Chômage technique à l'usine Potez Aéronautique

13 janvier 1983
48s
Réf. 00195

Notice

Résumé :

A Aire-sur-l'Adour, l'usine de sous-traitance Potez Aéronautique doit faire face à une baisse des commandes liée à l'absence de grands programmes aéronautiques. Un déficit de 5000 heures de travail a été annoncé par la direction pour le premier trimestre 1983, contraignant de nombreux salariés au chômage technique.

Date de diffusion :
13 janvier 1983
Source :

Éclairage

L'entreprise Potez est fondée en 1916, à Paris, par Henry Potez qui s'associe avec Marcel Bloch (Dassault) pour produire l' "hélice éclair" qui est sélectionnée par l'armée comme l'une des plus performantes. En 1919, Henry Potez se lance dans la production d'avions civils avec succès. Il établit une vaste usine dans sa ville natale de Méaulte (Somme). Devenu l'un des plus gros producteurs d'avions pendant les années 1920, Henry Potez rachète plusieurs de ses concurrents. Mais en 1936 les industries stratégiques sont nationalisées et les usines Potez de Sartrouville et de Méaulte sont intégrées dans la SNCAN (Société Nationale de Construction Aéronautique du Nord) dont Henry Potez devient le directeur. Après 1945, l'entreprise Potez renaît et s'installe à Argenteuil, elle tente un retour au premier plan avec le Potez 840 imaginé en 1955, mais ce quadrimoteur pouvant emporter une vingtaine de passagers est un échec commercial. Son premier vol, en 1961, n'est pas suivi de commandes. En 1967, la majeur partie de l'entreprise passe sous le contrôle de Sud-Aviation.

Toutefois, une usine Potez subsiste à Aire-sur-l'Adour. Son histoire remonte aux années 1920. À cette époque, Gaston Fouga possède une scierie-menuiserie à Aire-sur-l'Adour qui alimente son entreprise de matériel ferroviaire de Béziers. Puis il s'intéresse à l'aviation à partir de 1936 et choisit de développer son activité aéronautique à Aire en produisant l'avion de Pierre Mauboussin, le M 123 Corsaire fabriqué jusque là chez Zodiac et Breguet. Pierre Maubussin, fils d'un célèbre joaillier de la place Vendôme, diplômé d'HEC, se passionne depuis les années 1920 pour l'aviation de tourisme et de loisir. À partir de 1939, Pierre Mauboussin conçoit également des planeurs pour Fouga, il s'associe ensuite avec Robert Castello, un ingénieur espagnol de chez Dewoitine. En 1944, le bureau d'études Dewoitine passe chez Fouga et Castello en devient le directeur technique alors que Mauboussin est directeur des "Services Aviation" de Fouga qui devient "Air-Fouga" la même année.

Après la guerre, Joseph Szydlowski, fondateur de la société Turbomeca de Bordes, à 75 kilomètres d'Aire-sur-l'Adour, cherche des cellules pouvant accueillir ses réacteurs Piméné. La rencontre avec Fouga aboutit à plusieurs réalisations dont le CM8-R13 Cyclone en 1949 (C pour Castello et M pour Mauboussin), et surtout, en 1952, le CM-170R Magister, ou Fouga Magister, un avion à réaction destiné à l'entraînement des pilotes de chasse. Plus de 500 exemplaires de ce dernier sont fabriqués en France jusqu'en 1969, le montage final est effectué à Toulouse-Blagnac sous maîtrise d'œuvre de la société Fouga à partir d'éléments élaborés à Aire-sur-l'Adour, Tarbes, Marignane et Blagnac.

Toutefois, dès 1958 Air-Fouga est repris par Henry Potez et devient "Potez-Air-Fouga". L'usine d'Aire-sur-l'Adour est alors rebaptisée du nom de Potez. Puis Sud-Aviation prend le contrôle de Potez en 1967, mais l'usine d'Aire-sur-l'Adour conserve son indépendance. Après la période faste des années 1960, cette unité continue à produire des éléments de fuselage pour différents clients français (Dassault, Airbus) ou étrangers. En 1981, Henry Potez disparaît, et après quelques tergiversations familiales et des turbulences cycliques comme celle de 1983, son petit-fils Roland reprend le flambeau à Aire-sur-l'Adour en 1986. Depuis, la PME "Potez Aéronautique" surmonte les crises et affiche même un solide carnet de commandes en 2011 pour ses 250 salariés.

Bibliographie :

- COROLLER, Jean-Louis, LEDET, Michel et JAMOIS, Serge, Les avions Potez, Outreau : éditions Lela Presse, 2008, 464 p.

Jean-Marc Olivier

Transcription

Gutierrez Ramon
5 heures hebdomadaires en moins depuis 2 semaines et d’ores et déjà des menaces sur l’emploi ; pourtant cette évolution était imprévisible il y a quelques mois en juin 82, Potez embauchait encore. Aujourd’hui, tout dépendra de l’attitude des commanditaires Dassault ou [incompris] en l’occurrence. On est porté au pessimisme lorsque l’on sait qu’il n’existe plus actuellement de nouveaux grands programmes aéronautiques à court ou moyen terme. La direction de Potez parle déjà d’un déficit de 5000 heures de travail pour le premier semestre 1983. Pour parer donc à cette nouvelle conjoncture, l’usine d’Aire-sur-l’Adour a lancé 2 projets ; la mise en œuvre de matériaux composites pour l’aéronautique et d’autres secteurs ; enfin la création d’une filiale avec la participation de 6 autres entreprises de la région, filiale destinée à accroître les exportations vers les Etats-Unis.