Célébration du trentième anniversaire de Turbomeca à Tarnos
Notice
Pierre angulaire de la reconversion de l'ancien site des forges de l'Adour, la société Turbomeca créée par Joseph Szydlowski fête ses 30 ans et inaugure, à Tarnos, un nouvel atelier en présence de Jean Blancard, délégué général pour l'armement, Gabriel Delaunay, préfet d'Aquitaine et Yves-Bertrand Burgalat, préfet des Landes.
Éclairage
L'entreprise Turbomeca fête ses trente ans d'existence en 1968 par l'inauguration d'un nouvel atelier qui doit faire passer de 500 à 1000 le nombre de ses employés sur le site de Tarnos.
Toutefois, c'est à Paris que cette société naît en 1938 pour fabriquer des compresseurs destinés aux moteurs d'avions. Ses deux fondateurs sont André Planiol et Joseph Szydlowski. Le parcours de ce dernier s'avère particulièrement riche. Joseph Szydlowski est un juif d'origine polonaise, né en 1896, et enrôlé dans l'armée russe après ses études d'ingénieur. Fait prisonnier par les Allemands pendant la Première Guerre mondiale, il s'installe en Allemagne après le conflit où il travaille chez Krupp et surtout chez Junkers. Il se révèle rapidement un excellent motoriste et dépose son premier brevet dès 1920. En 1930 il quitte l'Allemagne pour la France où le gouvernement finance son projet de moteur diesel pour avion avec compresseur. Il travaille chez Salmson, à Courbevoie puis à Boulogne-Billancourt, où il rencontre le physicien Planiol. En 1937, la firme Hispano-Suiza leur commande leurs nouveaux compresseurs pour ses moteurs d'avions destinés aux chasseurs Morane-Saulnier. Joseph Szydlowski et André Planiol fondent alors leur propre entreprise le 29 août 1938 à Paris : Turbomeca. Le réarmement lancé par l'État français garnit leurs carnets de commandes. L'usine qu'ils possèdent à Mézières-sur-Seine tourne à plein régime, mais en juin 1940 le gouvernement leur demande de replier leur activité vers le sud afin d'échapper à l'avancée des troupes allemandes. Turbomeca s'installe d'abord à Saint-Pé-de-Bigorre près des usines Hispano-Suiza de Tarbes, puis à Bordes, près de Pau, à la fin de l'année 1941. L'invasion de la zone libre en novembre 1942 oblige Joseph Szydlowski à s'exiler en Suisse, mais il revient à Bordes en 1944 tandis qu'André Planiol reste aux États-Unis.
Turbomeca opte intelligemment pour la fabrication de turbines petites et moyennes à partir de la fin des années 1940, laissant le monopole des grosses à la SNECMA. L'entreprise de Joseph Szydlowski connaît alors un extraordinaire développement au pied des Pyrénées. Tombé amoureux de la région, ce dernier baptise chacune de ses nouvelles réalisations avec des toponymes locaux : turbine à gaz "Marboré" pour le Fouga Magister en 1952, "Artouste" pour l'hélicoptère Alouette en 1955, "Turmo" pour le Puma en 1965 et, enfin, "Adour" pour l'avion d'attaque au sol Jaguar en 1968. À partir de cette date, une collaboration fructueuse commence avec les Britanniques et plus particulièrement avec la division moteurs d'avions de la firme Rolls-Royce. L'afflux des commandes engendre la construction de nouvelles usines, celle de Tarnos voit le jour en 1965, aidée par les autorités locales qui souhaitent compenser la fermeture des forges de l'Adour. En effet, ce pôle sidérurgique, installé depuis 1883 sur les localités de Boucau et de Tarnos afin de traiter des fers importés d'Espagne, ferme ses portes en 1964, engendrant ainsi la disparition de plusieurs centaines d'emplois. L'implantation puis le développement de Turbomeca sur le site de Tarnos constitue donc un épisode salvateur. De plus, le succès de l'entreprise ne se dément pas dans les décennies suivantes, Turbomeca devenant le leader mondial des turbines à gaz pour hélicoptères, avions, centrales électriques et locomotives.
Bibliographie :
- CLAVEAU, Charles, Turbomeca : à la hauteur de la légende, Paris : éditions Larivière, 2008, (collection "Docavia"), 176 p.