Des éleveurs du "Canari club d'Hénin-Liétard"

14 novembre 1965
02m 03s
Réf. 00042

Notice

Résumé :

Membre du "Canari club d'Hénin-Liétard" (aujourd'hui Hénin-Beaumont), Monsieur Blois parle de la passion du mineur pour l'élevage des canaris. Ces oiseaux étaient utilisés dans la mine pour découvrir le grisou. Son élevage nécessite peu de place et convient à l'habitat du mineur. Son intérêt à cette passion : la beauté des oiseaux et le coût faible de l'élevage. Monsieur Reade, lui, élève des canaris et des oiseaux exotiques pour les concours.

Type de média :
Date de diffusion :
14 novembre 1965
Source :

Éclairage

Perpétuant dans une longue tradition (une première société de "pinsonniers" est fondée à Hazebrouck en 1757), la sérinophilie (élevage d'oiseaux et concours de chants) est une activité très répandue dans le Nord de la France et en Belgique, dès la fin du XIXe siècle. Pinsons, canaris et serins étaient alors préparés au chant par des "cloutiers" (qui les aveuglent au moyen d'un fil de fer rougi au feu, l'oiseau aveuglé produisant un plus beau chant), entraînés par leurs propriétaires en vue de concours de chant dotés de prix. Ces pratiques ont été interdites en France et les concours restent encadrés par l'Union Ornithologique de France (UOF) depuis 1946 ou la Fédération Française d'Ornithologie (FFO) depuis 1955.

Si cette activité est en forte diminution à la fin des années soixante, l'élevage d'oiseaux, pinsons, mais aussi comme on le voit ici, oiseaux exotiques, demeure présente en pays minier, s'inscrivant dans la palette de ces "loisirs ordinaires" (peinture, jardinage, bricolage) que le mineur peut pratiquer chez lui, à moindre coût. Naguère utilisés dans les puits de mine pour détecter non pas le grisou, gaz inodore, mais le monoxyde de carbone, autre danger de la mine, les canaris sont ici élevés à des fins de concours, organisés de novembre à février dans les arrière-salles des cafés. Ils viennent s'ajouter à un "bestiaire" animalier déjà riche des pigeons (colombophilie), combats de coqs (gallomachie), courses de chiens-ratiers, concours de décapitation d'oies ou de canards qui s'inscrivent depuis le XVIIIe dans la géographie du pays minier.

L'attrait pour l'élevage des canaris se justifie par plusieurs raisons. Tout d'abord, la proximité de la Belgique où sont organisés de nombreux concours de canaris. Moins connus du grand public, contrairement au concours de lâchers de pigeons, les concours de canaris sont très prisés par les Belges qui, comme pour la colombophilie, exporte cette pratique lors des immigrations du XIXe siècle. Ensuite, les mineurs s'intéressent aux canaris pour leur beauté notamment celle des oiseaux exotiques qui disposent d'une variété de couleurs peu courante dans le paysage minier. Enfin, la petitesse des parcelles des logements en cité minière ne permettant pas toujours la construction d'un pigeonnier à l'extérieur, conduits les mineurs à préférer les canaris aux pigeons. En effet, les canaris ne demandent pas beaucoup de place. Quelques cages ou une petite volière suffissent. De plus, contrairement aux pigeons, les frais d'alimentation des canaris sont peu importants, le prix des graines étant peu élevés.

Olivier Chovaux

Transcription

Intervenant 1
De l'isabelle, déjà la dégénérescence de bronzé en partie…
Intervenant 2
C’est un, l'isabelle à défaut de couvée, ça !
Intervenant 1
Ben oui. c'est un phénomène, c’est un phénomène…
Intervenant 3
Dailleurs, on l'observe bien dans les hybrides, dans les hybrides, on le voit !
Intervenant 4
C’est rare qu’on les obtient. A moins que celui qui part sur l’isabelle rouge]
Journaliste
Monsieur Blois, vous présidez aux destinées du Canari Club Héninois depuis de nombreuses années, depuis sa création. Pour quelles raisons, selon vous, le mineur se passionne-t-il pour l’élevage des canaris ?
Blois
Il y a une raison majeure, c’est que dans le temps, les oiseaux ont servi aux mineurs pour le premier creusement de puits, ils leur servaient, c’est un auxiliaire du mineur pour les gaz et le grisou. Mais je crois que ce n’est pas particulièrement cette raison là, c’est plutôt la proximité de la Belgique qui incite les mineurs à avoir des canaris, parce que la Belgique est un pays où les concours de canaris sont très élevés. Maintenant, il y a une autre raison aussi, c’est que du fait qu’on a des tas nouvelles [inaudible] chez les canaris, la beauté des oiseaux, le rouge, le saumon, tout ça incite le mineur à avoir des oiseaux. Et il y a une raison aussi, c’est du fait que étant logé dans des cités où l’espace est très restreint, l’élevage du canari ne nécessite pas beaucoup de place, quelques cages, une petite volière à la rigueur et…
Journaliste
Et est-ce que cela ne nécessite pas beaucoup de frais ?
Blois
Pas tellement, le prix du grain pour les oiseaux n’est pas tellement élevé par rapport à d’autres volailles ou d’autres genres d’élevages.
Journaliste
Monsieur Réhade, vous voici au milieu de tout ce petit monde piaillant, vous faites, je crois, l’élevage des canaris et aussi des exotiques ?
Réhade
Oui Monsieur, j’élève les canaris pour mon plaisir personnel, pour les expositions, pour les concours, et je fais les exotiques par agrément, et pour ma femme en particulier parce qu’elle aime beaucoup les exotiques. L’exotique pour moi, c’est un oiseau qui est, je ne dirais pas pour le chant mieux que le canari. Non, mais pour la couleur, pour les variétés, c’est plus plaisant.