Mugron en fédérale 2 depuis 30 ans

22 juin 2003
03m 54s
Réf. 00607

Notice

Résumé :

Reportage consacré à l'histoire du club de Mugron (Landes) créé en 1958 et en fédérale 2 depuis 1973, date à laquelle l'équipe est devenu champion de France. Il fête en 2003 ses 30 années de présence en deuxième division.

Type de média :
Date de diffusion :
22 juin 2003
Thèmes :

Éclairage

Fondé en 1920, l'Union Sportive Mugronnaise abrite avant et après-guerre une section football et une section basket masculin. A la fin des années 1950, le rugby prend la relève du football moribond sous l'impulsion d'Ernest Lapouble, employé à la perception de Mugron. Le 3 septembre 1958, Roger Ducourneau, ancien entraîneur de l'U.S Dacquoise, conduit le premier entraînement de cette équipe rouge et bleu, composée de nombreux néophytes entourés de joueurs venus de divers horizons - des militaires à la BA 118 à Mont-de-Marsan, quelques anciens footballeurs, des transfuges des clubs voisins - fait preuve de bonne volonté et apprend très vite. Le premier match se déroule contre Hagetmau le 14 septembre 1958 (3-11), jour de l'inauguration du stade de Hillette, en lever de rideau du match Stade Montois – Saint-Sever. En dix ans, le club gravit les échelons régionaux et se retrouve même en 1968 en finale du championnat de France honneur perdue face à Nîmes (5-0). Une belle épopée pour cette équipe composée de juniors titulaires aux côtés de joueurs plus aguerris : Yves Furet au talonnage, Christian Pontarrasse en 3e ligne, Eric Paché à la mêlée, Pierre Dangoumau à l'ouverture et Jean-Claude Pontarrase au centre qui se souvient de cette « finale perdue bêtement avec l'ailier qui entre dans l'en-but mais oublie d'aplatir. »

En 1973, l'Union Sportive Mugronnaise va connaître son heure de gloire. M. Mouchès cède sa place de président à M. Mora. L'U.S Mugron tient désormais le haut du pavé de la division Excellence. Longtemps en fond de tableau, les Mugronnais doivent attendre la dernière journée des matches de poules pour se qualifier (64e sur 64). En 32e, Mugron passe Bazas (14-9) sur le terrain de Roquefort. En 16e, Lormont plie à Lavardac (6-3) grâce à un drop du troisième-ligne Christian Pontarrasse. En 8e, face aux bulldozers d'Arras, Mugron inscrit cinq essais et se qualifie pour les quarts (20-10). La montée en Fédérale sera assurée par la victoire en quart (17-6) face à Trignac sur le terrain de Pons. Le rêve continue à Auch, face à Montréjeau. En finale, le 13 mai, Mugron retrouve Anglet sur le terrain de L'U.S Dacquoise : le 64e face au 63e ! Devant 7000 spectateurs, Mugron remporte son premier titre suprême par 18 à 6 avec 2 essais (Marcel Ducamp et Alain Griman), 2 pénalités et 2 transformations de Pierre Dangoumau. « On n'était pas habitué à jouer devant autant de monde », se souvient le capitaine Henri Mars. Avec ce titre de Champion de France Excellence, Mugron devient le plus grand des plus petits.

L'U.S Mugronnaise privilégie sa relation entre les joueurs et les supporters. « Nous avons fait tous les déplacements, souligne Michel Fourcade, président du club des supporters. Le courant passe très bien entre les joueurs et le club des supporters. » Convivialité, simplicité : l'esprit rugby village légende la vie de Mugron. « Notre rôle est de fédérer supporter, joueurs, dirigeants, expliquent Michel Cabanes et Jean-Pierre Bertin, co-présidents du club en 2003. Le club fonctionne toujours avec la même simplicité depuis toujours ce qui attire les joueurs pour sa convivialité. » A Mugron, le bonheur est sur le pré et sous la halle au grain. Un monde sans argent qui explique ce secret de réussite incarné déjà par Louis Destrem, concepteur du projet mugronnais, modèle d'efficience, d'identité et de pérennité au service d'un club qui fait de l'école de rugby, créée en 1965, et des équipes de jeunes le moteur en perpétuel auto-allumage de l'U.S.M. Ici la formation, loin d'être une contrainte, représente le laboratoire, l'incubateur, le vivier où, au-delà de l'apprentissage technique, se transmettent les valeurs chargées de sens, véhiculées par les Rouge et Bleu.

Vincent Péré-Lahaille

Transcription

Journaliste
12 septembre 58, l’US Mugron vient de naître, inauguration du stade, première équipe, les résultats ne sont pas encore au rendez-vous, qu’importe, le blé est semé. En 10 ans, l’USM gravit un à un les échelons régionaux et se retrouvent même en finale du Championnat de France Honneur, opposé à Nîmes une finale perdue de justesse, 5-0.
Christian Pontarasse
Je dirais presque bêtement, puisqu’on a l’ailier qui est dans l'embut, et qui oublie d’aplatir, il recentre, on perd là-dessus.
Journaliste
En 73, une bande de copains, aujourd’hui quinquagénaires, doit attendre la dernière journée des matchs de poule pour se qualifier. Inespéré, tour à tour Bazas en 32ème, et puis Lormont, Arras, Trignac et Montréjeau font les frais de l’enthousiasme landais. Le 13 mai, le jour de gloire est arrivé. Mugron bat Anglet 16-6, Mugron championne de France troisième division dans la ferveur populaire que l’on devine.
Henri Mars
Un public très nombreux, une foule à Dax, c’est vrai qu’on n’avait jamais été habitués à jouer avec autant de monde. Je ne me rappelle plus 4 000 ou 5 000 personnes, alors que d’habitude, 500 ou 1 000 au plus.
Journaliste
Depuis ce titre inoubliable, l’USM est toujours resté fidèle à la deuxième division sans interruption. 30 ans de présence, malgré les inévitables hauts et bas, 30 ans que le club doit en partie à l’enthousiasme de ses supporters aujourd’hui regroupés en association.
Michel Fourcade
Nous avons fait tous les déplacements, chaque fois, le car est pour ainsi dire plein ; et le courant passe très bien entre les joueurs, le club des supporters et les entraîneurs et les dirigeants. Notre rôle, c’est d’essayer d’être derrière les joueurs.
Journaliste
Ce soutien inconditionnel, on le retrouve aujourd’hui sous forme d’anecdote à l’occasion d’un match disputé à Pamiers.
Pascal Darrouze
On décide de partir la veille, parce qu’on sentait qu’on était capable d’aller faire quelque chose. Donc, les présidents nous réunissent et nous expliquent que ça allait être très dur et que ça coûtait de l’argent. Donc, le club des supporters apprend ça. Ils se sont mis un mois avant à vendre des crêpes, à faire des apéritifs, à faire quelque chose pour pouvoir nous payer ces déplacements.
Journaliste
Un déplacement payant, parce que les Mugronnais l’emporteront. Le secret de l’USM tient en quelques mots, convivialité, simplicité, l’esprit rugby village en quelque sorte.
Michel Cabanes
Il y a énormément de travail pour s’occuper d’un club comme ça, mais c’est vraiment intéressant, parce que notre rôle, c’est de fédérer tout l’ensemble, supporters, joueurs et dirigeants. Et c’est ce qu’on est arrivé à faire avec Jean-Pierre.
Jean-Pierre Bertin
Quand j’ai pris la présidence avec mon copain Michel, nous fonctionnons de la même façon qu’en 58 ; puisque dans les années 67-68, année à laquelle j’ai joué avec Michel, le club fonctionne de la même façon. Moi je connais les joueurs qui sont attirés par la convivialité Mugronnaise, et qui font fi de tout, c’est comme un peu leur promettre ailleurs.
Journaliste
Et comment résister en effet à ce qu’on vous propose ici, exemple avec le menu du jour.
Pascal Larouillet
Aujourd’hui, soupe crémeuse de moule et coque safran, fricassé de riz d’agneau aux girolles, un pavé de cendre à la mitonnée de fenouil avec une crème anisée. Rôti de bœuf de Chalosse avec une sauce poivre, salade pris, et un entremets caramel poire.
Journaliste
Un menu auquel ne résisteront pas les quelques 400 convives venus fêter les 30 ans en deuxième division, ajoutez-y quelques notes de bandas. À Mugron, le bonheur est sur le pré, mais aussi sous la Halle aux graines.
Intervenant 1
C’est entre copains, faire la fête, et voilà, il n’y a que ça qui est à Mugron. On voit ça, je pense à Mugron, et nul part ailleurs, je pense.
Intervenant 2
Tous les joueurs savent qu’il n’y a pas un centime de distribué, donc chacun sait que le copain n’en a pas un de plus.
Journaliste
Un monde de sans argent, on a bien du mal à l’imaginer par les temps qui courent. À Mugron, c’est pour beaucoup le secret de la réussite.