Célébration du trentième anniversaire de Turbomeca à Tarnos

23 septembre 1968
05m 25s
Réf. 00194

Notice

Résumé :

Pierre angulaire de la reconversion de l'ancien site des forges de l'Adour, la société Turbomeca créée par Joseph Szydlowski fête ses 30 ans et inaugure, à Tarnos, un nouvel atelier en présence de Jean Blancard, délégué général pour l'armement, Gabriel Delaunay, préfet d'Aquitaine et Yves-Bertrand Burgalat, préfet des Landes.

Date de diffusion :
23 septembre 1968

Éclairage

L'entreprise Turbomeca fête ses trente ans d'existence en 1968 par l'inauguration d'un nouvel atelier qui doit faire passer de 500 à 1000 le nombre de ses employés sur le site de Tarnos.

Toutefois, c'est à Paris que cette société naît en 1938 pour fabriquer des compresseurs destinés aux moteurs d'avions. Ses deux fondateurs sont André Planiol et Joseph Szydlowski. Le parcours de ce dernier s'avère particulièrement riche. Joseph Szydlowski est un juif d'origine polonaise, né en 1896, et enrôlé dans l'armée russe après ses études d'ingénieur. Fait prisonnier par les Allemands pendant la Première Guerre mondiale, il s'installe en Allemagne après le conflit où il travaille chez Krupp et surtout chez Junkers. Il se révèle rapidement un excellent motoriste et dépose son premier brevet dès 1920. En 1930 il quitte l'Allemagne pour la France où le gouvernement finance son projet de moteur diesel pour avion avec compresseur. Il travaille chez Salmson, à Courbevoie puis à Boulogne-Billancourt, où il rencontre le physicien Planiol. En 1937, la firme Hispano-Suiza leur commande leurs nouveaux compresseurs pour ses moteurs d'avions destinés aux chasseurs Morane-Saulnier. Joseph Szydlowski et André Planiol fondent alors leur propre entreprise le 29 août 1938 à Paris : Turbomeca. Le réarmement lancé par l'État français garnit leurs carnets de commandes. L'usine qu'ils possèdent à Mézières-sur-Seine tourne à plein régime, mais en juin 1940 le gouvernement leur demande de replier leur activité vers le sud afin d'échapper à l'avancée des troupes allemandes. Turbomeca s'installe d'abord à Saint-Pé-de-Bigorre près des usines Hispano-Suiza de Tarbes, puis à Bordes, près de Pau, à la fin de l'année 1941. L'invasion de la zone libre en novembre 1942 oblige Joseph Szydlowski à s'exiler en Suisse, mais il revient à Bordes en 1944 tandis qu'André Planiol reste aux États-Unis.

Turbomeca opte intelligemment pour la fabrication de turbines petites et moyennes à partir de la fin des années 1940, laissant le monopole des grosses à la SNECMA. L'entreprise de Joseph Szydlowski connaît alors un extraordinaire développement au pied des Pyrénées. Tombé amoureux de la région, ce dernier baptise chacune de ses nouvelles réalisations avec des toponymes locaux : turbine à gaz "Marboré" pour le Fouga Magister en 1952, "Artouste" pour l'hélicoptère Alouette en 1955, "Turmo" pour le Puma en 1965 et, enfin, "Adour" pour l'avion d'attaque au sol Jaguar en 1968. À partir de cette date, une collaboration fructueuse commence avec les Britanniques et plus particulièrement avec la division moteurs d'avions de la firme Rolls-Royce. L'afflux des commandes engendre la construction de nouvelles usines, celle de Tarnos voit le jour en 1965, aidée par les autorités locales qui souhaitent compenser la fermeture des forges de l'Adour. En effet, ce pôle sidérurgique, installé depuis 1883 sur les localités de Boucau et de Tarnos afin de traiter des fers importés d'Espagne, ferme ses portes en 1964, engendrant ainsi la disparition de plusieurs centaines d'emplois. L'implantation puis le développement de Turbomeca sur le site de Tarnos constitue donc un épisode salvateur. De plus, le succès de l'entreprise ne se dément pas dans les décennies suivantes, Turbomeca devenant le leader mondial des turbines à gaz pour hélicoptères, avions, centrales électriques et locomotives.

Bibliographie :

- CLAVEAU, Charles, Turbomeca : à la hauteur de la légende, Paris : éditions Larivière, 2008, (collection "Docavia"), 176 p.

Jean-Marc Olivier

Transcription

(Silence)
Journaliste
Ces avions, en se posant sur l’aire d’atterrissage de l’aérodrome du Boucau-Tarnos annonçaient vendredi après-midi l’ouverture des cérémonies destinées à marquer le 30ème anniversaire de la création de l’usine Turbomeca par monsieur Szydlowski, président directeur général ; ainsi que l’inauguration d’un nouvel atelier. Parmi l’assistance, monsieur Jean Blancard, délégué ministériel à l’armement représentant le ministre de l’armée ; et monsieur Gabriel Delaunay, préfet d’Aquitaine ; ainsi que de nombreuses personnalités parisiennes et régionales qui témoignaient par leur présence de l’importance qu’elles attachent à cette réalisation. La base même de la reconversion des usines du Boucau selon monsieur Szydlowski et monsieur Jean Blancard devait s’en féliciter.
Jean Blancard
Il y avait en effet ici le problème quasi-insoluble des forges du Boucau, les pouvoirs publics, les pouvoirs locaux, l’administration parisienne que vous citez souvent, vous ont demandé d’essayer de les aider à résoudre ce problème. Je ne dis pas que votre réaction fut immédiate mais lorsqu’elle est venue, elle a été continue et elle a été dynamique. Vous avez actuellement, par les bâtiments que nous allons visiter, ceux qui existent déjà. Vous avez employé un millier de personnes dont 500 environ soit la moitié provenant des forges du Boucau. Et vous avez en même temps prouvé une chose qui est indispensable. Il est indispensable de savoir c'est-à-dire qu’on ne naît pas forgeron, on ne naît pas foreur, on ne naît pas mécanicien ; on peut à tout âge devenir forgeron, mécanicien ou mineur ; ce qui évidemment facilite considérablement le problème de la reconversion à condition qu’on s’en occupe et qu’on fasse les cours et les entraînements nécessaires. Vous avez peut-être pu dans le passé penser qu’il y avait de notre part une certaine prudence, disons le mot une certaine réserve pour vos agrandissements. C’est un point sur lequel je voudrais m’expliquer notamment auprès des autorités locales. La charge en matière aéronautique a la caractéristique d’être précaire et aléatoire. Vous le savez mieux que quiconque, c’est une lutte perpétuelle pour être toujours parmi les premiers. Et il serait dangereux d’établir sa charge normale sur une pointe de charge, qu’une série d’évènements heureux peut à un moment donné avoir provoqué.
Journaliste
Quelques minutes plus tard, monsieur Burgalat, préfet des Landes décorait monsieur Szydlowski.
Yves-Bertrand Burgalat
Joseph Szydlowski au nom du gouvernement de la République, je vous confère la médaille d’or du travail.
Journaliste
Puis, il nous confiait l’intérêt qu’il attache lui aussi au développement enregistré jusqu’à ce jour chez Turbomeca ; celui que l’on annonce ensuite dans les années à venir.
Yves-Bertrand Burgalat
L’extension des établissements Turbomeca à Tarnos est extrêmement importante pour les 2 départements des Basses-Pyrénées et des Landes, particulièrement pour le département des Landes puisque l’usine est entièrement située sur son territoire. Elle permet d’augmenter de plus de 500 ouvriers, le nombre de ceux qui sont déjà employés ici. Ce qui fait que le total des salariés actuellement à Turbomeca Tarnos dépasse le millier ; et monsieur Szydlowski, le président directeur général, nous a dit tout à l’heure, que ses projets permettraient d’augmenter encore de façon très sensible ce chiffre. Ce faisant, Turbomeca a rempli très largement et au-delà le contrat qu’il s’était fixé au moment de la reconversion des forges du Boucau. Le mérite en revient à l’ensemble de la firme, et particulièrement je crois, à son président directeur général, monsieur Szydlowski, qui a été l’âme de l’opération, qui en a été la cheville ouvrière car c’est autour de Turbomeca que l’ensemble de la reconversion s’est fait. Et je n’oublie pas que c’est mon collègue et ami Diebolt lorsqu’il était préfet des Basses-Pyrénées, qui a envisagé cette reconversion des forges du Boucau avec monsieur Szydlowski dans la forme qu’elle a prise maintenant. C’est un très grand succès et je m’en réjouis particulièrement en ce que le nombre d’emplois qui est créé pour la main d’œuvre des 2 départements est important et se développera.