Pollution de la rivière Oudon
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Résumé
Mayenne nature environnement a organisé il y a quelques jours une manifestation pour protester contre la pollution de l'Oudon. Reportage à Cossé-le-Vivien autour des stations d'épuration en cause, celle de la ville et celle de la distillerie Verniers. Si le maire de la commune dit faire son possible pour y remédier, le président de l'association estime que les actions engagées ne vont pas assez loin.
Date de publication du document :
01 nov. 2022
Date de diffusion :
30 sept. 1987
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Contexte historique
ParDirecteur des archives départementales de la Mayenne
Terre d’agriculture, la Mayenne est également une terre d’industrie, et ces deux activités sont réunies dans le secteur agro-industriel. Or l’exploitation des ressources naturelles, dont la Mayenne est riche, peut être génératrice de pollution, notamment des eaux. Cette séquence du journal télévisé aborde cet épineux sujet.
L’Oudon est une rivière orientée nord-sud, longue d’une centaine de kilomètres, qui prend sa source à La Gravelle aux portes de la Bretagne ; elle arrose Ruillé, Cossé-le-Vivien, Craon et Segré avant de se jeter dans la Mayenne peu après Le Lion-d’Angers.
La vidéo respecte les règles du traitement journalistique : un peu d’humour – le jeu de mots entre « Oudon » et « Où donc ? » – et un exposé aussi clair que possible des tenants et aboutissants de l’affaire, à commencer par les acteurs en présence.
1/ Mayenne Nature Environnement (MNE) est, au moment des faits, une jeune association d’étude et de protection des milieux naturels. Née en 1982, elle mène des actions d’expertise, d’éducation et de sensibilisation. Afin de faire réagir les acteurs publics et privés impliqués dans la pollution de l’Oudon, elle pointe les responsabilités de chacun et recourt à tous les moyens légaux : manifestations publiques, actions devant les tribunaux. 2/ La distillerie Vernier a été fondée dans les années 1920. Elle transforme les fruits issus des vergers dont le Craonnais est richement couvert. Dotée d’une station d’épuration qui s’avère trop petite, elle doit prendre ses responsabilités, de sorte que plusieurs projets sont à l’étude pour disposer d’un équipement proportionné aux besoins réels. En 2010, la norme ISO 26000 a tracé les contours de la Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) qui incite les acteurs économiques à prendre en considération les conséquences humaines et environnementales de leurs décisions. En 1995, quelques années après le reportage, l’entreprise Verniers a été rachetée par le groupe Diana Food, qui y produit des arômes et colorants naturels. 3/ La mairie de Cossé-le-Vivien est en charge du bon fonctionnement de la station d’épuration municipale, qui doit notamment traiter les eaux usées que l’usine Verniers ne parvient pas à épurer. Le maire, interrogé dans l’extrait vidéo, apparaît embarrassé de la situation. S’il admet quelques dysfonctionnements, il déclare que la station municipale, dans l’ensemble, fournit de bons résultats. Surtout, faute de moyens financiers suffisants, le fontenier et les services municipaux ne peuvent engager les investissements nécessaires et sont contraints à trouver des solutions palliatives. Le président de MNE tient un discours assez divergent. Selon lui, les manquements de la station d’épuration datent déjà d’une quinzaine d’années. Plus encore, il affirme que des aides existent, via l’agence de l’eau. 4/ Placées sous double tutelle des ministères de l’Environnement et des Finances, les agences de bassin fournissent aux élus et aux usagers les informations nécessaires et concourent à protéger les ressources contre la pollution et le gaspillage. Le bassin Loire-Bretagne couvre une zone qui s’étend du Finistère jusqu’à la Haute-Loire, il a son siège à Orléans. Dans les années qui ont suivi le reportage, les missions des bassins ont été structurées par la loi sur l’eau de 1992 et la directive cadre européenne sur l’eau de 2000. Plus récemment, la loi Grenelle II de 2010 a confirmé l'importance des « réservoirs de biodiversité».
Le caractère technique du sujet ressort dans le reportage, qui emploie un vocabulaire parfois spécialisé. Un étiage, par exemple, désigne le niveau minimal des eaux d'un cours d'eau. C’est une période de fragilité des écosystèmes, car les déchets s’y trouvent plus concentrés. Le lagunage, envisagé par la mairie de Cossé, consiste à aménager des marais artificiels ou, pour dire autrement, des bassins peu profonds et successifs, dans lesquels on fait transiter l’eau pour la traiter avant de la rejeter dans la rivière. En 2012 la mairie de Cossé a mis en service sa nouvelle station d’épuration, tandis que Diana Food a investi pour moderniser son équipement en 2016 et 2017. Ces travaux ont permis de faire face à des besoins en hausse et de lutter contre le processus même de pollution, bien décrit dans la vidéo : ce ne sont pas les déchets végétaux en soi qui ont entraîné la mort des poissons, mais l’absorption de l’oxygène par la décomposition de ces déchets, qui a appauvri l’eau et asphyxié les poissons. Pourtant, la Mayenne est fortement attachée à la qualité de vie qu’elle offre à ses habitants et à ses touristes, notamment dans le sud-ouest du département que le président de MNE décrit comme : « le pays de Robert Tatin ».
Bibliographie
Sur les activités cidricoles en Mayenne
- Albert de Sars, Commentaire des lois nouvelles relatives aux bouilleurs de cru : conseils aux cultivateurs qui veulent distiller leurs produits, Château-Gontier, Leclerc, 1904, 15 p. [Arch. dép. Mayenne, mf 383].
- Ministère de l'Agriculture, Les vergers des Pays de la Loire, s.l., s.n., 1966, 170 p. [Arch. dép. Mayenne, ab 195].
- Le verger cidricole en Mayenne, s.l., DDA Éditeur, 1973 [Arch. dép. Mayenne, ac 1387].
- Bertrand Bouflet, « Musée du cidre : le musée distille son savoir », Maine-Découvertes, 1995, n° 4, p. 34-35 [Arch. dép. Mayenne, bc 170-1995-4].
Sur la responsabilité environnementale des entreprises
- Arch. dép. Mayenne, 1595 W 1 à 256 : Direction de la Réglementation et des libertés publiques > Bureau de l'environnement et du cadre de vie > Installations classées, dossiers individuels de demande d'autorisation, classés par commune et par établissement (1917-2003). Voir aussi les fonds 1960 W 1 à 223 (2005-2008) ; 1502 W 1 à 286 : inspections (1986-1995), environnement et protection de la nature (1974-1989), chasse et pêche (1913-1996) ; 1361 W 1 à 258 : inspections (1922-1985), environnement et protection de la nature (1953-1989).
- « Qu’est-ce que la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) ? », Bercy Infos, 26 octobre 2021 [https://www.economie.gouv.fr/entreprises/responsabilite-societale-entreprises-rse].
Sur la distillerie Vernier
- « Agroalimentaire. Diana Naturals transforme fruits et légumes », Ouest-France, 19 février 2017 [https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/cosse-le-vivien-53230/cosse-le-vivien-diana-naturals-transforme-fruits-et-legumes-4810954].
Sur la station d’épuration de Cossé-le-Vivien
- « La station d’épuration officiellement inaugurée », Ouest-France, 8 avril 2013 [https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/laval-53000/la-station-depuration-officiellement-inauguree-1019774].
Transcription
(Cliquez sur le texte pour positionner la vidéo)
Michel Serpin
Oudon.Ce n’est pas une interrogation en patois sarthois mais le nom d’une rivière dont la pollution préoccupe de plus en plus l’association Mayenne Nature Environnement.Début septembre, une tonne de poissons sont morts asphyxiés entre Cossé et Craon.L’association met en cause la distillerie Vernier et la station d’épuration de Cossé.Pour protester, Mayenne Nature Environnement a organisé une manifestation le week-end dernier et compte porter l’affaire devant les tribunaux.
Nathalie Marcault
Si la pollution de l’Oudon n’est pas récente, jamais elle n’avait produit une telle hécatombe.Une tonne de poissons échoués sur 4 kilomètres de rives.Au banc des accusés, la distillerie Vernier qui rejette dans l’Oudon des déchets de végétaux.Ces matières ne sont pas toxiques en elles-mêmes mais elles consomment l’oxygène de la rivière et par conséquent l’asphyxient.D’ordinaire, ces déchets sont traités dans la station d’épuration de la distillerie avant de s’écouler dans l’Oudon mais le jour de l’accident, plusieurs facteurs se sont conjugués pour amplifier les dégâts.A l’origine, une fuite.La station trop petite a du mal à faire face au volume des déchets et ce jour-là, une partie s’est déversée directement dans la rivière.Deuxième facteur aggravant, la fuite s’est produite en période d’étiage.Autre cause de pollution, la station d’épuration de la ville elle aussi saturée.2 stations trop petites, 2 sources de pollution.La solution passe par leur extension.Celle de la distillerie est à l’étude, celle de la ville, trop coûteuse, n’est pas encore en projet.En attendant, on essaie de limiter les dégâts.
Henri Leroyer
Avec les fontainiers et puis les employés communaux, nous avons étudié un peu le problème.Evidemment, la station de Cossé-le-Vivien n’est pas neuve mais en principe, elle fonctionne bien.Elle est peut-être un peu surchargée mais…
Nathalie Marcault
Alors pour éviter cette surcharge, qu’est-ce qu’on peut faire ?
Henri Leroyer
Et bien, la commune avait eu un petit projet de lagunage dans une partie de la commune.Ce n’est pas encore accepté.
Nathalie Marcault
La municipalité diffère les travaux, faute d’argent, la distillerie recherche une technique d’épuration efficace.L’association Mayenne Nature Environnement quant à elle, veut croire à la bonne volonté des pollueurs.
Daniel Landemaine
Ben il faut souhaiter qu’il y ait de la bonne volonté dans cette affaire dans la mesure où quand même, c’est très très grave puisque donc, en ce qui concerne les établissements Vernier, ça fait 2 ans déjà qu’il y a des problèmes.En ce qui concerne d’autre part la station d’épuration de Cossé-le-Vivien, ça fait donc depuis 1972 que ça fonctionne très mal et ça fonctionne très mal dans la mesure où il y a à peu près 40 % donc des déchets qui arrivent à la station d’épuration qui sont en fait rejetés directement dans l’Oudon.Il faut savoir aussi qu’il y a des subventions, des avances sur prêts au niveau de l’agence de Bassin Loire-Bretagne.Donc je crois qu’il y a des opportunités à saisir et que la commune de Cossé-le-Vivien doit prendre ses responsabilités pour éviter que donc l’Oudon devienne un égout et que le pays de Robert Tatin devienne synonyme de purin.Donc je crois que de ce côté-là, il faut fait quelque chose.
(Musique)
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