L'industrie de la plume et du duvet dans les Landes

17 novembre 1988
02m 37s
Réf. 00403

Notice

Résumé :

En 1859, naît, à Saint-Sever, la première entreprise spécialisée dans le traitement de la plume. Quatre générations plus tard, la société Pyrenex, qui appartient toujours à la même famille, s'est développée grâce à l'exportation. Très compétitive, l'entreprise a su notamment faire face à l'apparition du synthétique, mettant en avant la qualité supérieure de ses produits.

Date de diffusion :
17 novembre 1988
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Éclairage

On peut obtenir du duvet à partir des palmipèdes en suivant deux méthodes : sur l'animal vivant, quand il a atteint neuf à dix semaines, lors de la période de la mue ; il suffit d'arracher le duvet prêt à tomber sur le poitrail de l'animal. Cette opération peut se renouveler toutes les six semaines, mais n'est pas conseillée en période de ponte chez l'animal femelle. L'animal mort, on peut aussi récupérer les duvets et les petites plumes à la main ; c'est une opération assez lente qui ne convient qu'aux petites exploitations. Quand l'élevage est plus important ou dans les ateliers de transformation, on ébouillante la dépouille de l'animal et on enlève les plumes avec une plumeuse. Cette méthode à l'inconvénient de mouiller plumes et duvets et contraint donc à les sécher.

En ce qui concerne la qualité, il faut distinguer les plumes, les plumules (ou plumettes) et le duvet proprement dit, la meilleure qualité. Le duvet se distingue par son élasticité et son gonflant que les fibres artificielles n'ont pu égaler. Bien entretenu, tenu à l'abri de l'humidité, il peut être réutilisé plusieurs fois. Le meilleur duvet est celui d'oies adultes, âgées de plusieurs années de préférence, ce qui était le cas, autrefois, des oies de reproduction, appelées communément les "vieilles oies" qu'élevait chaque exploitation. Le duvet des animaux vivant dans un climat froid est également plus apprécié, car plus fourni.

Au niveau international, la Chine fournit plus de la moitié du duvet, suivie de Taiwan. En Europe, la France, l'Allemagne, la Hongrie et la Pologne sont les principaux producteurs, mais bien loin derrière les pays asiatiques. La plus basse qualité vient d'Asie et notamment de Chine car les plumes et duvets y proviennent de canards jeunes, élevés dans un climat chaud et humide dans le but d'en faire des canards laqués. En France, quatre zones produisent des plumes : la Bretagne et l'Aquitaine pour un quart chacune, Midi-Pyrénées et Pays de la Loire (20% chacune). La qualité y est généralement moyenne, la plume provenant de canards plus âgés. Enfin, le summum de la qualité est atteint au Canada où les animaux ne sont pas sacrifiés avant trois ou quatre ans, voire plus et vivent sous un climat froid. Au sommet, se situe le duvet de l'eider, un canard sauvage dont l'espèce est actuellement protégée, après avoir été beaucoup chassée pour ses plumes. On se contente donc de recueillir le duvet des mues sur un canard souvent âgé et vivant en plein air. Son indice de gonflant, l'indicateur de la qualité, est trois fois supérieur à celui des canards chinois.

Pour terminer, signalons qu'une bonne part des duvets provient de la récupération de duvets déjà utilisés : quand ils sont assez anciens, leur qualité est souvent supérieure à celle des duvets actuels, car ils proviennent de palmipèdes élevés selon des méthodes plus traditionnelles.

Francis Brumont

Transcription

Présentateur
Plumes et duvets, c’est une industrie qu’il ne faut pas prendre à la légère et que l’on retrouve plutôt dans les Landes à cause des élevages d’oies et de canards. La plume et le duvet, c’est une industrie qui exporte plutôt bien. Sur le marché mondial, elle est au troisième rang, bien loin quand même derrière la Chine qui est en tête. Le reportage, Annie Delmont, Jean-Louis Normand.
Annie Delmont
Les plumes et duvets, c’est une longue histoire dans les Landes. En 1859, la première entreprise naissait à Saint-Sever. C’était trois ramasseurs de plumes qui s’étaient associés. Les ouvrières s’appelaient alors les plumassières. Aujourd’hui, l’affaire restée dans la même famille, on en est à la quatrième génération, emploie 140 personnes. C’est l’une des plus importantes en France. Elle exporte 50 % de son chiffre d’affaires, transforme sur place 20 % en literie et articles de camping et vêtements. Le reste est expédié en France. L’apparition du synthétique a été durement ressentie surtout depuis dix ans avec le marché de la couette. Mais ici on reste compétitif.
André Crabos
Nous subissons très fortement la concurrence du synthétique. Il suffit de citer le nom de Dupont de Nemours pour situer le niveau de cette concurrence.
Annie Delmont
Vos arguments à vous, Landais, quels sont-ils ?
André Crabos
Et bien nos arguments, c’est qu’il s’agit d’une plume de bonne qualité. Ce n’est pas la super plume. Ce n’est pas l’eider qui se récolte dans les pays comme le Groenland. Mais c’est une plume de bonne qualité et des canards d'âge jusqu’à l’heure. Et le défaut de notre production actuelle, c’est que pressé par la nécessité de faire du foie, je dirais parfois à tout prix, donc on gave des canards trop jeunes.
Annie Delmont
83 millions de francs de plumes dites des Pyrénées partent à l’exportation en Allemagne premier client, aux USA deuxième client. La place de cette PME sur le marché mondial est correcte parce que vigilante face à ses concurrents que sont la Chine continentale, la Hongrie et la Pologne. Les plumes et duvets font partie des productions mal connues mais spécifiques des Landes. Et Saint-Sever situé au centre de la production oie et canard garde donc la suprématie. Quant à l’avenir de cette industrie, on l’envisage avec sérénité tant que le synthétique n’aura pas résolu les qualités incomparables du duvet, à savoir la rétention de la chaleur et la filtration de la transpiration, tout ira bien sur le marché landais des plumes et duvets.