La sous-traitance aéronautique dans les Landes : débat à l'Assemblée nationale

08 juin 1983
02m 34s
Réf. 00196

Notice

Résumé :

Lors d'une séance à l'Assemblée nationale, le député socialiste des Landes, Robert Cabé, s'interroge sur le devenir des usines de sous-traitance aéronautique qui subissent les conséquences de la crise de l'aéronautique civile internationale. Le ministre de la défense, Charles Hernu, présente alors les mesures envisagées par l'Etat.

Date de diffusion :
08 juin 1983
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Éclairage

L'arrivée de la gauche au pouvoir, le 10 mai 1981 avec l'élection de François Mitterrand comme président de la République, se traduit par un vaste plan de relance économique pour lutter contre le chômage. Mais cette initiative s'essouffle dès 1982 car la conjoncture internationale s'avère très défavorable depuis le deuxième choc pétrolier de 1979. Le prix du baril de pétrole est multiplié par trois entre 1978 et 1981. En mars 1983, le ministre des finances Jacques Delors annonce une politique de rigueur car la situation financière devient très difficile et le franc est attaqué. Ce dernier reste finalement dans le système monétaire européen à la demande du Premier ministre Pierre Mauroy. Mais le programme commun de la gauche est abandonné afin de maîtriser les finances de l'État. Ce "tournant de la rigueur" inquiète de nombreux élus.

Robert Cabé, député socialiste des Landes suite à l'entrée d'Henri Emmanuelli au gouvernement, symbolise cette inquiétude. Il est l'un des 285 députés socialistes de l'Assemblée nationale élue en juin 1981 qui en compte 491 au total. Les députés PS sont alors confrontés au mécontentement de leur électorat local qui voit se multiplier les licenciements, en particuliers dans l'industrie. Ainsi, la sous-traitance aéronautique constitue l'un des secteurs les plus sévèrement touché par la crise. Les exportations deviennent difficiles et les commandes de l'État se réduisent en raison de la politique de rigueur. Potez Aéronautique, situé à Aire-sur-l'Adour, souffre tout particulièrement de cette mauvaise conjoncture. Le chômage technique affecte cette usine depuis le début de l'année 1983 et ses 320 salariés sont inquiets car à la même époque le taux de chômage national repart à la hausse après une légère baisse. De plus, fabriquant des éléments de fuselage pour Airbus et pour Dassault, cette entreprise dépend totalement de ses donneurs d'ordres. Or, en 1983 Airbus ne reçoit pratiquement pas de commandes malgré la sortie de l'A310 l'année précédente.

Charles Hernu, alors ministre de la Défense, tente de rassurer les industriels de l'aéronautique en annonçant une série de commandes de Mirage 2000. Cet avion de chasse a effectué son premier vol en 1978. Effectivement, cet appareil connaît un grand succès : mis en service en 1984, il est produit à 601 exemplaires dont 286 pour l'exportation. Ces commandes contribuent au renforcement de l'entreprise Dassault qui assure la fabrication de ce chasseur. Les sous-traitants bénéficient de quelques retombées, mais leur situation demeure précaire jusqu'au décollage du groupe Airbus avec l'A320 dont le programme est officiellement lancé en mars 1984 après 80 commandes fermes.

Bibliographie :

- GUESLIN, André, Nouvelle histoire économique de la France contemporaine, tome 4, L'économie ouverte (1948-1990), Paris : La Découverte, 1989.

Jean-Marc Olivier

Transcription

Journaliste
En janvier dernier, cette PMI de Gironde est passée de 48 à 38 salariés, soit 21% de moins. Et ce sont 10 emplois féminins que la crise de l’aéronautique a supprimé dans cet atelier de marouflage. Ici, l’on travaille sur les systèmes de conditionnement d’air des avions de la famille Mystère-Falcon. La crise internationale et américaine en particulier a brisé les cadences de production des usines Dassault de Mérignac et d'Istres, le ricochet a frappé encore plus durement la sous-traitance. La menace sur l’emploi pèse aussi sur les Landes dans la circonscription de Robert Cabé où Potez sous-traite également. à Aire-sur-l'Adout, pour les avions Marcel Dassault ; c’est pourquoi le député socialiste est intervenu à son tour sur ce sujet cet après-midi à l’Assemblée nationale.
Cabé Robert
Une vive inquiétude se manifeste chez les travailleurs de cette industrie, notamment dans les entreprises de sous-traitance directement concernées par la diminution temporaire du plan de charge de l'industrie aéronautique. Quelle mesure le gouvernement envisage-t-il de prendre pour améliorer le plan de charge de cette industrie ? Les commandes récentes du Mirage 2000 sont-elles de nature, avec les perspectives commerciales de l’Airbus, à contribuer rapidement au redressement de cette industrie ? Enfin, ne serait-il pas indispensable dans l'attente de cette reprise de définir et de mettre en place un véritable statut de la sous-traitance ?
Hernu Charles
Je peux vous dire dès maintenant, que je viens de passer pour l’Armée de l’air française concernant à ce qui est dit ici ou là, une commande de Mirage 2000 ; j’ai commandé 33 Mirage 2000 ; et je réponds affirmativement à votre question que je commanderai en moyenne chaque année 33 Mirage 2000 pour notre Armée de l’air. C’est vrai que certains sous-traitants connaissent des difficultés du fait de la mauvaise conjoncture internationale de l’aéronautique civile ; et que monsieur Charles Fiterman, le ministre des Transports qui nous accompagnait dans cette visite, va effectivement préparer, en plein accord un projet en ce sens. En ce qui me concerne, comme ministre de la Défense, j’ai donné des directives très précises aux grands maîtres d’œuvre pour qu’ils fassent preuve de solidarité avec leurs sous-traitants et que l’ensemble de l’industrie aéronautique française soit en mesure de faire face dans les meilleures conditions à la reprise, je dis bien à la reprise le moment venu et qui viendra.