Le festival Musiques croisées de Saint-Sever
Notice
Pour sa 3ème édition, le festival Musiques croisées de Saint-Sever a choisi comme thème central "la voix" qui, comme l'explique Alex Dutilh, directeur du festival, permet un rapport plus direct avec l'émotion. La programmation propose un one-man show de Lambert Wilson et une comédie musicale d'Elisabeth Wiener, No woman's land.
Éclairage
De 1989 à 2000, Saint-Sever accueille un festival à la fin de l'été (un week-end de trois jours en septembre), dont la formule est pour le moins originale. En effet, "Musiques croisées" fait se rencontrer des cultures musicales différentes, à la fois des traditions, donc un patrimoine transmis et repris, et des jeunes musiciens férus de modernité, engagés dans la culture contemporaine.
On propose ici de repenser les catégories musicales et les genres, autour de thématiques telles que "Musiques traditionnelles/actuelles" - 1989, "Les musiques de chambre" - 1990, "La voix" - 1991, "L'interprète et le créateur" - 1992, "Blues universel" - 1993, "Musiques en femmes majeures" - 1994, "Indépendances" - 1995, "États d'urgence" - 1996, "La vie aux grands airs" - 1997, "Sensualité" - 1998, "Troub(l)adours" - 1999, "Le temps retrouvé" - 2000.
Les artistes sont parfois amenés à jouer ensemble : par exemple, la musique dite de chambre, école de dialogue entre instruments et voix, fait s'entremêler un jazzman Martial Solal et la Camerata de France.
Pour certains musiciens, cela va jusqu'à concevoir une production spéciale pour Saint-Sever : sur le thème de la voix en 1991, le public vient au plus près du grain de la voix ; l'artiste est amené à se défaire des artifices appris de la technique pour retrouver l'émotion induite par son timbre et sa façon de vivre sa voix. Au cœur de cette rencontre, quel que soit le genre musical, le répertoire incarné redevient une découverte, une séduction
Selon Alex Dutilh, directeur artistique de ce Festival pendant toute sa durée (1989-2000), "c'était un clin d'œil aux passes croisées des frères Boniface, qui ont forgé, en partie, mon sens esthétique de Landais. Des musiques qui se croisent viennent d'univers différents, et une rencontre, c'est comme l'amour, cela peut être bref, furtif, ou durer toute la vie".
Une autre originalité est la mise en place d'un "fil rouge" : un musicien, en ouverture des concerts du soir, improvise une courte prestation qui rappelle les artistes qui se sont produits précédemment et fait ainsi, sous forme d'une sorte de "récital feuilleton", un lien avec le concert qui suit. Par exemple, l'accordéoniste Raul Barboza, et en 1994 Brigitte Lesne, sont le "fil" qui relie l'ensemble des concerts.
Lors des cinq dernières éditions, une "création" était commandée à un musicien, différent chaque année ; cette production d'un répertoire original impliquait les musiciens amateurs des harmonies (ou chorales) landaises, par le biais de répétitions à partir de Pâques et d'un stage intensif fin août avec le compositeur et un chef d'orchestre du département.
Les concerts se déroulent dans plusieurs lieux : l'église abbatiale, la salle du couvent des Jacobins, le patio du cloître, les arènes (par exemple pour Jacques Higelin), un chapiteau planté sur le stade. Les plus grands noms de la musique, dans des genres très différents, passent à Saint-Sever. Le festival est né sous l'impulsion de Jean-Claude Brèthes, alors maire, avec le soutien du Conseil général des Landes ; le budget 1991 est de 920 000 francs. Des ateliers autour de questions professionnelles (diffusion, animation, formation...) ont lieu en journée sur place.
Les festivaliers et les artistes se rencontrent toute la journée dans les galeries du cloître, autour d'une restauration proposée par Éric Costedoat. Cette convivialité est un aspect important pour la vie locale de cette commune de 5000 habitants, autant que les échanges sans aucun a priori, puisque les spécialistes se fondent dans les amateurs de ces genres si variés : jazz, contemporain, baroque, musique tzigane, klezmer, tango, flamenco, arabe, musette... l'indéfinissable, autrement dit la rencontre - où l'on ne fait pas que se croiser - a ici droit de cité.