Delphine Gleize présente son court-métrage Sale Battars à Mont-de-Marsan

07 mars 2000
02m 02s
Réf. 00405

Notice

Résumé :

Invitée de la semaine de l'adolescence, la réalisatrice Delphine Gleize est à Mont-de-Marsan pour présenter son film Sale Battars qui a récemment obtenu le César du meilleur court métrage. Cette reconnaissance devrait faciliter le financement de son premier long métrage, Carnages, dont une partie sera tournée dans les Landes.

Date de diffusion :
07 mars 2000
Source :
Personnalité(s) :

Éclairage

Dans ce reportage, Delphine Gleize vient à la rencontre de jeunes Landais a l'occasion de la semaine de l'adolescence organisée par l'hôpital de Mont-de-Marsan.

Elle se prête d'autant plus volontiers à l'échange quelle vient dans une région quelle connaît bien, elle y a des attaches familiales, comme en témoigne la présence de son père dans le reportage.

Sale Battars raconte l'histoire de Sardine, une petite fille tendre et têtue qui n'a de cesse de vouloir faire de son frère handicapé un être humain parmi d'autres. A l'occasion du mariage de sa sœur, elle décrète que puisque le père n'est plus là c'est le frère qui doit conduire sa sœur à l'autel. Pour cela elle va lui apprendre à se tenir sur ses jambes ... Filmé du point de vue de la petite fille, le regard que cette dernière porte sur le monde des adultes ne manque pas d'acuité : la tendresse et l'attention vers le frère handicapé reposent sur les enfants et la vieille grand-mère, celui des adultes est moins généreux, plus partagé et oscille parfois entre honte, scepticisme, agacement, et soumission aux regards des autres.

Delphine Gleize vient d'obtenir le César du meilleur Court Métrage pour ce film, réalisé en 1998, et écrit alors qu'elle est encore étudiante à la Femis [1]."L'idée de départ est de filmer quelqu'un qui se mette debout... J'avais envie de faire un film avec une petite fille et son frère handicapé" [2]. On peut trouver l'origine de ce projet dans une photo personnelle de la réalisatrice, montrant un homme de dos portant un corps d'enfant inerte dans ses bras, "cette position est une position que j'ai toujours connue" [3]. Au départ, ce scénario est fait pour être tourné par un réalisateur, et puis au final c'est Delphine Gleize qui le réalisera tant elle porte ce film : "j'avais envie de choisir les comédiens, les décors. Je savais tellement ce que je voulais, ce que cela allait devenir" [4]. De fait, filmé dans sa région d'origine, la Picardie, dans un décor naturel familier, avec des comédiens amateurs [5], la réalisatrice joue avec un espace- temps qui ne cesse de défier les lois de la chronologie narrative : le film oscille entre réalité rurale (à la manière des peintres réalistes du XIXè) et évasion vers des représentations plus chimériques, en accord avec l'imaginaire de la petite fille, mais aussi en accord avec la tonalité du film : entre ombre et lumière, présence (forte de l'enfant) et absence (du grand frère dans son monde a lui).

Avec ce court métrage, Delphine Gleize met en place un univers et une manière : des personnages de la présence, un récit non linéaire, des images alternant entre réel documentaire et décor stylisé qu'on retrouvera dans ses autres courts métrages ainsi que dans Carnages son premier long métrage. Univers qu'elle définit si bien : "mes films me ressemblent. Je passe tout ce qui m'est personnel au broyeur pour réussir à toucher les autres..."

[1] Femis : école nationale supérieure des métiers de l'image et du son, Delphine Gleize est étudiante dans le Département scénario

[2]Carnages/Delphine Gleize, Paris : Studio Canal, 2003, DVD. Bonus : extrait de l'émission Court-Circuit, Arte, 2003

[3] Carnages/Delphine Gleize, Paris : Studio Canal, 2003, DVD. Bonus : extrait de "Bestiaire"

[4] Rencontre avec Delphine Gleize, , 15 juin 2000, propos recueillis par Christine Gendre et Magali Montet copyright Lettre d'Unifrance n° 23, www.unifrance.org

[5] "C'est formidable d'être avec les acteurs, dans un travail qui peut évoluer tout le temps... Pour "Sale Battars", j'ai fait trois mois de tournées d'apéros le dimanche dans les familles... Je leur jouais ce que je voulais tourner et j'étais tellement mauvaise que chacun me donnait sa version pour finalement me proposer de jouer. La direction d'acteurs, elle était là ...». Rencontre avec Delphine Gleize... op. cit.

Anne-Marie Moulis

Transcription

Présentatrice
Retour aux sources, la cinéaste Delphine Gleize qui a obtenu le César du court métrage a retrouvé les Landes. Montoise d’origine, elle était l’invitée de la semaine de l’adolescence organisée par l’hôpital de Mont-de-Marsan, une rencontre avec les jeunes sous le signe de la réalisation des rêves d’enfant, Patrick Pannier, Michel Vouzelaud.
Patrick Pannier
Delphine Gleize devant les caméras de ses proches, habituellement la jeune réalisatrice se sent plus à son aise derrière lorsqu’elle tourne un film. A Mont-de-Marsan chez elle, c’est le papa de Delphine qui joue les apprentis cinéastes.
Bernard Gleize
Déjà toute petite, elle nous disait qu’elle gagnerait sa vie en racontant des histoires. Alors, on a essayé, c’était notre rôle de parents de lui faire comprendre que la littérature ne nourrissait pas forcément son homme ou sa jeune fille. Et puis finalement, c’est elle-même qui a fait sa propre démarche. Nous, on n’y est vraiment pour rien.
(Musique)
Patrick Pannier
Depuis qu’elle a obtenu le César du meilleur court métrage, il y a quelques semaines, Delphine Gleize est devenue une véritable star du cinéma dans les Landes où elle se prête volontiers au jeu des questions sur la conception de ses films.
Delphine Gleize
On a vraiment cherché la structure du film au montage, c'est pas du tout celle du scénario. Parce que c’est en fonction de ce que j’ai tourné, là aussi on a trouvé des choses plus intéressantes ou il y avait des choses qui étaient moins bien.
Patrick Pannier
Un César qui, dit-elle, ne sera pas déterminant pour sa carrière. En fait, c’est le financement de son premier long métrage qui en sera facilité. Budget 20 millions de francs. Tournage prévu au mois d’août. Titre Carnage sans doute avec l’actrice Lio.
Delphine Gleize
Ça se passe entre trois pays. Il y a 12 personnages principaux et ce sont des tranches de vie qui changent, enfin des tranches de vie très banales qui se transforment à partir du moment où ils reçoivent un morceau de taureau dans leur vie.
Patrick Pannier
Très attachée à la culture du Sud-Ouest, Delphine Gleize tournera une grande partie de son film dans le Béarn et dans les Landes.