Reprise du travail à Potez Aéronautique

13 juillet 1983
02m 27s
Réf. 00197

Notice

Résumé :

Après 26 jours de grève, les ouvriers de Potez Aéronautique reprennent le chemin du travail. Un premier accord a été établi entre les syndicats et la direction, pour le maintien des 35 heures hebdomadaires. Dans l'après-midi, les négociations ont repris avec les délégués de la CGT et de la CFDT sur la charge de travail et le maintien des emplois.

Date de diffusion :
13 juillet 1983
Source :

Éclairage

L'usine Potez d'Aire-sur-l'Adour possède déjà une longue histoire en 1983. Dans les années 1920, c'était une scierie-menuiserie appartenant à l'industriel Gaston Fouga de Béziers. Ce dernier, spécialisé dans la production de matériel ferroviaire, s'intéresse à l'aviation à partir de 1936 et choisit de développer son activité aéronautique à Aire en réalisant des petits avions et des planeurs.

Après la guerre l'entreprise Turbomeca de Bordes, située à proximité, propose ses réacteurs comme motorisation des appareils Fouga. Cette collaboration aboutit au Fouga Magister : un avion à réaction destiné à l'entraînement qui connaît un grand succès pendant les années 1960. Toutefois, dès 1958 Air-Fouga est repris par Henry Potez et devient "Potez-Air-Fouga". L'usine d'Aire-sur-l'Adour est alors rebaptisée du nom de Potez. Puis Sud-Aviation prend le contrôle de Potez en 1967, mais l'usine d'Aire-sur-l'Adour conserve son indépendance. Après la période faste des années 1960, cette unité continue à produire des éléments de fuselage pour différents clients français (Dassault, Airbus) ou étrangers. En 1981, Henry Potez disparaît.

La même année, le syndicat CGT (Confédération Générale du Travail), fondé en 1895, appelle à voter pour François Mitterrand au second tour de l'élection présidentielle de 1981 et contribue ainsi à sa victoire. Les premières mesures du gouvernement de gauche sont accueillies avec satisfaction : semaine de 39 heures, hausse des salaires etc. Mais le plan de rigueur mis en place à partir de 1983 brise cette alliance. Les mouvements sociaux nés des licenciements reçoivent alors un soutien important de la CGT. Celui de l'usine d'Aire-sur-l'Adour qui a débuté en juin 1983 en est à son 26ème jour de grève quand intervient un accord entre les syndicats et la direction. La main-d'œuvre plutôt qualifiée de cette unité stratégique de production obtient la semaine de 35 heures.

Par la suite, après quelques tergiversations familiales et des turbulences cycliques comme celle de 1983, le petit-fils d'Henry Potez, Roland, reprend le flambeau à Aire-sur-l'Adour en 1986.

Bibliographie :

- COROLLER, Jean-Louis, LEDET, Michel et JAMOIS, Serge, Les avions Potez, Outreau : éditions Lela Presse, 2008, 464 p.

Jean-Marc Olivier

Transcription

Jean-Pierre Dinand
Reprise en effet ce matin chez Potez aéronautique à 7h30 après 26 jours de grève et d’occupation des locaux, et cela à la suite de la décision prise hier soir, en assemblée générale par la majorité des grévistes présents 170 sur 210. C’était la condition mise par les pouvoirs publics et bien sûr la direction de Potez pour une reprise des négociations cet après-midi au lieu de ce matin ; avec la CGT et la CFDT qui ont mené ce combat contre les licenciements annoncés et pour le retour aux 35 heures à partir d’aujourd’hui. D’accord, a dit la direction, il semble que la CGT qui a toujours demandé de telles négociations ait tenue ainsi à donner la preuve de ses bonnes intentions.
Jean-Pierre Dugarry
S’il y a eu des divergences sur la façon de mener l’action au départ ; après les positions sont les mêmes, vu qu’on défend l’emploi ; on veut revenir aux 35 heures et donc ça ne peut être que les mêmes positions.
Mars Henri
En ce qui concerne 84, je dirais moi, qu’effectivement il y a entre les commandes sûres et probables, un carnet déjà de commandes de 220 000 heures or je ne comprends pas pourquoi la direction ne veut pas négocier là-dessus.
Jean-Pierre Dinand
Alors, selon la direction, les donneurs d’offres seraient réticents ?
Mars Henri
Ben ! Si les donneurs d'ordres sont réticents, est ce que c’est la faute à la direction ou est ce que c’est la faute aux travailleurs ? Je pense que c’est plutôt la direction qui a des soumissions de marché ; c’est à elle d’y faire face et à faire des investissements et tout ce qu’il faut pour faire face à ces soumissions.
Jean-Pierre Dugarry
Maintenant, il faut voir sous quel... Comment va démarrer la direction ? Comment elles vont démarrer ?
Jean-Pierre Dinand
Et pour l‘emploi ?
Jean-Pierre Dugarry
Pour l’emploi, on espère que tout le monde pourra travailler à Aire-sur-l’Adour ; ne serait-ce que pour l’économie locale. Ne faut pas oublier que c’est une entreprise où il y a 309 ouvriers. Si jamais on commence à mettre ça en dehors, qu’est ce que ça va donner ? Comment vont réagir les commerçants à Aire ?
Jean-Pierre Dinand
On dit que la CGT est relativement favorable à certains départs à la retraite, c’est vrai ?
Mars Henri
On n’a pas à répondre aujourd’hui à cette proposition puisqu’elle n’est jamais venue sur la table des négociations.
Jean-Pierre Dinand
Bien entendu, après un tel conflit, les esprits sont particulièrement échauffés sur les problèmes de plein emploi, de liberté du travail pour ce qui concerne les non grévistes ; de survie voire même de liquidation pure et simple par la famille Potez qui refuse tout contact aujourd’hui avec la presse. D’où une rentrée calme certes, mais sur la pointe des pieds et j’allais dire en pointillé côté syndicat.