Le centre d'essais des Landes de Biscarrosse
Notice
Récemment inauguré à Biscarrosse, le centre d'essais des Landes est spécialisée dans à la mise au point des missiles et de leur lancement. Deux types de fusées sont ici expérimentées : les SSBS tirées depuis des silos terrestres et le MSBS lancées depuis des sous-marins.
Éclairage
La première explosion d'une bombe atomique française, le 13 février 1960 à Reggane dans le Sahara algérien, pose le problème des vecteurs capables de transporter cette arme sur de longues distances. Les charges nucléaires peuvent être emmenées par des Mirage IV dès 1961, mais en 1963, afin d'asseoir sa stratégie de dissuasion, le gouvernement souhaite se doter de deux autres types de vecteurs : des missiles sol-sol à tirer d'un silo (les SSBS pour Sol-Sol Balistique Stratégique) et des missiles mer-sol à tirer d'un sous-marin à propulsion nucléaire (les MSBS pour Mer-Sol Balistique Stratégique). Ces missiles ont une portée de 3 000 kilomètres et peuvent donc atteindre l'URSS, principale menace à cette époque. Mais, pour être crédibles, ces nouveaux vecteurs doivent effectuer des démonstrations concluantes. En effet, le principe de base de la dissuasion nucléaire repose sur la capacité de la France à occasionner des dégâts majeurs, économiques et humains, chez un éventuel agresseur. Ainsi, une directive présidentielle de 1961 fixe à 50 % le niveau de destruction du potentiel économique soviétique par les forces nucléaires françaises. La France doit donc apporter la preuve du niveau de performance de ses missiles longue portée.
Un premier centre d'essais est fondé en 1947 à Colomb-Béchar en Algérie française pour tester des fusées, mais il se révèle insuffisant pour des engins plus lourds, alors une nouvelle base est développée en 1952 à Hammaguir situé à 120 kilomètres au sud-ouest de Colomb-Béchar. Cependant, les accords d'Évian de 1962, entre l'Algérie et la France, prévoient la fermeture de cette base en 1967. Le gouvernement français décide donc de créer un centre d'essais de lancement de missiles (CELM) près de Biscarosse dans les Landes. Les silos multicoups qui s'y trouvent permettent de tirer des missiles tactiques ou stratégiques non armés au dessus de l ‘Atlantique, alors que les silos du plateau d'Albion où se trouvent les charges nucléaires sont à usage unique. Les premiers essais avec des fusées tactiques d'une portée de 300 km débutent en 1964. Puis, après le premier échec en 1966 d'un S112 mono-étage qui perd sa tuyère en vol, les tirs se multiplient, avec plus de 10 000 essais entre 1966 et 2010, dont une très forte proportion de succès. Dès 1968, les S01 atteignent 500 kilomètres d'apogée. Depuis fin 2009, le CELM a été rebaptisé "DGA Essais de missiles" (DGA signifiant Direction Générale de l'Armement).
Bibliographie :
- GADAL, Serge, Forces aériennes stratégiques : histoire des deux premières composantes de la dissuasion nucléaire française, Paris : Economica, 2009, 397 p.