Présentation du film Le Petit Matin à Dax
Notice
Interview du réalisateur Jean-Gabriel Albicocco et de l'écrivain Christine de Rivoyre venus présenter, à Dax, l'adaptation cinématographique du roman Le Petit Matin.
Éclairage
Née à Tarbes en 1921, Christine de Rivoyre est une journaliste et écrivaine très attachée aux Landes, en particulier au petit village d'Onesse-et-Laharie où elle est enracinée. Elle obtient le prix Interallié en 1968 pour Le Petit Matin, édité chez Grasset, que le réalisateur Jean-Gabriel Albicocco porte à l'écran en 1973. Prolixe, elle publie une quinzaine de romans qui lui valent, pour l'ensemble de son œuvre, le prix Paul-Morand décerné par l'Académie française, en 1984.
François Nourrissier écrit, dans Les Nouvelles littéraires du 11 avril 1968 : "J'abats tout de suite mon jeu : j'aime Le Petit Matin." Quarante ans plus tard, Bernard Pivot, dans une chronique du Journal du Dimanche du 2 juillet 2008, note que cette œuvre "n'a pris ni une ride, ni un cheveu blanc" qu'elle est "d'une incroyable modernité" [...] "bluffant" et ajoute "Tant pis pour le Goncourt qui l'a raté !"
De tels hommages sont nécessairement fondés. Ce livre et le film qu'il a inspiré, rencontrent effectivement un énorme succès, non seulement en raison du talent de l'auteur mais par l'impact du récit sur un large public qui se retrouve dans une histoire romanesque sur fond d'Occupation. Moins intimiste que Boy, paru en 1973, et qui rencontre également un bon accueil, Le Petit Matin aborde un sujet encore délicat, une vingtaine d'années après la fin du second conflit mondial : la liaison d'une jeune fille avec un soldat allemand.
Mais qui connaît les Landes, le Marensin en particulier, et l'auteur du roman plus précisément, amoureuse de la nature et des chevaux, comprend rapidement que l'écriture est un prétexte à livrer une part de soi. Christine de Rivoyre donne ici au public beaucoup d'elle-même ; on y décèle le "vécu". "C'est un roman très inspiré par la réalité de la nature landaise et les personnages de sa vie et de son enfance", remarque le metteur en scène. Et cette enfance "à la Mauriac", étouffante tant par la torpeur des étés que par les silences des familles, tant par le couvercle oppressant du pinhadar qui occulte l'horizon et renferme, que par le contrôle et la vigilance de toute une communauté villageoise exacerbés en cette période particulière, tous les locaux qui ont participé au film, la connaissent et s'y reconnaissent. Ils seront, de ce fait, les meilleurs promoteurs de l'ensemble de l'œuvre qui est un hommage à leur "pays".
Tout ceci, le metteur en scène Jean-Gabriel Albicocco, l'a saisi. "Il a merveilleusement compris le pays, un pays que j'aime", confie Christine de Rivoyre, notant que le travail réalisé par l'artiste surpasse le roman en ce qu'il le rend "lyriquement plus fort". Un bel hommage à celui qui affirme donner une forme à "l'un des plus beaux romans".
De tous les ouvrages signés par Christine de Rivoyre, seul Boy, paru en 1973, renverra effectivement aux Landais un reflet aussi profond et authentique de leur territoire.