Delphine Gleize présente son court-métrage Sale Battars à Mont-de-Marsan
Notice
Invitée de la semaine de l'adolescence, la réalisatrice Delphine Gleize est à Mont-de-Marsan pour présenter son film Sale Battars qui a récemment obtenu le César du meilleur court métrage. Cette reconnaissance devrait faciliter le financement de son premier long métrage, Carnages, dont une partie sera tournée dans les Landes.
Éclairage
Dans ce reportage, Delphine Gleize vient à la rencontre de jeunes Landais a l'occasion de la semaine de l'adolescence organisée par l'hôpital de Mont-de-Marsan.
Elle se prête d'autant plus volontiers à l'échange quelle vient dans une région quelle connaît bien, elle y a des attaches familiales, comme en témoigne la présence de son père dans le reportage.
Sale Battars raconte l'histoire de Sardine, une petite fille tendre et têtue qui n'a de cesse de vouloir faire de son frère handicapé un être humain parmi d'autres. A l'occasion du mariage de sa sœur, elle décrète que puisque le père n'est plus là c'est le frère qui doit conduire sa sœur à l'autel. Pour cela elle va lui apprendre à se tenir sur ses jambes ... Filmé du point de vue de la petite fille, le regard que cette dernière porte sur le monde des adultes ne manque pas d'acuité : la tendresse et l'attention vers le frère handicapé reposent sur les enfants et la vieille grand-mère, celui des adultes est moins généreux, plus partagé et oscille parfois entre honte, scepticisme, agacement, et soumission aux regards des autres.
Delphine Gleize vient d'obtenir le César du meilleur Court Métrage pour ce film, réalisé en 1998, et écrit alors qu'elle est encore étudiante à la Femis [1]."L'idée de départ est de filmer quelqu'un qui se mette debout... J'avais envie de faire un film avec une petite fille et son frère handicapé" [2]. On peut trouver l'origine de ce projet dans une photo personnelle de la réalisatrice, montrant un homme de dos portant un corps d'enfant inerte dans ses bras, "cette position est une position que j'ai toujours connue" [3]. Au départ, ce scénario est fait pour être tourné par un réalisateur, et puis au final c'est Delphine Gleize qui le réalisera tant elle porte ce film : "j'avais envie de choisir les comédiens, les décors. Je savais tellement ce que je voulais, ce que cela allait devenir" [4]. De fait, filmé dans sa région d'origine, la Picardie, dans un décor naturel familier, avec des comédiens amateurs [5], la réalisatrice joue avec un espace- temps qui ne cesse de défier les lois de la chronologie narrative : le film oscille entre réalité rurale (à la manière des peintres réalistes du XIXè) et évasion vers des représentations plus chimériques, en accord avec l'imaginaire de la petite fille, mais aussi en accord avec la tonalité du film : entre ombre et lumière, présence (forte de l'enfant) et absence (du grand frère dans son monde a lui).
Avec ce court métrage, Delphine Gleize met en place un univers et une manière : des personnages de la présence, un récit non linéaire, des images alternant entre réel documentaire et décor stylisé qu'on retrouvera dans ses autres courts métrages ainsi que dans Carnages son premier long métrage. Univers qu'elle définit si bien : "mes films me ressemblent. Je passe tout ce qui m'est personnel au broyeur pour réussir à toucher les autres..."
[1] Femis : école nationale supérieure des métiers de l'image et du son, Delphine Gleize est étudiante dans le Département scénario
[2]Carnages/Delphine Gleize, Paris : Studio Canal, 2003, DVD. Bonus : extrait de l'émission Court-Circuit, Arte, 2003
[3] Carnages/Delphine Gleize, Paris : Studio Canal, 2003, DVD. Bonus : extrait de "Bestiaire"
[4] Rencontre avec Delphine Gleize, , 15 juin 2000, propos recueillis par Christine Gendre et Magali Montet copyright Lettre d'Unifrance n° 23, www.unifrance.org
[5] "C'est formidable d'être avec les acteurs, dans un travail qui peut évoluer tout le temps... Pour "Sale Battars", j'ai fait trois mois de tournées d'apéros le dimanche dans les familles... Je leur jouais ce que je voulais tourner et j'étais tellement mauvaise que chacun me donnait sa version pour finalement me proposer de jouer. La direction d'acteurs, elle était là ...». Rencontre avec Delphine Gleize... op. cit.