La Citadelle Vauban
01 janvier 1673
07m 04s
Réf. 00033
Notice
Résumé :
Visite de la citadelle de Lille, construite par Vauban entre 1668 et 1671 et qu’il baptisa "la Reine des Citadelles". Aujourd’hui celle-ci abrite le 43e RI. Le chef de corps Laurent Louze présente les reliques du lieu dont les clefs de la citadelle transmise à chaque prise de commandement.
Date de diffusion :
09 juin 2007
Source :
France 3
(Collection:
Le Mag Nord Pas de Calais Picardie
)
Personnalité(s) :
Thèmes :
Lieux :
Éclairage
On l'appelle "La Reine des citadelles". Le 24 avril 1669, Vauban, gouverneur de la Citadelle depuis le 3 juin 1668, écrivait à Louvois, secrétaire d’État de la Guerre, à propos de son chef-d’œuvre : "Je prétends vous faire tomber d’accord avant votre départ que ce sera ici la Reine des Citadelles, à la prendre de toutes les manières".
Lille est prise aux Espagnols en août 1667 et Louis XIV ordonne aussitôt la construction d'une forteresse. Sébastien Le Prestre, marquis de Vauban, ingénieur et architecte militaire, propose un projet et, dès décembre 1667, les travaux de terrassement commencent sous sa direction, assisté du maître maçon lillois Simon Vollant. À peine trois ans plus tard, la citadelle est presque achevée et accueille sa première garnison. Pour mener son projet à bien, Vauban a réquisitionné main-d’œuvre et matériaux : jusqu’à 2000 hommes travailleront à la mise en œuvre des 60 millions de briques, 3,3 millions de parpaings et 60 000 pieds de grès nécessaires à la construction. Dans les carrières de Lezennes, des milliers de prisonniers de guerre et des paysans réquisitionnés doivent extraire 2000 parpaings de craie par jour. Afin de faciliter leur acheminement et réduire les coûts de transport, un canal a été creusé de la Haute-Deûle jusqu’à la citadelle. La citadelle de Lille est le premier grand ouvrage fortifié de Vauban, suivi du "Pré Carré" établi sur la frontière de la Flandre, composé d'une double ligne de places fortes entre Gravelines, Dunkerque et Rocroi (Maubeuge), en tout 28 villes fortifiées.
Vauban reprend le principe de la fortification bastionnée, développée au XVIe siècle par les ingénieurs italiens après que les progrès de l’artillerie aient rendu inefficaces les anciennes fortifications. Les murs s’abaissent et gagnent en épaisseur. Pour absorber le choc des boulets métalliques, 20 mètres de terre sont disposés derrière un parement de pierre et de brique. Les tours perdent leur toit et se transforment en bastions, vastes plates-formes pour les canons. Au-delà de l’enceinte de la citadelle, Vauban déploie une défense échelonnée composée de fossés, de tenailles, de demi-lunes et de chemins couverts qui maintiennent l’ennemi à distance. Disposés aux angles saillants de la place forte, chaque bastion assure le flanquement du bastion adjacent et de la courtine voisine, tout en maintenant l’ennemi à distance. Leur forme pentagonale permet d’éliminer tout angle mort. À leur sommet, une plate-forme recevait des canons. Plus tardives (1730-1750), les contre-gardes adoptent une forme en équerre. Placée dans le fossé devant un bastion, elle le protège tout en doublant la ligne de feu, en même temps qu’elle interdit aux ennemis de franchir le grand fossé.
En ingénieur avisé, Vauban sait toutefois qu’aucune place n’est imprenable. En multipliant les obstacles, il espère ralentir l’avancée de l’ennemi, permettant ainsi au défenseur de se réorganiser. L’ouvrage devait résister 40 jours. Elle a rempli sa fonction de résistance au cours de l’histoire de Lille (siège de 1708).
Les bâtiments de la citadelle se déploient autour d’une place d’armes pentagonale : arsenal, chapelle, hôtel du gouverneur, casernes des soldats et pavillons des officiers présentent une architecture soignée. Artisan de la gloire du roi Soleil, Vauban connaissait l’importance symbolique des portes. Tournée vers la ville, la porte Royale est naturellement la plus ornée : sa composition est un hymne à la gloire de Louis XIV, transposition classique des arcs de triomphe romains. À son sommet, le Soleil royal écarte les nuages, au-dessus d’un important décor composé de trophées et d’armures militaires, augmenté en 1816 des armes et de la couronne de France.
Dans les archives départementales, on retrouve la présence de d’Artagnan, qui se retrouve gouverneur militaire de Lille d’avril à décembre 1672
Ses fortifications vont façonner la ville. Un nouveau quartier va se créer autour de la rue Royale.
Après des années de tractations, le déclassement des fortifications de Lille est prononcé en 1919. Entre-deux-guerres, le démantèlement de l’enceinte urbaine libère 368 hectares de terrain aux portes de la ville, tandis que la citadelle demeure un site militaire. Depuis 1871 elle abrite le 43e RI, et, depuis octobre 2005, l’état-major du Corps de Réaction Rapide de l’OTAN (QG CRR-Fr).
La Citadelle a été classée monument historique en 1934. Depuis 1670, la vocation militaire du site assure à la "Reine des citadelles" un entretien régulier par les services de l’État, lui permettant d’être aujourd’hui l’une des œuvres de Vauban les mieux conservées. Les ouvrages extérieurs, cédés à la Ville en 1960 et transformés en lieu d’agrément, nécessitent aujourd’hui un vaste programme de restauration. Ses abords abritent maintenant le plus grand parc de la ville labellisé "espace vert écologique"en octobre 2007.
Lille est prise aux Espagnols en août 1667 et Louis XIV ordonne aussitôt la construction d'une forteresse. Sébastien Le Prestre, marquis de Vauban, ingénieur et architecte militaire, propose un projet et, dès décembre 1667, les travaux de terrassement commencent sous sa direction, assisté du maître maçon lillois Simon Vollant. À peine trois ans plus tard, la citadelle est presque achevée et accueille sa première garnison. Pour mener son projet à bien, Vauban a réquisitionné main-d’œuvre et matériaux : jusqu’à 2000 hommes travailleront à la mise en œuvre des 60 millions de briques, 3,3 millions de parpaings et 60 000 pieds de grès nécessaires à la construction. Dans les carrières de Lezennes, des milliers de prisonniers de guerre et des paysans réquisitionnés doivent extraire 2000 parpaings de craie par jour. Afin de faciliter leur acheminement et réduire les coûts de transport, un canal a été creusé de la Haute-Deûle jusqu’à la citadelle. La citadelle de Lille est le premier grand ouvrage fortifié de Vauban, suivi du "Pré Carré" établi sur la frontière de la Flandre, composé d'une double ligne de places fortes entre Gravelines, Dunkerque et Rocroi (Maubeuge), en tout 28 villes fortifiées.
Vauban reprend le principe de la fortification bastionnée, développée au XVIe siècle par les ingénieurs italiens après que les progrès de l’artillerie aient rendu inefficaces les anciennes fortifications. Les murs s’abaissent et gagnent en épaisseur. Pour absorber le choc des boulets métalliques, 20 mètres de terre sont disposés derrière un parement de pierre et de brique. Les tours perdent leur toit et se transforment en bastions, vastes plates-formes pour les canons. Au-delà de l’enceinte de la citadelle, Vauban déploie une défense échelonnée composée de fossés, de tenailles, de demi-lunes et de chemins couverts qui maintiennent l’ennemi à distance. Disposés aux angles saillants de la place forte, chaque bastion assure le flanquement du bastion adjacent et de la courtine voisine, tout en maintenant l’ennemi à distance. Leur forme pentagonale permet d’éliminer tout angle mort. À leur sommet, une plate-forme recevait des canons. Plus tardives (1730-1750), les contre-gardes adoptent une forme en équerre. Placée dans le fossé devant un bastion, elle le protège tout en doublant la ligne de feu, en même temps qu’elle interdit aux ennemis de franchir le grand fossé.
En ingénieur avisé, Vauban sait toutefois qu’aucune place n’est imprenable. En multipliant les obstacles, il espère ralentir l’avancée de l’ennemi, permettant ainsi au défenseur de se réorganiser. L’ouvrage devait résister 40 jours. Elle a rempli sa fonction de résistance au cours de l’histoire de Lille (siège de 1708).
Les bâtiments de la citadelle se déploient autour d’une place d’armes pentagonale : arsenal, chapelle, hôtel du gouverneur, casernes des soldats et pavillons des officiers présentent une architecture soignée. Artisan de la gloire du roi Soleil, Vauban connaissait l’importance symbolique des portes. Tournée vers la ville, la porte Royale est naturellement la plus ornée : sa composition est un hymne à la gloire de Louis XIV, transposition classique des arcs de triomphe romains. À son sommet, le Soleil royal écarte les nuages, au-dessus d’un important décor composé de trophées et d’armures militaires, augmenté en 1816 des armes et de la couronne de France.
Dans les archives départementales, on retrouve la présence de d’Artagnan, qui se retrouve gouverneur militaire de Lille d’avril à décembre 1672
Ses fortifications vont façonner la ville. Un nouveau quartier va se créer autour de la rue Royale.
Après des années de tractations, le déclassement des fortifications de Lille est prononcé en 1919. Entre-deux-guerres, le démantèlement de l’enceinte urbaine libère 368 hectares de terrain aux portes de la ville, tandis que la citadelle demeure un site militaire. Depuis 1871 elle abrite le 43e RI, et, depuis octobre 2005, l’état-major du Corps de Réaction Rapide de l’OTAN (QG CRR-Fr).
La Citadelle a été classée monument historique en 1934. Depuis 1670, la vocation militaire du site assure à la "Reine des citadelles" un entretien régulier par les services de l’État, lui permettant d’être aujourd’hui l’une des œuvres de Vauban les mieux conservées. Les ouvrages extérieurs, cédés à la Ville en 1960 et transformés en lieu d’agrément, nécessitent aujourd’hui un vaste programme de restauration. Ses abords abritent maintenant le plus grand parc de la ville labellisé "espace vert écologique"en octobre 2007.
Martine Aubry
Transcription
Présentateur
La France célèbre cette année le tricentenaire de la mort de Vauban. Et l’un des plus beaux vestiges du génie de cet ingénieur militaire qui fortifia la France se trouve à Lille. La citadelle de la capitale du nord est la première construite par Vauban entre 1668 et 1671. Il la baptisa même la reine des citadelles. Lieu de bien des batailles, de nombreux sièges, comme le témoin de milliers de petits moments de vie, la citadelle est au cœur de la ville de Lille. La Reine de pierre, c’est un reportage de Caroline Arnold et Jean-Christophe [Ragzi].Journaliste
Il est devenu au fil du temps un lieu de promenade privilégié et le poumon vert de la ville de Lille. Chaque jour, le parc de la citadelle accueille des centaines d’habitants, mais bien peu sont ceux qui en connaissent les secrets, à commencer par l’activité incessante qui anime son cœur depuis plus de trois siècles.(Musique)
Journaliste
Car jamais depuis l’édification de ce vaisseau de pierre, l’armée ne l’a quitté. Des mousquetaires du roi au 43ème régiment d’infanterie, des générations de soldats s’y sont succédées.(Musique)
Patrice Chaussoy
Disons que c’est symbolique. Déjà c’est quelque part l’emblème de notre régiment. Et quand vous parlez à n’importe quel Lillois ou à n’importe quel nordiste du 43e RI, il va vous parler de la citadelle et vous dire que c’est le 43e qui est dedans.Journaliste
Depuis 1873, depuis qu’il y a installé ses quartiers, le destin du 43ème régiment d’infanterie se confond en effet avec celui de la citadelle. Et même si aujourd’hui le régiment n’y stationne plus que quelques hommes, il reste le dépositaire privilégié de son glorieux passé. C’est un peu l’histoire de la citadelle qu’on trouve dans cette armoire ?Laurent Louze
Ah ben, il y a le buste du marquis de Vauban effectivement qui prend une place importante dans le bureau du chef de corps ; puisque nous sommes un des gardiens de la citadelle qu’il a lui-même bâtie. Et effectivement, on a les clés de la citadelle, que de chef de corps en chef de corps, depuis un certain nombre d’années déjà, nous nous transmettons cette clé donc à chaque prise de commandement.Journaliste
Vauban, les mousquetaires, Louis XIV, entre ces murs flotte toujours un air de XVIIe siècle. Des monumentales portes d’accès ornées de fleurs de lys et d’astres radieux aux détails architecturaux, tout chante la gloire du roi soleil. Mais à l’époque de sa création en 1667, la citadelle répond surtout à un besoin stratégique.Yves Roumégoux
Elle a été décidée par le roi effectivement, dès la prise de Lille en 1667. Dès décembre 67, on commence effectivement à poser les fondations de la citadelle et elle va être construite en moins de trois ans. Ce qui a été un exploit effectivement, parce qu’on a quand même un ouvrage qui se déploie sur près de 25 hectares. Donc, c’est quelque chose de tout à fait considérable.François Vergin
Alors que la ville à l’époque n’est qu’une possession officiellement temporaire. Il va tout de suite engager donc une démarche extrêmement importante pour imposer la présence française.Journaliste
Et face à la menace espagnole, le marquis de Vauban va démontrer tout son génie. A travers la citadelle de Lille, la première et peut-être la plus aboutie de ses réalisations, il crée un système de fortification jamais vu jusque-là ; où pas un mur ne peut être approché par l’ennemi sans que celui-ci ne se trouve sous le feu d’un mur voisin.Yves Roumégoux
Il faut savoir qu’à l’époque, Vauban ne concevait pas une place forte comme imprenable. Il quantifiait de manière très précise effectivement, le nombre de jours pendant lesquels effectivement un ouvrage devait résister. Donc, il avait estimé notamment pour la citadelle de Lille que l’ouvrage devait résister 40 jours.Journaliste
Pour prévoir un éventuel siège, s’organise donc à l’abri des remparts, une vraie petite ville flamande avec son moulin, sa brasserie, sa boulangerie et ses héros, ou du moins ses grands noms. C’est un document précieux que vous avez là ?Jean-Pierre Minel
Très précieux, c’est la nomination, la désignation de d’Artagnan de son vrai nom, Charles de Batz de Castelmore d’Artagnan en tant que gouverneur de Lille en date du 6 avril 1672.Journaliste
D’Artagnan a été gouverneur de Lille ?Jean-Pierre Minel
Oui, lieutenant-capitaine des mousquetaires du roi.Journaliste
Donc, il était situé à la citadelle, c’est ça ?Jean-Pierre Minel
Oui, c’est ça.Journaliste
Mais aujourd’hui, loin est le temps des héros de légende. Le contexte géopolitique a changé et les ennemis d’hier sont devenus des alliés. Depuis octobre 2005 et l’installation d’un commandement de l’Otan, certains ont même pris leur quartier dans la citadelle. Espagnols, Autrichiens, Américains, 14 nations y sont constamment représentées.Mathew Morris
L’histoire de ces lieux est exceptionnelle. Travailler dans des bâtiments qui ont été construits peut-être avant même la création de mon propre pays est quelque chose d’incroyable. Je connais un peu celui qui l’a construit, car Vauban, je crois, a beaucoup influencé même aux Etats-Unis. J’ai travaillé dans un endroit appelé Fort Monroe. Et Fort Monroe ressemble beaucoup à cette citadelle. La forme des fortifications est très similaire.Journaliste
Mais si Vauban va sans conteste influencer nombre d’ingénieurs militaires, ses fortifications vont aussi façonner bien des villes. A Lille, il crée ainsi de toute pièce autour de la rue royale, un nouveau quartier à la française, comme pour imposer un sentiment d’appartenance à la couronne, qui ne naîtra que bien plus tard, grâce encore une fois à la citadelle.François Vergin
Elle ne sera prise qu’une fois en 1708 et elle a parfaitement rempli, en effet, cette mission, parce qu’elle résiste longtemps, elle résiste efficacement. Et puis finalement, cette résistance acharnée va ensuite, de la part de l’ennemi, peut-être créer un sentiment de revanche, d’une certaine manière, qu’il exerce sur la population lilloise. Et lorsque celle-ci retrouve la France en 1713 à la signature du traité d'Utrecht, eh bien, les Lillois se considèrent définitivement Français.Journaliste
Mais aujourd’hui, que reste-t-il de cet héritage ? Avant tout, l’un des témoignages les mieux préservés de l’œuvre de Vauban, et désormais avec l’arrivée du corps de l’Otan, le symbole du rayonnement international de la ville de Lille, celle que Vauban appelait la reine de ses citadelles s’est désormais totalement ouverte aux évolutions.François Vergin
Moi je suis convaincu qu’il aurait été très heureux finalement déjà d’une première chose qui est que ce bâtiment monte en puissance. Et aujourd’hui souvent, les militaires de carrière a fortiori en Europe, se veulent avant tout des gens qui peuvent garantir la paix autant que possible. Et je pense que ce double aspect aurait certainement beaucoup plu à Vauban et surtout dans ces lieux.(Silence)