Grez-en-Bouère : construction de l'usine Approchim
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A Grez-en-Bouère, la Préfecture vient d’autoriser l’usine Aprochim à poursuivre son activité. Spécialisée dans le traitement de déchets industriels dont le pyralène, sa présence inquiète les défenseurs de l’environnement comme Christian Huchède. Le PDG de l’entreprise Didier Routa leur répond que des normes de sécurité très élevées ont été mises en place et qu’il n’y a pas de risque à craindre.
Date de diffusion :
25 sept. 1989
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Contexte historique
ParProfesseur certifié d'histoire-géographie au collège Volney, Craon (Mayenne)
Dans ce court reportage d’1’40 diffusé le lundi 25 septembre 1989 par FR3 Le Mans, le journaliste Michel Partage présente le cas d’une entreprise qui se construit à la campagne : l’usine Aprochim. En quelques images, quelques informations et deux interviews il campe très bien la situation. Les images montrent le canton très rural de Grez-en-Bouère, puis l’usine Aprochim en construction. Les informations données sont de plusieurs ordres (interdiction d’exploitation par le tribunal administratif de Nantes en juillet, arrêté préfectoral autorisant fin août l’exploitation en attendant un nouveau dossier, rappel que cette usine va décontaminer des transformateurs électriques contenant du pyralène ou PCB, manifestation des écologistes…). Les personnes interrogées sont Christian Huchedé (opposant à l’installation d’Aprochim, plus connu en tant que directeur-fondateur du refuge de l’Arche à Saint-Fort) et Didier Routa (PDG d’Aprochim). La société Aprochim, toute récente, est spécialisée dans le traitement des déchets industriels, aussi elle collecte, traite et recycle des matériaux souillés aux PCB et aux PCT dont l’utilisation a été interdite en France en 1987 et qui font l’objet d’un plan d’élimination.
Pourquoi installer cette usine à Grez-en-Bouère ? Dès le 12 novembre 1988, les dirigeants d’Aprochim ont rempli une page entière de l’hebdomadaire Haut-Anjou afin d’expliquer ce choix : L’implantation d'Aprochim dans le département de la Mayenne et particulièrement à Grez-en-Bouère est due à l’accueil des élus et principalement celui du Conseiller Général et des maires du canton de Grez-en-Bouère, à juste titre inquiets de la désertification des campagnes
. Pour apaiser les tensions qui existent déjà, l’entreprise se présente comme destinée à combattre la pollution, un des embarras du progrès
. Malgré tout, une manifestation de 150 personnes, organisée par l’Association de défense contre l’usine chimique de Grez, a lieu à partir de 14 heures depuis le site de l’usine jusqu’à la sous-préfecture de Château-Gontier le samedi 29 avril 1989. À cette occasion, une délégation porteuse de 20 questions est reçue par le sous-préfet. Ces questions resteront sans réponse…
Durant les années qui suivent, l’entreprise se développe. Un maximum d’activité est atteint semble-t-il vers 2007-2010. L’usine est agrandie en 2009. C’est alors que les problèmes vont s’accumuler. En janvier 2011, des taux anormalement élevés de PCB dans la production des fermes voisines (lait, viande, œufs) amènent l’abattage de plusieurs troupeaux et à la mise de l’usine sous la surveillance des services de l’État. Des exploitations agricoles voisines ferment. À une date inconnue, elle est classée « Seveso seuil haut ». En effet, depuis 1982, la directive Seveso demande aux États et aux entreprises d’identifier les risques associés à certaines activités industrielles. Cette directive tient son origine dans la catastrophe industrielle de Seveso en Italie en 1976. Par la suite, des dépassements des normes autorisées, des pollutions diverses, des accidents, des incendies émaillent l’histoire de l’usine Aprochim et de la commune de Grez-en-Bouère. Le 24 septembre 2014 vers 23 heures, la chaîne France 3 diffuse un reportage tourné en Mayenne Déchets, scandales et gros profits dans l’émission Pièces à conviction. Jusqu’aux années 2020, c’est une interminable suite d’arrêtés préfectoraux, de décisions de justice (tribunal administratif de Nantes, juge des référés du tribunal de grande instance de Laval, cour administrative d’appel de Nantes, Conseil d’État, cour d’appel d’Angers…). Plusieurs associations veillent au respect de l’environnement : France Nature Environnement Pays de la Loire, la Fédération pour l’environnement en Mayenne et Entre Taude et Bellebranche (plus locale). Elles n’hésitent pas à aller en justice durant ces longues années. Ainsi, en 2022, l’entreprise est condamnée à verser 50 000 € aux défenseurs de l’environnement.
Malgré ces condamnations, Aprochim poursuit son activité à Grez-en-Bouère. C’est en 2023 une filiale de la société Chimirec. Celle-ci, qui avait débuté dans la collecte des huiles usagées en 1958, exploite 42 sites en France, 5 à l’étranger et dispose de 450 véhicules poids lourds.
Bibliographie
- Haut-Anjou : de 1988 à 2023.
- Ouest-France : de 2010 à 2023.
- Sites Internet : Aprochim, Chimirec, France Bleu, France Nature Environnement Pays de la Loire, France 3 Régions, La Croix, Actu Environnement, L’Avenir Agricole, Sciences et Avenir, Paris Match, L’Humanité, L’Usine nouvelle, ONG Robin des Bois, Bioaddict, Dalloz, Europe Écologie Les Verts.
Transcription
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