Congrès des jeunes catholiques du diocèse de Laval [Muet]

Le sujet présenté ici est « Le congrès des jeunes catholiques du diocèse de Laval » de 1946 c’est-à-dire de l’immédiate après-guerre. Le film est muet, certains extraits sont abîmés, enfin un visionnage attentif met en évidence un grand désordre dans le montage. Il n’a pas été diffusé… Ce document n’est pas abouti, pourtant les prises de vues sont remarquables ! Vues de groupes en plongée, vues de discours, de drapeaux et de bannières en contre-plongée, vues à hauteur d’épaule, de taille, du sol, image fixe au sein d’un défilé, travelling-arrière pour accompagner un groupe qui marche (sur le côté, puis devant), gros plans sur quelques visages… En ville, les principaux lieux filmés sont la place de Hercé (avec au fond le Palais de l’Industrie, rasé en 1976, remplacé par la Salle Polyvalente), la place du 11 Novembre (lors d’un dépôt de gerbe), la rue des Déportés, la place de la Trémoille, la rue Charles Landelle et la place Hardy de Lévaré (groupes variés de jeunes qui défilent).

Ce congrès a eu lieu le dimanche 28 avril 1946. Il faut rétablir ici la chronologie des événements ! Le matin, les jeunes arrivent de toute la Mayenne, puis des divers points fixés pour leurs rassemblements, les groupes, drapeaux et fanions en tête, s’avancent vers la place dans un ordre parfait, avec une dignité remarquée. (La Semaine Religieuse) Une messe en plein air est célébrée sur la place de Hercé. Le midi, les groupes se séparent pour manger. À 14h30, tout le monde se réunit sur le stade des Francs-Archers (à l’autre bout de la ville). Les participants retournent par groupes bien séparés vers la place de Hercé en suivant un parcours commun : boulevard Félix-Grat, rue de Paris, rue de la Paix, place du Onze Novembre, rue de l’Hôtel-de-Ville, rue Daniel-Oehlert, place Hardy et rue Marmoreau. Ce défilé se fait « d’un pas rythmé, au son des tambours, au chant des hymnes. » Sur la place de Hercé, les discours, les applaudissements, les chants se succèdent, par exemple « Jacistes debout ! ». Pour clore la journée toute la belle jeunesse chrétienne de la Mayenne, droite, fière, résolue chante la Marseillaise, clamant ainsi que dans son cœur elle ne saurait séparer de l’amour de son Dieu l’amour de sa patrie. (La Semaine Religieuse)

Peut-on donner des noms aux personnes présentes sur les images ? Oui, c’est possible ! Tout d’abord, on remarque Mgr Paul Richaud, évêque de Laval depuis 1938, qui sera archevêque de Bordeaux et primat d’Aquitaine entre 1950 et 1968. La messe est célébrée par l’abbé Fernand Renou (1915-2001) qui vient d’être ordonné prêtre à La Selle-Craonnaise le 6 avril. Il sera curé de Saint-Jean-sur-Erve, de Sainte-Suzanne, puis de Saint-Berthevin. Les autres intervenants sont : Emile Guittet (il accueille l’évêque), le révérend père Laplace (il prononce une allocution sur la manière d’être chrétien), Henry Gasnier (étudiant en droit et président diocésain de l’ACJF, Association catholique de la jeunesse française, existant depuis 1886), Madeleine Girardot (membre de la JICF locale, elle évoque au micro le récent congrès national à Paris), Rémy Jourdain (membre vendéen, dirigeant national de la JAC, il dénonce la situation tragique des campagnes qui se vident) et Pierre Patte (dirigeant national de la JOC).

Enfin, d’après les autorités religieuses, ce sont 6 000 jeunes chrétiens du département qui se sont retrouvés à Laval. Ces organisations non mixtes de jeunesse sont la JAC et la JACF (agricoles, les deux cortèges les plus nombreux), la JOC et la JOCF (ouvrières), la JEC et la JECF (étudiantes), la JIC et la JICF (indépendantes), les scouts (garçons) et les guides (filles), le Rayon sportif féminin et les Sociétés sportives masculines (certainement les Francs-Archers de Laval, sans doute la Craonnaise, la Villebois-Mareuil de Château-Gontier…). Parmi celles-ci, la Jeunesse agricole catholique a été fondée en novembre 1929 par des jeunes et des prêtres. Cette association étant réservée aux garçons, les jeunes filles se regroupent dans la JACF à partir de 1933. Les membres de la JAC et de la JACF portent un blason blanc chargé d’une croix verte et d’un épi de blé jaune, en haut est écrit « JAC » ou « JACF » en jaune sur un fond vert. Par la suite, avec les changements intervenus dans les campagnes et l’affaiblissement démographique de la population agricole, la JAC est fondue dans le MRJC (Mouvement rural de jeunesse chrétienne) en 1965.

• Périodique : La Semaine religieuse du diocèse de Laval, 11 mai 1946.