Les arènes de la course landaise

03 novembre 1998
05m 01s
Réf. 00319

Notice

Résumé :

Patrimoine architectural typiquement landais, les arènes de la course landaise font aujourd'hui l'objet d'un inventaire mené par le Conseil d'Architecture d'Urbanisme et de l'Environnement des Landes. A cette occasion, retour sur l'histoire de leur construction et découverte de quelques unes d'entre elles à Saint-Perdon, Gabarret, Villeneuve-de-Marsan, Laurède et Mugron.

Type de média :
Date de diffusion :
03 novembre 1998
Source :

Éclairage

Les arènes constituent l'un des patrimoines architecturaux les plus originaux des Landes. C'est en effet dans ce département, et essentiellement au sud d'un axe Dax – Mont-de-Marsan – Gabarret, que l'on trouve la plupart de ces espaces dédiés à la tauromachie, et en particulier à la course landaise. La Chalosse, terre de prédilection de ce sport, en concentre la majorité, près de 80 sur 92.

L'histoire et l'évolution de la course landaise ont déterminé dans le temps plusieurs types d'espaces spécifiques. Dès l'Ancien Régime, on assiste à des tentatives de contrôle des jeux taurins qui depuis le Moyen Âge, faisaient partie de la culture gasconne et à les cantonner dans des espaces particuliers. L'ordonnance royale du 16 février 1757 est la première à signifier que les courses de bœufs et de taureaux qui se déroulaient alors dans les rues devraient dorénavant être organisées en des endroits clos par des barrières et vérifiés par des experts charpentiers. Le 30 mars 1773, une nouvelle réglementation impose que les principales villes où se pratiquent les jeux taurins (Mont-de-Marsan, Dax, Tartas, Saint-Sever) seront tenues de construire une enceinte entourée de gradins. Mal appliquée, elle est reprise et précisée en 1802 par un arrêté du premier préfet des Landes, Alexandre Méchin, qui fixe entre autres l'épaisseur des madriers devant fermer chaque enclos et la hauteur des gradins amovibles l'entourant.

Plusieurs types d'espaces vont dès lors voir le jour, de la simple "place de la course" (Eyres-Moncube, Poyartin) seulement aménagée lors des fêtes patronales jusqu'aux grandes arènes construites sur le modèle des "plazas" espagnoles, de type circulaire. Leurs formes et leurs architectures comme les modes de construction et les matériaux qui les composent sont extrêmement variables et ajoutent à la difficulté de pouvoir déterminer une typologie claire.

La structure minimale, que l'on trouve encore dans de nombreux villages, est constituée par une tribune officielle permanente, constituée des loges pour les vaches en partie basse surmontées de gradins couverts (Bégaar, Saint-Gor, Aurice, Hinx, Laurède). Cet ensemble est toujours implanté dans le grand axe de la piste et se trouve complété lors de chaque course par l'adjonction de barrières de madriers ou de gradins amovibles.

Un second groupe est constitué par les arènes de petites villes comme Mugron, Gabarret ou Villeneuve-de-Marsan, qui apparaissent plus abouties. Elaborées à l'apogée des spectacles de type "hispano-landais" de la fin du XIXe et du début du XXe siècle, elles comportent une façade extérieure de type souvent néo-mauresque et des gradins qui délimitent une piste tendant à s'ovaliser, ce qui confère à l'ensemble la forme caractéristique d'un fer à cheval.

D'autres structurent constituent de véritables amphithéâtres, en bois et couverts comme à Saint-Perdon ou à Rion-des-Landes, en dur et découverts comme à Eugénie-les-Bains. La piste, toujours organisée autour d'un axe passant par les loges, est alors de type rectangulaire.

Certaines arènes, par ailleurs, sont l'illustration d'un compromis entre le modèle espagnol et celui de la course landaise (Amou, Pomarez par exemple). Construites généralement en béton armé, ornées d'une façade très marquée, elles s'organisent autour d'une piste oblongue et circulaire à ses extrêmités.

Enfin, certaines villes ont, dès la fin du XIXe siècle, complètement adopté le modèle espagnol destiné à la corrida (Dax, Mont-de-Marsan, Vieux-Boucau). La piste y est circulaire et non orientée.

Le Conseil d'Architecture, d'Urbanisme et de l'Environnement (C.A.U.E.) des Landes a entrepris en 1998 et 1999 un inventaire architectural de tous les espaces dédiés à la tauromachie dans les Landes, qui a donné lieu à la publication d'un guide en 2000.

Trois de ces arènes landaises ont fait l'objet d'un arrêté d'inscription au titre des Monuments historiques en date du 25 avril 2007 : les arènes "Jean-Lafittau" à Amou, les arènes "Jean-de-Lahourtique" à Bascons et les arènes de Roquefort.

Bibliographie :

- LE GRAND, Michel, Les courses de taureaux dans le Sud-Ouest de la France jusqu'au début du XIXe siècle. Etude historique et documents, Mont-de-Marsan : éditions Jean-Lacoste, 1934.

- LAFORCADE, Michel, La tauromachie dans le Sud-Ouest de la France. Contribution à l'étude d'une tradition locale, s.l., Impr. Delteil, 1984.

- C.A.U.E. des Landes, Arènes de la course landaise et de la corrida, Bordeaux : Le Festin / C.A.U.E. 40, 2000.

François Bordes

Transcription

(Musique)
Patrick Pannier
Bonsoir, Aquitaine première se consacre ce soir à un patrimoine typiquement landais en vous proposant de vous faire découvrir quelques unes des arènes de ce pays où la course landaise reste un élément fondamental de la culture locale.
(Musique)
Jacques Duhart
Au début, au moyen âge on lâchait les vaches ou les taureaux dans les rues par simple esprit d’amusement. Euh, cela durait en gros jusqu’à l’époque napoléonienne où là, les préfets ont commencé à dire qu’il s’agissait de, de jeux un petit peu pittoresques mais dangereux et qu’il fallait organiser dans des espaces un petit peu mieux constitués. A partir de là, on a commencé à fermer les places avec des barrières puis on a commencé à construire des tribunes pour installer les, les spectateurs, des loges pour installer le bétail et progressivement, de la place, on est passé à l’arène.
Patrick Pannier
La qualité du cadre de vie et la mise en valeur du patrimoine, mission du Conseil d’Architecture d’Urbanisme est d’Environnement, le CAUE des Landes, vient d’entreprendre l’inventaire, sorte d’état des lieux des arènes de la course landaise. On en compte une centaine dans le seul département des Landes.
Jacques Duhart
La construction des arènes de Gabarret a commencé en 1902 avec deux premières loges. Puis des gradins en bois, puis des gradins en ciment armé comme on les appelait à l’époque, et enfin, en 1914 s’achevait la construction des arènes avec cette façade polychrome.
Patrick Pannier
Sang et or, le rouge et le jaune, les couleurs de l’arène, influence au siècle dernier de la tauromachie espagnole envahissante mais qui faisait alors bon ménage avec la course landaise. Par la suite, chacun a voulu marquer son territoire.
Jacques Duhart
On a vu des plazas de toros se spécialiser dans les corridas pendant que les petits villages landais eux, continuaient à résister et à présenter leurs spectacles avec leurs vaches et leurs écarteurs.
Jean-Marc Lalanne
Les personnes peuvent être proches du contact du bétail et des toreros qui sont en piste. Donc ça apporte euh, ça donne un petit piment quoi. C’est-à dire que les personnes qui voient deux ou trois courses par an et qui sont adossées derrière cette barrière où la vache en passant ou en arrivant donne un coup de cornes, bon ils ont des émotions autres que ceux qui sont assis sur les gradins et c’est pas du tout pareil quoi.
Patrick Pannier
Dans cette terre de Chalosse, où l’on érige des stèles à la mémoire des écarteurs locaux, le sommet d’une année, c’est à l’évidence le jour de la course donnée à l'occasion de la fête patronale du village.
Claude Carrincazeaux
C’était le rendez-vous, rendez-vous annuel mais aussi dominical puisqu’il existait des courses à Laurède tout au long des dimanches de l’été avec des gens qui prêtaient des vaches et où les jeunes du village venaient s'essayer.
Patrick Pannier
L’inventaire complet des arènes devrait s’achever fin 99, un guide grand public sera alors édité et des recommandations seront faites aux communes pour la préservation de ces témoignages du passé.
Michel Lalanne
Si on devait faire un cahier des charges pour dessiner l’arène de course idéale, il suffirait d’analyser le comportement d’une vache dans sa course, dans son attaque, dans son refuge et à partir de là, on a automatiquement les dimensions, les formes, les matériaux aussi qu’il faut utiliser ou qu’il faut proscrire pour avoir le meilleur rendement possible dans l’exercice de la course landaise.
Patrick Pannier
Entre Haute Lande et Chalosse, je vous propose maintenant une rencontre à Mugron avec Paulette Lespiaucq, dont la particularité est de vivre toute l’année dans une arène.
Paulette Lespiaucq
Allez, bon.
Patrick Pannier
75 ans, retraitée, Paulette réside avec son mari dans un trois pièces aménagé sous les tribunes des arènes de Mugron. Parfois bien malgré elle, elle joue le rôle de concierge à l’occasion de guide pour les touristes de passage mais son plus grand plaisir c’est de s’occuper de la multitude de fleurs qui ornent les arènes.
Paulette Lespiaucq
On entretient avec des engrais, avec de l’eau, il faut grimper l’eau dans l’escalier toutes les semaines ou au moins une fois par semaine. Pour celles-là, deux fois pour celles qui sont devant là parce qu’il y en a aussi aux fenêtres devant, pour qu’elles soient belles.
Patrick Pannier
Voilà, cette Aquitaine première dévolue aux arènes de la course landaise est maintenant terminée, la porte du toril va se refermer. Dans un instant, la suite du 19/20 sur France 3 avec le journal régional. Bonne soirée à tous.
(Musique)