a été remonté et effectue aujourd'hui ses premiers essais à Biscarrosse.

Date de diffusion :
30 mars 1945

Éclairage

Pierre Georges Latécoère (1883-1943), fils d'un petit industriel de Bagnères-de-Bigorre, a été le premier à produire des avions à Toulouse en 1917. Après la Première Guerre mondiale, il se lance dans l'aventure des lignes aéropostales, reliant Toulouse à l'Afrique puis à l'Amérique du Sud. Cependant, jusqu'en 1930 le courrier ne peut traverser l'Atlantique qu'en vedettes rapides, ce qui allonge considérablement les temps d'acheminement. Pierre-Georges Latécoère décide alors de tenter l'aventure des hydravions. La concurrence semble pourtant rude car des "Lioré et Olivier" sillonnent déjà la Méditerranée. Ceci n'arrête pas les ingénieurs et les techniciens de l'usine de Montaudran à Toulouse. Ils conçoivent l'hydravion bimoteur Laté 21 et surtout les monomoteurs Laté 25, 26 et 28. Alors, défiant les pouvoirs publics qui refusent d'homologuer des hydravions monomoteurs au dessus de l'Atlantique, Mermoz, son radio et son mécanicien réussissent la traversée entre Dakar et Natal le 14 mai 1930 à bord d'un Laté 28 de L'Aéropostale transformé en hydravion bourré de carburant. Cet exploit annonce une nouvelle phase, celle des grands hydravions transocéaniques.

Une base d'envol est créée par l'entreprise Latécoère en 1930 sur l'étang de Biscarrosse dans les Landes, le site apparaît idéal car protégé du vent par un cordon de dunes. Les différent éléments restent fabriqués à Montaudran, puis ils cheminent par des petites routes jusque sur la côte atlantique où a lieu leur assemblage. C'est un parcours difficile qui nécessite parfois de couper l'électricité dans tout un canton afin d'éviter les accidents par contact avec les fils. Après quelques prototypes décevants comme les Laté 38, 500 et 550, arrive en 1931 le quadrimoteur Laté 300 baptisé "Croix du Sud". Avec ses 3000 CV et ses quarante mètres d'envergure il peut emmener près d'une tonne de courrier sur plus de 4500 km, à condition d'avoir embarqué dix tonnes de carburant. C'est à son bord que disparaît Mermoz en 1936 lors d'une traversée entre Dakar et Natal au Brésil. Malgré ces accidents, Air France, créé en 1933 en absorbant L'Aéropostale, commande des hydravions Latécoère dès 1934. En 1937, Pierre-Georges fait édifier en trois mois une vaste usine pour les fabriquer à Anglet, mais deux ans plus tard il vend Montaudran, Anglet et Biscarrosse à Breguet et construit une nouvelle usine à Toulouse, rue de Périole, d'où sort en 1942 son paquebot des mers : le 631. Ce monstre de 75 tonnes, totalement en métal, nécessite six moteurs pour arracher sa masse des flots et l'emmener sur plus de 6000 kilomètres, c'est-à-dire au-delà de l'Atlantique sans escale. Il peut transporter une cinquantaine de passagers. Les forces allemandes saisissent le premier prototype puis les alliés le bombardent. Pierre-Georges Latécoère a donc eu à peine le temps de voir sa dernière création avant de mourir en 1943. Ce documentaire révèle qu'un autre appareil en cours de construction a été sauvé par la Résistance. Ainsi l'entreprise Latécoère a survécu à son fondateur, livrant une dizaine de 631 à Air France dans l'après-guerre, puis travaillant sur certains éléments clés des appareils actuels, en particulier comme sous–traitant d'Airbus pour le fuselage, les portes ou le câblage. Le groupe emploie 3650 personnes en 2011 dans neufs pays différents, dont la moitié en Midi-Pyrénées. Parallèlement, un Musée de l'hydraviation a été créé à Biscarosse en 1979 et la première pierre du musée Aéroscopia a été posée à Blagnac, près de Toulouse, en juin 2011.

Bibliographie :

- CHADEAU, Emmanuel, Latécoère, Paris : Olivier Orban, 1990, 330 p.

- OLIVIER, Jean-Marc, "Latécoère, un industriel visionnaire", dans Midi-Pyrénées Patrimoine, Hors-série n° 2, "Toulouse, des avions et des hommes. Un siècle de succès aéronautiques", novembre 2010, p. 14-25.

Jean-Marc Olivier

Transcription

(Musique)
Journaliste
Les malheurs de la France ne lui ont pas permis de perfectionner comme les Alliés ses techniques de guerre. Mais le nouvel hydravion géant qu’elle montre aujourd’hui au grand jour sera comme un symbole de leur qualité. Avec ses six moteurs dont la puissance approche 10 000 chevaux. Avec ses 58 mètres d’envergure, le futur courrier intercontinental peut emporter à 380 à l’heure 50 passagers et 6 000 kg de fret sans escale à travers l’Atlantique.
(Musique)
Journaliste
Ce paquebot aux 10 hommes d’équipage a une histoire. Construit en partie sous l’Occupation, il fut démonté, emporté et caché. Les Allemands partis, il quitta le maquis. Le voici aujourd’hui tout neuf avec ses cocardes fraîches, prêt à prendre son vol dans un ciel français.
(Bruit)
Journaliste
La technique française avait préparé ce magnifique appareil pour des tâches pacifiques. La Résistance française n’a pas permis que l’envahisseur l’utilisa. Demain, sur les routes qui seront les siennes, il témoignera de l’une et de l’autre.
(Musique)