Le centre d'essais des Landes de Biscarrosse

04 novembre 1966
01m 32s
Réf. 00268

Notice

Résumé :

Récemment inauguré à Biscarrosse, le centre d'essais des Landes est spécialisée dans à la mise au point des missiles et de leur lancement. Deux types de fusées sont ici expérimentées : les SSBS tirées depuis des silos terrestres et le MSBS lancées depuis des sous-marins.

Date de diffusion :
04 novembre 1966

Éclairage

La première explosion d'une bombe atomique française, le 13 février 1960 à Reggane dans le Sahara algérien, pose le problème des vecteurs capables de transporter cette arme sur de longues distances. Les charges nucléaires peuvent être emmenées par des Mirage IV dès 1961, mais en 1963, afin d'asseoir sa stratégie de dissuasion, le gouvernement souhaite se doter de deux autres types de vecteurs : des missiles sol-sol à tirer d'un silo (les SSBS pour Sol-Sol Balistique Stratégique) et des missiles mer-sol à tirer d'un sous-marin à propulsion nucléaire (les MSBS pour Mer-Sol Balistique Stratégique). Ces missiles ont une portée de 3 000 kilomètres et peuvent donc atteindre l'URSS, principale menace à cette époque. Mais, pour être crédibles, ces nouveaux vecteurs doivent effectuer des démonstrations concluantes. En effet, le principe de base de la dissuasion nucléaire repose sur la capacité de la France à occasionner des dégâts majeurs, économiques et humains, chez un éventuel agresseur. Ainsi, une directive présidentielle de 1961 fixe à 50 % le niveau de destruction du potentiel économique soviétique par les forces nucléaires françaises. La France doit donc apporter la preuve du niveau de performance de ses missiles longue portée.

Un premier centre d'essais est fondé en 1947 à Colomb-Béchar en Algérie française pour tester des fusées, mais il se révèle insuffisant pour des engins plus lourds, alors une nouvelle base est développée en 1952 à Hammaguir situé à 120 kilomètres au sud-ouest de Colomb-Béchar. Cependant, les accords d'Évian de 1962, entre l'Algérie et la France, prévoient la fermeture de cette base en 1967. Le gouvernement français décide donc de créer un centre d'essais de lancement de missiles (CELM) près de Biscarosse dans les Landes. Les silos multicoups qui s'y trouvent permettent de tirer des missiles tactiques ou stratégiques non armés au dessus de l ‘Atlantique, alors que les silos du plateau d'Albion où se trouvent les charges nucléaires sont à usage unique. Les premiers essais avec des fusées tactiques d'une portée de 300 km débutent en 1964. Puis, après le premier échec en 1966 d'un S112 mono-étage qui perd sa tuyère en vol, les tirs se multiplient, avec plus de 10 000 essais entre 1966 et 2010, dont une très forte proportion de succès. Dès 1968, les S01 atteignent 500 kilomètres d'apogée. Depuis fin 2009, le CELM a été rebaptisé "DGA Essais de missiles" (DGA signifiant Direction Générale de l'Armement).

Bibliographie :

- GADAL, Serge, Forces aériennes stratégiques : histoire des deux premières composantes de la dissuasion nucléaire française, Paris : Economica, 2009, 397 p.

Jean-Marc Olivier

Transcription

Journaliste
Pour remplacer la base d'Hammaguir qui sera abandonnée l’année prochaine aux termes des Accords d'Evian, la France a édifié dans les Landes, à Biscarrosse, un centre de lancement de fusées. Les installations ultramodernes sont en cours de finition. Le centre d’essai des Landes servira uniquement à l’essai d’engins militaires et principalement à la mise au point des fusées stratégiques. Celles-ci sont de deux types, les unes tirées depuis des silos terrestres, les autres lancées de sous-marins. Les militaires parlent des SSBS et des MSBS, et voici précisément un SSBS dans son silo. Evidemment ici, la charge est factice. Il n’y a pas d’engin nucléaire mais c’est exactement la configuration des engins de la force stratégique française. Ces engins sont conçus pour être tirés directement depuis le silo. Ce sont évidemment des engins à poudre, c’est-à-dire qu’ils peuvent rester longtemps en silo avant d’être mis à feu. Et voici maintenant la salle d’opération d’où sont dirigés tous les essais. L’officier de tir sur ce grand pupitre dispose de toutes les informations nécessaires durant la préparation de l’expérience car tous les moyens à mettre en œuvre le renseignent par ce jeu de petits voyants. Ainsi, il peut diriger les opérations et prendre toutes les décisions nécessaires durant l’expérience.